Tourisme
Après un mois de juillet en demi-teinte, voire médiocre pour certains départements, les professionnels de l'hôtellerie gardent le moral. D'autant que le mois d'août et l'arrière-saison se présentent sous de bons auspices.
Les vacances sur juillet et août 2001 ont en moyenne duré 11,6 nuitées contre
12,2 en 1998 et 14,4 en 1990.
Une grosse averse, un petit
rayon de soleil, une grosse averse, un petit rayon de soleil... Hormis la Méditerranée,
le soleil joue à cache-cache partout en France en ce début d'été. Ces incertitudes
climatiques (excédent de pluviosité de 10 à 15 % par rapport au climat moyen des 30
dernières années) ont bien sûr influencé le comportement des touristes. Beaucoup
hésitant à aller s'étendre sur les plages de sable blanc. Selon une enquête réalisée
par le Comité régional de tourisme d'Aquitaine auprès des hôteliers et gérants de
campings, 59 % des professionnels estiment d'ailleurs que "le début du mois de
juillet a été mauvais" et 55 % estiment que "la fréquentation a été
inférieure à celle enregistrée à la même période en 2001".
Du côté du Groupe Lucien Barrière, implanté à la fois sur les côtes bretonne,
normande et méditerranéenne, Christian Meunier, directeur général adjoint en charge du
pôle hôtelier, souligne lui aussi le piètre démarrage de la saison estivale. "La
météo a sévèrement sanctionné les bords de mer. Juillet a été médiocre",
avoue-t-il sans détour. Dans le Languedoc-Roussillon, le CRT note pour sa part que 58 %
des hôteliers jugent leur activité en diminution au cours du mois de juillet dernier.
Michel Tschann, président du Syndicat hôtelier de Nice-Côte d'Azur, refuse lui de crier
à la catastrophe. "Il n'y a pas péril en la demeure ! Après une saison 2001
exceptionnelle, nous revenons en réalité à des niveaux de fréquentation équivalents
à ceux de 2000", indique-t-il. Et de poursuivre : "L'hôtellerie haut de
gamme a certes perdu en moyenne 5 % d'occupation en juillet, tandis que la chute s'est
échelonnée entre 2 et 3 % pour les autres catégories. Les prix moyens ont en revanche
bien résisté : 163 euros pour les hôtels de luxe, 98 euros pour les 4 et 3 étoiles, et
77 euros (contre 74 euros en 2001) pour les 2 étoiles."
Effets RTT et 11 septembre
Sur la Croisette, Michel Chevillon, président du Syndicat des hôteliers de Cannes, se
montre également assez optimiste. Sans nier le recul des niveaux de remplissage en
juillet qui oscillent entre - 10 et - 12 % selon les catégories d'hôtels, il considère
que cette baisse est compensée par de bons prix moyens. "En dépit d'une légère
baisse du nombre de clients, 2002 renoue en fait avec la normalité",
surenchérit Jean Rauline, président des Palaces de la Côte d'Azur.
En Ile-de-France, l'Office de tourisme et des congrès de Paris (OTCP) a effectué pour sa
part un sondage prévisionnel assez instructif auprès de 70 établissements hôteliers. "Les
résultats s'avèrent plutôt satisfaisants pour juillet", avec, cependant, un
fléchissement sensible du taux d'occupation de 4 à 6 points (environ 73 %). Pour
PKF Hotelexperts, l'hôtellerie haut de gamme parisienne est d'ailleurs la plus
pénalisée, perdant en moyenne 11,4 % d'occupation à 74,6 %.
