Un ancien directeur
général des impôts (on taira son nom), par ailleurs chargé d'enseignement dans
l'école de l'élite autoproclamée de la nation, commençait chaque année son cours de
finances publiques par cet aphorisme qui situait le reste de la problématique : "La
fiscalité consiste à plumer la volaille sans la faire crier."
Rendons hommage à cet éminent serviteur de l'Etat pour une lucidité non dénuée d'un
sérieux cynisme.
Mais aujourd'hui que la volaille n'a pratiquement plus de plumes, la souffrance devient
insupportable et l'animal mû par l'énergie du désespoir risque fort de se rebiffer
violemment. Alors, les campagnes électorales, toujours aussi lénifiantes, ont bien sûr
mis du baume sur les plaies à vif de la pression fiscale. C'était promis, tous les
impôts allaient baisser, ou presque, et en premier lieu, c'est évident, la TVA sur la
restauration. On avait 'oublié' que la décision d'une baisse de la TVA ne relève pas de
la compétence exclusivement nationale, mais doit être entérinée par un long et
tatillon processus européen décidé... à l'unanimité des 15 Etats membres. Bref, comme
l'a rappelé la semaine dernière le commissaire européen au Marché intérieur, ce sera,
au mieux, pour début 2004 ! Ce bon Monsieur Bolkestein étant d'autant moins pressé que
son pays, la Hollande, applique à la restauration un taux de TVA de 6 %.
Face à une telle situation, on comprend d'autant mieux la vivacité des réactions des
restaurateurs et de leurs représentants qui ont la désagréable impression d'avoir été
'promenés' avant le dernier scrutin. Or, de deux choses l'une : ou le gouvernement en
place savait très bien ce qu'il faisait, et il a un peu trop 'amusé la galerie', ou bien
les candidats aux plus hautes fonctions gouvernementales ne savaient pas, ce qui relève
d'une incompétence condamnable. En attendant, les restaurateurs n'ont plus qu'à espérer
une improbable accélération de la procédure de réduction demandée officiellement par
le gouvernement français auprès de Bruxelles. Mais la patience a également ses limites
: le cri de la volaille pourrait dépasser les limites de la basse-cour.
L. H. zzz80
P.-S. : Puisqu'il faut rester optimiste, la saison d'été qui débute s'annonce comme une année record en termes de fréquentation de notre douce France, toujours selon d'officielles prévisions.
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L'Hôtellerie n° 2775 Hebdo 27 Juin 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE