Très tendance
Ferrarelle, l'eau pétillante transalpine, a trouvé un moyen astucieux pour s'autopromouvoir : créer un restaurant éphémère à Paris. Mais plus qu'un restaurant, ce lieu fait figure de laboratoire.
Que ce soit au
niveau de la cuisine, de la décoration, de l'am-biance musicale ou du service, ici tout
est fait pour vous surprendre. L'aventure commence au moment même où vous faites votre
réservation, on vous invite à choisir parmi 3 salles : la play room, la cuisine et la
salle à manger. Puis on vous informe qu'il n'y a que 2 services (20 h 30/22 h 30), que la
ponctualité est de mise et que le ticket est de 300 francs payables à l'avance. Autant
dire que l'on ne fait pas sien ici l'adage "le client est roi"...
Belle surprise tout de même à l'arrivée, car c'est un sublime hôtel particulier en
plein cur du Marais, l'hôtel de Bondeville, qui abrite le restaurant.
Incontestablement, le lieu mérite la visite.
Si votre choix s'est porté sur la play room, attendez-vous à une ambiance néo 70 à
souhait avec de gros fauteuils poufs blancs et une projection de fleurs baba sur les murs.
Ici, on vous propose un menu régressif, les serveurs ne sont plus des serveurs, mais des
coachs (ou nounous) qui vous conseillent selon votre envie des plats énergisants,
euphorisants ou antistress, mais toujours évoquant l'enfance (esquimau de poisson pané,
soupe d'alphabet, cacao cola, etc.). A déguster grâce à des pailles et grosses
cuillères ! Si vous êtes en quête d'une ambiance plus authentique, direction la
cuisine. Mais pas n'importe quelle cuisine car ce sont les Tsé Tsé, les designer
Catherine Levy et Sigolène Prébois, qui ont laissé libre court à leur imagination.
Grande table d'hôte, chaises multicolores et la fameuse guirlande lumineuse, objet
fétiche des Tsé Tsé, que l'on retrouve sous toutes ses formes. Que ce soit en fruits,
légumes, charcuterie, bouteilles Ferrarelle, tout à été enguirlandé. Au programme de
la cuisine, un menu en hommage à la cuisine italienne avec son cortège d'antipasti, de
risotto et de pannetone.
Enfin, troisième et dernière salle pour plonger dans une ambiance très kubrickienne,
période Eyes wide shut. Immense table laquée carmin, lumière tamisée, têtes de
cerfs surgissant d'alcôves en carton noir, et fond sonore signé du grand prêtre de la
musique easy listening, Bertrand Burgalat.
Cher, snob et précieux...
Côté nourriture, hélas, on frise le snobisme et la préciosité, au prix d'un goût
toujours plus prononcé pour l'avant-garde. Là encore, les plats ne sont plus des plats
mais des Gustors, et que vous ayez commandé un Chafouin d'escargots ou un Chevreuil grand
veneur, il vous sera servi dans une sorte de gros boudin doré à découper délicatement
avec des petits ciseaux mis à votre disposition. Follement snob, faute d'être pratique !
En ce qui concerne la clientèle, on remarque qu'elle évolue très logiquement d'une
salle à l'autre, jeune dans la play room, d'âge moyen dans la cuisine et d'un âge
beaucoup plus mûr dans la salle à manger. Mais, au-delà de l'âge, chacune des pièces
remplit son quota de journalistes et d'attachés de presse, parfaitement intégrés au
microcosme habituel de Parisiens branchés aisés en manque de frisson.
J. B. zzz22t
Jusqu'au 15 décembre 2001
Hôtel de Bondeville
4, rue des Haudriettes
75003 Paris
© Christelle Le Déan
La salle à manger mise en espace et maquette conçues par Christelle Le Déan et
Maud Burrus.
Article précédent - Article suivant
Vos commentaires : cliquez sur le Forum des Blogs des Experts
L'Hôtellerie n° 2748 Hebdo 13 Décembre 2001