Le Cheval Blanc à Nîmes (Gard)
De toute évidence, ce lieu séduit les artistes attirés par la restauration. Après 'l'épisode Régine', dont les Nîmois gardent un très mauvais souvenir, les deux acteurs seraient les partenaires financiers de Sophie Rigon, restauratrice nîmoise, sur un projet de 3 Me pour réaménager l'hôtel et créer 2 restaurants. Programme qui sera déposé dans deux semaines sur le bureau du maire de la ville.
"Ce n'est pas de la rigolade ! " Un accent bien relevé et un enthousiasme débordant, Sophie Rigon évoque le nouveau, et peut-être pas dernier, rebondissement dans l'histoire du Cheval Blanc. Face aux célèbres arènes de la Rome française, ce bâtiment a oublié depuis presque 10 ans sa vocation hôtelière. La mémoire pourrait cependant vite lui revenir sous la houlette de cette restauratrice qui, de Canelle, chez Sophie à la Casa bella, a jalonné son parcours professionnel de bonnes réussites commerciales. "Je n'ai jamais caché mon intérêt pour ce lieu où j'ai notamment travaillé avec Régine, mais assurer seule aujourd'hui le financement est impossible. C'est au cours d'une conversation avec Carole Bouquet, une amie de 20 ans, que l'idée de nous associer dans cette aventure est venue. Début août, accompagnées par Jean-Paul Fournier (N.D.L.R. : le nouveau maire de Nîmes), nous avons visité les lieux. La surprise a été plutôt mauvaise. Tout a mal vieilli, les planchers sont foutus, par endroits il pleut dedans, et la décoration imaginée par Wilmotte n'a pas plu du tout à Carole..."
Effacer 'Wilmotte' pour privilégier le charme
Et comme le couple très médiatique serait un solide partenaire financier de
l'opération, il ne veut pas se tromper dans ses choix. "Dans un lieu comme
celui-ci, c'est un véritable hôtel de charme qu'il faut aménager, poursuit Sophie
Rigon. Pas obligatoirement viser le luxe, mais plutôt un caractère qui se
rapprocherait de l'Italie. Nous avons une idée précise de la décoration puisque notre
dossier sera déposé sur le bureau du maire d'ici 15 jours."
Un maire qui a, dans l'histoire, à effectuer lui aussi une partie du chemin vers
l'accord. Car la condition posée par les investisseurs pour l'achat des murs et la
relance de l'activité hôtelière tient au respect des promesses d'aménagement du
secteur : la disparition de la circulation devant le bâtiment et l'aménagement d'une
place à l'italienne, justement, devant les arènes. Un ensemble qui valoriserait le site,
et permettrait d'asseoir Le Cheval Blanc en lieu d'animation culturelle (autour du
cinéma, bien entendu) et branché (les vedettes attirent les vedettes).
Depardieu choisirait l'équipe de cuisine
L'investissement pour une telle opération sera lourd. Il faudra d'abord aligner 1,5 Me
pour l'achat des murs et autant pour l'aménagement et l'équipement. "Nous
transformerons les salons de l'étage en 3 belles suites et nous aurons 27 chambres. Le
restaurant sera également un élément important. Ce sera l'affaire de Gérard Depardieu
qui va chercher auprès de ses amis, de jeunes chefs et seconds issus de grandes maisons
pour imposer une vraie touche gastronomique. Ici, il faut au moins une étoile. Mais nous
aurons aussi au sous-sol un restaurant japonais haut de gamme. Par contre, j'ai déjà
rassuré mes confrères les plus proches, il n'y aura pas de bar."
Si Sophie Rigon pense présenter le seul projet de reprise du lieu, d'autres, moins
médiatiques, seraient pourtant en lice. Qu'importe, transportée par l'euphorie des
devis, du choix du mobilier et des couleurs, elle fonce et évoque même une ouverture
d'ici 4 ans. 3 ans pour que la ville assure sa part du contrat sur le domaine public et 12
mois de plus pour transformer un bâtiment qui a mal vieilli en un séduisant hôtel...
J. Bernard zzz36v zzz22v
Une histoire longue et tourmentée |
L'histoire récente et tourmentée de l'hôtel Le Cheval Blanc a
débuté à la fin des années 80. Jean Bousquet, alors maire de Nîmes, veut offrir à sa
cité un hôtel-restaurant digne d'elle : du luxe dans les chambres, des étoiles sur les
tables. Mais plutôt que d'inciter un investisseur et un grand chef à s'intéresser au
lieu, le patron de Cacharel municipalise le lieu (une acquisition pour plusieurs millions
de francs accompagnée d'un loyer aux anciens propriétaires) et entreprend de
l'aménager. Jean-Michel Wilmotte y développe un concept décoratif qui n'a jamais fait
l'unanimité, pendant que des chefs comme le Lozérien Patrick Pagès dépensaient
beaucoup d'énergie à mettre en place un vrai projet voué d'avance à demeurer dans les
cartons. Car dans le sillage d'une féria qui attire le tout-Paris, Jean Bousquet confie
au bout du compte à Régine le 'bébé' avec ses 26 chambres ouvertes sur les arènes et
divers salons et salles de restaurant. Mais la reine de la nuit se casse les dents sur
l'affaire pendant que les contribuables s'interrogent sur l'intérêt réel de ce gouffre.
En 1993, alors que Thierry Marx a enfin donné du caractère à la cuisine, l'aventure
s'achève par un flop retentissant et la vente, quelques mois plus tard, aux enchères de
tout le matériel... La municipalité d'union de la gauche conduite par Alain Clary aura le mérite de clarifier la situation en concluant l'achat définitif du lieu pour 762 245 e de plus. Pendant ce temps, le lieu a accueilli des services municipaux puis une banque, ou encore les bureaux d'une société en cours d'installation dans l'agglomération nîmoise. La Caisse primaire d'assurance maladie en est actuellement le locataire... |
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L'Hôtellerie n° 2788 Hebdo 26 Septembre 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE