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Inondations de la Somme

LES COMPTES RESTENT À SOLDER

Les restaurateurs et hôteliers de la Somme, touchés par les inondations du printemps dernier, n'ont pas tous fini soit de réparer, soit de mesurer leurs pertes.

Six mois après les inondations qui ont frappé la Somme au printemps dernier, les hôteliers, restaurateurs, et cafetiers, directement sinistrés ou non, n'ont pas soldé les comptes de la catastrophe. Certains n'ont pas encore rouvert leur établissement, d'autres estiment mal leurs pertes, et beaucoup ignorent les dédommagements auxquels ils auront droit.

w A Mareuil-Caubert, Thierry Lemarchand a vu entrer l'eau dans son restaurant, le Colvert, le 29 mars dernier. Le 1er avril, elle envahissait la cuisine lors du dernier service. 5 jours plus tard, la salle était recouverte de 40 cm d'eau, la cave de 1,40 m, et son habitation, derrière le restaurant, de 1,20 m. Il a eu le temps de sauver tout le matériel non fixé, mais le fourneau, l'armoire de congélation, le meuble réfrigéré, les pompes à bière, etc., sont restés dans l'eau pendant 13 semaines. Pour la seule cuisine, il a fallu changer pour 110 000 F (16 700 E) de matériel. Dans l'ensemble de l'établissement, seuls les plafonds n'ont pas bougé, mais les murs ont dû être refaits (hors le gros œuvre), ainsi que le sol, le chauffage, l'électricité, des travaux pris en charge par le propriétaire pour "plus de 500 000 F" (76 200 E), estime Thierry Lemarchand. Il pense rouvrir en décembre, mais aura perdu 8 mois d'exploitation que son assureur devrait couvrir à hauteur de 35 % de la marge brute (sur un chiffre d'affaires de 800 000 F, soit 122 000 E en 2000). A Pont-Rémy, Mme Therasse, qui tient le Continental, est encore trop émue et ne souhaite pas parler. Son café-restaurant a été dévasté par l'eau, et mi-octobre, les travaux de la salle n'étaient pas commencés, les propriétaires s'y refusant "tant qu'ils n'auraient rien touché". Consternée, elle ne peut que répéter : "Faut subir."

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Thierry Lemarchand aura perdu 8 mois d'exploitation.

w A Long, un peu plus à l'est, le problème est encore pire parce que les établissements n'ont pas directement subi les inondations. C'est le cas de la brasserie Au Fil de l'Eau. Alain Van Glabeke, qui tient cet établissement avec son épouse Huguette, y dispose d'une soixantaine de couverts et travaille "principalement du 15 mai au 15 septembre" avec les vacanciers du camping, les pêcheurs des marais, les bus de touristes venant visiter le château, et quelque 180 bateaux de plaisance et pénichettes qui font halte à Long, en particulier à la terrasse qu'il a aménagée le long du fleuve canalisé. Mais cette année, le camping a été déserté ; il n'y pas eu de pêcheurs parce que les étangs étaient dévastés, les bus ne sont pas venus, et toute navigation est interdite "pour au moins 1 ou 2 ans". "Je n'ai pas eu de dégâts, je n'ai pas non plus droit à la perte d'exploitation, m'ont averti les assurances", explique-t-il. Tout au plus peut-il espérer une aide de la chambre de commerce et d'industrie d'Abbeville et de l'Organic. Mais sur 700 000 F de chiffre d'affaires (106 000 E) réalisés en 2000, il pense diminuer "d'au moins 50 %" cette année. Il a cependant gardé sa cuisinière et sa serveuse à plein temps, ne pouvant pas non plus les mettre en chômage technique, sauf "s'il faut fermer la brasserie".

w A Amiens, au Pré Porus, même chose. Ce restaurant est situé au cœur des hortillonnages, des jardins maraîchers bimillénaires accessibles seulement en bateau ou par de petits ponts. Son patron, Richard Benazera, s'est bagarré contre l'eau... et n'a subi aucun dégât. Sauf qu'il s'est retrouvé isolé et dans l'incapacité d'accueillir la moindre clientèle. Et là, même refrain : pas de dégâts, pas de perte d'exploitation. Difficile à entendre quand on se trouve dans un site classé au Patrimoine mondial de l'Unesco et visité chaque année par 60 000 personnes.
Comme bien d'autres, le Pré Porus a rouvert. A Pont-Rémy, Mme Therasse a rouvert le café, pas le restaurant. Au Fil de l'Eau, à Long, est resté ouvert mais sans clients. Et 2002 ne lui amènera pas de plaisanciers, la Somme restant interdite à la navigation. A Mareuil-Caubert, Thierry Lemarchand a hâte de quitter, avec sa femme et ses 3 enfants, le mobile home mis à leur disposition depuis 8 mois et de réintégrer leur maison. Pendant 3 mois, il a touché 1 900 F (290 E) de RMI. Son épouse, salariée du restaurant, a d'abord perçu les Assedic jusqu'à la mi-août. Depuis, plus rien, parce qu'elle est aussi femme de commerçant, et avait une procuration sur le compte en banque de l'entreprise. Depuis août, ils vivent à 5 avec le RMI qu'il touche : 121 F par mois (18 E). Il salue les soutiens reçus des voisins, d'un restaurateur de Vichy (Allier) qui a envoyé un saumon fumé, d'un hôtelier de La Baule (Loire-Atlantique) qui l'a invité "à venir avec femme et enfants". Et s'étonne du silence total des restaurateurs d'Abbeville. Positif, il prépare son retour. Il a prévu pour l'inauguration d'inviter le maire, Guy Dovergne, le sous-préfet, tous les voisins à qui, lors de l'inondation, il avait donné toutes les victuailles "pour ne pas jeter", ainsi que les bons clients. Mais, avoue-t-il, il n'est "pas prêt à revivre deux fois une expérience aussi minante". zzz22v zzz16

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Le Pré Porus n'a subi aucun dégât, mais s'est retrouvé isolé, et donc dans l'incapacité d'accueillir des clients.

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L'Hôtellerie n° 2744 Hebdo 15 Novembre 2001

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