Au regard de ces témoignages, une grande majorité d'hébergeurs s'accorde apparemment à
reconnaître que la saison estivale a timidement démarré. De là à conclure que les
coups de colère du ciel expliquent tout, il n'y a qu'un pas que ces derniers ne
franchissent pas. "A l'évidence, l'application de la RTT a aussi entraîné un
changement dans l'attitude des Français vis-à-vis de leurs vacances. Ils consomment
désormais davantage de courts séjours tout au long de l'année au détriment des
départs en été." Malgré une hausse de 4,5 % du chiffre d'affaires de
Campanile sur juillet, Stéphane André, directeur général adjoint en charge des
opérations pour Envergure, considère lui aussi que nos compatriotes ont adopté de
nouvelles habitudes de consommation touristique. "Habitudes dont il va falloir
tirer les enseignements dans l'avenir", précise l'intéressé. Une modification
des comportements ressentie par d'autres professionnels du secteur, qui, en outre,
soulignent la désaffection généralisée de certaines nationalités étrangères. Les
effets du 11 septembre, associés à la mauvaise conjoncture économique, pèsent,
semble-t-il, lourdement sur la fréquentation touristique 2002.
La restauration traditionnelle malmenée |
Si les hôteliers parviennent à tirer leur épingle du jeu, les
restaurateurs français semblent plus touchés par la baisse de la demande. D'ailleurs, rien que sur le mois de juillet, les établissements de la Côte d'Azur évoquent une baisse de 30 % de leur chiffre d'affaires. "En fait, les gens ne s'attablent plus guère pour déjeuner...", constate un professionnel. Manger ne serait-il donc plus l'affaire des Gaulois ? Probablement pas. Mais à l'évidence, le poste alimentation perd de sa teneur dans le budget estival. D'autant plus que les Français multiplient les départs en courts séjours tout au long de l'année. Ajoutons à cela un changement de comportement indéniable dans les horaires de prises de repas. "Mes collègues ont en effet remarqué que les touristes veulent manger aussi bien à 15 heures qu'à 22 heures", raconte François Effling, président national des saisonniers de la CPIH. "Nous n'avons hélas bien souvent pas les équipes nécessaires pour les satisfaire. Il faut nous aider", poursuit-il. A bon entendeur, salut... |
Bonnes perspectives en août et pour l'arrière-saison
"Il y a moins de touristes étrangers, notamment moins d'Américains, de Japonais
et d'Allemands", confie ainsi un hôtelier de la capitale. "L'été 2002
devrait être plutôt bon, mais il est évident que nos établissements hébergent moins
d'Américains et d'Allemands", commente Xavier Olivereau, président des Relais
du Silence.
Avec quelque 4,047 millions de chômeurs, nos voisins d'outre-Rhin ont à l'évidence
d'autres chats à fouetter que d'organiser leurs vacances en France. Idem pour les
Japonais, confrontés à d'importants problèmes économiques. Quant aux Américains, ils
doivent eux aussi supporter la chute du billet vert tout en s'apprêtant à commémorer
les attentats terroristes. Il n'empêche qu'Espagnols, Britanniques, Scandinaves ou bien
encore Russes et Moyen-Orientaux sont, eux, apparemment venus assez nombreux cette année
sur le territoire français. De quoi compenser le démarrage tardif de la saison et de
permettre aux professionnels de garder le moral. D'autant qu'avec l'arrivée massive des
Français en août, les perspectives pour l'été 2002 paraissent finalement dans
l'ensemble positives. "Le mois d'août s'annonce super fort ! Nous enregistrons
beaucoup de réservations, tant au niveau tourisme d'affaires que loisirs pour
l'arrière-saison", déclare Michel Chevillon. "Avec un mois d'août
très prometteur, nous devrions globalement dépasser les résultats 2001",
confie Christian Meunier. "Sur août, nous sommes quasiment au même niveau que
l'an dernier ! Quant au mois de septembre, il devrait être excellent", constate
Michel Tschann.
A Paris, par contre, on fait plutôt la grimace avec un taux d'occupation prévisionnel
(source : OTCP), toutes catégories confondues, de 56 % en août 2002 contre 72 % l'an
passé. Des résultats à pondérer toutefois, sachant que les touristes réservent de
plus en plus à la dernière minute. Surtout lorsque le soleil hésite à pointer son nez
!
C. Cosson zzz20
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L'Hôtellerie n° 2782 Hebdo 15 Août 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE