Si la clientèle américaine s'est faite plus rare, les touristes français et nord-européens ont mis le cap au sud.
Les professionnels régionaux ont finalement connu une bonne arrière-saison. Ce sont les établissements de luxe qui ont rencontré le plus de difficultés.
La crainte des voyages en avion a favorisé le tourisme de proximité.
Après les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis, les professionnels du sud de la France avaient de quoi être inquiets. Troisième clientèle étrangère en nombre de nuitées hôtelières en 2000, les Américains du Nord représentent 13 % des parts de marché dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Ils sont aussi très dépensiers, deux fois plus que les autres touristes étrangers. Sur un an, les achats des touristes américains représentent une manne de 230 Me (1,5 milliard de francs) pour les professionnels de la région. Sur le mois de septembre 2001, les hôteliers de PACA auraient dû accueillir près de 100 000 Américains, mais les annulations de réservations ont été nombreuses. La part de la clientèle américaine, qui augmentait chaque année de 15 %, a diminué de 30 % avec la crise. Et pourtant, le chiffre d'affaires global du tourisme dans la région n'a pas chuté. Par rapport à 2000, les observateurs notent même une légère hausse de 1 % environ. Un constat qui s'explique avant tout par l'attitude de la clientèle française et d'Europe du Nord. Ces touristes ont abandonné des destinations lointaines pour se rabattre sur les plages et l'arrière-pays du sud de la France. Craignant les voyages en avion, ils empruntent en masse le TGV Méditerranée pour venir profiter du climat clément du Sud. Les principaux gagnants sont les départements des Bouches-du-Rhône, du Vaucluse et de la Corse. De son côté, le Var enregistre une stagnation de fréquentation, et les Alpes-Maritimes, une légère baisse. "La fréquentation de nos établissements est en hausse de 6 % par rapport à l'année dernière. C'est énorme. Surtout quand on sait qu'à Paris, Lyon et même Nice, les baisses varient entre 5 et 20 %", expliquait le mois dernier Marc Thépot, président du syndicat des hôtels de chaînes des Bouches-du-Rhône. Les mois à venir s'annoncent également prometteurs, avec de nouvelles réservations et un taux de remplissage 'excellent', notamment pour Marseille. Une valeur-refuge pour les touristes qui viennent découvrir la Provence et les calanques. "Nous n'avons jamais eu autant de touristes étrangers de toutes nationalités en arrière-saison", constate un restaurateur marseillais.
La Corse, destination prisée
Dans le Vaucluse, le mois de septembre a été un bon cru. Les touristes américains
bloqués en France ont rallongé leur séjour et les Européens ont mis le cap au Sud pour
limiter leurs déplacements par avion. Le chiffre d'affaires global est en nette
progression et, dans l'ensemble, les hôteliers sont très optimistes sur la
fréquentation des prochains mois. Ce sont en fait les établissements très haut de gamme
qui ont le plus de difficultés à tirer leur épingle du jeu. Les 4 étoiles ont du mal
à rattraper les baisses de chiffre d'affaires liées à la perte de la clientèle
américaine. "Sur l'hôtellerie de luxe, nous avons réussi à résister grâce
aux courts séjours de proximité et à la clientèle parisienne. Les touristes
nord-européens se réorientent aussi vers notre destination, mais nous sommes encore loin
de compenser la perte des Américains qui sont beaucoup moins nombreux depuis la
catastrophe", souligne Martine Teston, directrice du comité du tourisme du
Vaucluse. Un constat totalement différent en Corse. Jean-Pierre Pinelli, président du
Syndicat des métiers du tourisme et propriétaire de La Villa, le seul 4 étoiles de
Balagne, évoque un 'automne de rêve'. Tous les avions sont pleins et l'hôtellerie
enregistre une hausse de 8 % depuis septembre 2001. "La mentalité des touristes a
changé. Les longues destinations, symbolisant l'exotisme et la découverte, laissent
petit à petit leur place à un nouveau mode de consommation basé sur le calme, la
détente et surtout la sécurité. L'événement du 11 septembre n'a fait qu'accélérer
cette tendance. Heureusement qu'entre-temps, l'image de la Corse, présentée avant comme
la destination la plus dangereuse de Méditerranée, a évolué, et que les touristes la
considèrent de nouveau comme un endroit sûr pour eux", conclut le président. zzz70
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L'Hôtellerie n° 2753 Hebdo 24 Janvier 2002