Somme
La chambre de l'hôtellerie de la Somme réfléchit à la création d'un Groupement d'employeurs pour répondre à la raréfaction du personnel.
Jean-Claude Després : "Les jeunes ne peuvent ignorer qu'on pratique les
35 heures dans d'autres professions."
Jean-Claude Després,
président de la chambre professionnelle de l'industrie hôtelière de la Somme et de la
Fédération de Picardie, constate : "Le syndicat ne reçoit aucune demande
d'emploi. Quand un hôtelier cherche un salarié, il ne le trouve pas, et comme
l'activité économique a horreur du vide, les effectifs se remplissent autrement. Et,
bonsoir le travail au noir !" Le département de la Somme, qui compte 2 000
établissements (tout confondu), dont près de 400 sur la côte picarde, dans
l'arrondissement d'Abbeville, n'est pas le seul à souffrir du manque de personnel. Mais
ses instances professionnelles, en collaboration avec la chambre de commerce et
d'industrie d'Abbeville, ont convenu de créer un Groupement d'employeurs pour l'insertion
et la qualification (Geiq hôtellerie). Jean-Claude Després analyse la difficulté : "Le
service et le travail en salle n'attirent plus les jeunes. Même parmi ceux qui quittent
les lycées et centres de formation hôteliers, beaucoup changent d'orientation. Ils sont
très ouverts sur le monde de par leur formation, et aussi très prisés par d'autres
professions."
A l'heure de la réduction du temps de travail, il devient délicat de demander à des
jeunes de travailler le samedi et le dimanche, ou en service le soir. "Les jeunes
ne peuvent ignorer qu'on pratique les 35 heures dans d'autres professions. Résultat, dans
l'hôtellerie et la restauration sur la côte picarde, 1 personne sur 2 est sans
formation."
Répondre aux besoins criants
La CCI a donc lancé une étude sur la faisabilité pour créer Geiq, étude cofinancée
par l'Etat, la région et le département. Le résultat est attendu avant la fin de
l'année pour un démarrage au printemps 2002. "Nous avons limité le périmètre
du groupement à la côte picarde. Cette zone a une activité forte en saison avec la
présence de 'locomotives' comme le village de vacances de Saint-Valéry, la résidence
Pierre & Vacances à Quend-Fort-Mahon, et l'aire autoroutière baie de Somme à
Sailly-Flibeaucourt. Des structures qui ont besoin d'un personnel formé et immédiatement
opérationnel." Les objectifs du Geiq hôtellerie portent sur les métiers de
cuisine, de salle, d'hébergement et sur le "multiservice, car l'hôtellerie a de
plus en plus besoin de bricoleur de génie". Association 1901, le Geiq
rassemblerait l'industrie hôtelière, la chambre de commerce, ainsi que les employeurs
adhérents. Ce groupement sera l'employeur, rémunérant son personnel. Les employés (en
contrat à durée déterminée de 24 mois) travailleront à la demande dans l'un ou
l'autre des établissements, parfois pour plusieurs. Ces services seront ensuite facturés
au prorata par le Geiq. "La profession a toujours fait de gros efforts pour
l'insertion", rappelle Jean-Claude Després, pour qui le Geiq "devrait
aussi permettre de reprendre des gens qualifiés et qui sont partis vers d'autres
professions." Le groupement aura à répondre, en matière de formation, aux "besoins
les plus criants, qui sont les langues étrangères (la clientèle de l'aire autoroutière
baie de Somme est britannique à 60 %), ainsi que le service en salle". La
question du logement du personnel, dans une région touristique où le locatif est rare et
cher, a fortiori en saison, devra également être étudiée.
Un coût incitatif
L'étude, en cours, confiée à un cabinet local, a pour objectif de déterminer le besoin
exact, ainsi que les entreprises prêtes à adhérer au Geiq hôtellerie. "Il
faudrait une quinzaine d'entreprises pour que le projet soit viable, indique
Jean-Claude Després. Cela signifie 15 à 20 emplois." Pour le président
picard, le Geiq hôtellerie devrait rencontrer l'adhésion des professionnels. La formule
d'emplois 'à la carte' leur permet de faire face aux surchauffes d'une activité
saisonnière. Son coût est fortement incitatif puisque le principe général d'un Geiq
entraîne des exonérations de charges, ramenant de "70 à 80 francs (10,6 à 12,2
e) la revente de l'heure à l'entreprise, charges comprises". De leur
côté, les jeunes acquerraient une formation, par un organisme agréé retenu par appel
d'offres, et une expérience diversifiée. Ils seraient également aidés pour résoudre
leurs problèmes matériels : logement ou déplacements. "L'offre de formation
existe en Picardie, souligne Jean-Claude Després. La Somme couvre ses besoins,
l'Aisne fournit le double de sa capacité, et l'Oise, la moitié, mais subit l'attraction
de Paris. En ce moment, même les organismes de formation peinent à trouver des
candidats". Si le Geiq hôtellerie est mis en place, la répartition du personnel
en fonction des besoins devrait être plus aisée. zzz74v
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L'Hôtellerie n° 2744 Hebdo 15 Novembre 2001