Créé en 1996, Lone Star Fund, fonds d'investissements nord-américains, est en train de se faire une jolie place dans l'hôtellerie européenne. Avec la reprise de 24 hôtels économiques Mister Bed (L'Hôtellerie n° 2744), il détient aujourd'hui quelque 3 119 chambres en France. Le point sur la stratégie du fonds avec Bruno Scherrer.
Bruno Scherrer : "Nous achetons de manière à replacer le produit dans un
marché."
L'Hôtellerie :
Pourquoi avoir racheté Mister Bed ?
Bruno Scherrer :
A travers cette acquisition, nous arrivons en France à une taille cohérente puisque nous
atteignons plus de 3 000 chambres. Sur le marché de l'hôtellerie économique, la taille
est essentielle. C'est effectivement un marché qui se gère en masse.
L'Hôtellerie :
Peut-on en déduire que vous entendez encore faire de nouvelles acquisitions prochainement
?
Bruno Scherrer :
Absolument ! Nous sommes d'ailleurs actuellement en négociations et espérons d'ici
quelques semaines aboutir sur de nouveaux dossiers. Nous restons cependant très prudents
car il faut beaucoup de temps pour finaliser les affaires...
L'Hôtellerie :
L'acquisition des hôtels Mister Bed va-t-elle vous conduire à procéder à une
réorganisation de votre pôle économique afin de lui donner une nouvelle cohérence en
matière de gestion, de marque ?
Bruno Scherrer :
Bien sûr ! Mais nous n'avons pas encore ouvert le dossier. Chaque chose en son temps.
Nous venons à peine de terminer les négociations de reprise... Une chose est sûre :
nous opérerons cette réorganisation en phase avec les équipes qui ont géré les
hôtels jusque-là.
L'Hôtellerie :
Vous aviez acquis plusieurs hôtels à Paris, vous les avez revendus à Sol Melia voici 2
ans. Allez-vous adopter la même logique avec vos acquisitions sur le marché de
l'économique ?
Bruno Scherrer :
Absolument. Nous achetons de manière à replacer les produits dans un marché. Une fois
cette cohérence obtenue, des groupes peuvent être d'autant plus facilement intéressés
qu'ils n'ont plus à consacrer de temps en négociations, établissements par
établissements, pour intégrer un marché. L'acquisition prend beaucoup de temps. Il faut
un certain savoir-faire pour y parvenir, c'est ce que nous revendons.
L'Hôtellerie :
Pourquoi alors, n'avez-vous pas déjà revendu le Beau Rivage à Nice ?
Bruno Scherrer :
Parce que le Beau Rivage est un actif qui vit très bien sa vie seul. Il n'a pas besoin de
repositionnement. Il est en revanche exact aujourd'hui que l'établissement arrive à un
stade où il aurait besoin d'investissements. Nous savons toutefois qu'aucune rénovation
ne convient à un acquéreur. Dès la reprise de l'hôtel, il s'empresse en effet de
refaire ce qui vient d'être rénové. C'est la raison pour laquelle nous nous contentons
de maintenir le Beau Rivage en parfait état et restons dans une logique de négociation
opportuniste. D'autant que cet hôtel ne nous pose aucun problème.
L'Hôtellerie :
Outre la France, Lone Star est maintenant présent en Allemagne de manière significative.
Quelle est la différence entre les deux marchés, français et allemand ?
Bruno Scherrer :
De Hambourg à Zurich, (nous avons même fait une incursion en Suisse), nous disposons en
effet aujourd'hui 1 600 chambres sur le segment moyenne gamme. En Allemagne, le marché
est très différent. Il est beaucoup moins bien structuré qu'en France où nous
rencontrons de vrais professionnels de l'hôtellerie. En dehors des grandes villes où
vous trouvez des établissements très haut de gamme, le marché allemand est un marché
très moyenne gamme. Mais le haut de gamme est difficilement rentable dans la mesure où
les prix moyens y sont très bas. Quant aux hôtels économiques, ils sont handicapés par
le niveau très élevé du foncier. Notre logique de développement outre-Rhin a
finalement été de reprendre des biens en difficulté auprès des banques. zzz36v
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L'Hôtellerie n° 2745 Hebdo 22 Novembre 2001