Depuis quelques années, le vote d'une nouvelle loi de finances entraîne systématiquement une modification des règles fiscales applicables en matière de placements. La loi de finances pour 2003 ne déroge pas à cette règle. La gestion de votre patrimoine, déjà compliquée par une conjoncture défavorable, va devoir en plus prendre en compte les changements adoptés par les parlementaires. Le point sur les nouvelles règles du jeu.
L'année 2002 ne
laissera guère de bons souvenirs, ni dans la mémoire des boursicoteurs (34 % de baisse
pour le CAC 40, volatilité extrême des cours, rupture de la confiance entre les
actionnaires et les entreprises), ni dans celle des épargnants plus classiques : baisse
des rendements obligataires, et par contrecoup, de la rentabilité des placements sans
risque. Difficile de pronostiquer dès à présent quel souvenir laissera 2003. On ne peut
pour l'heure qu'indiquer les modifications fiscales et réglementaires adoptées par les
parlementaires lors du vote de la loi de finances pour 2003.
La majorité des nouvelles dispositions répond à la demande de nombreux épargnants,
mais en raison de l'absence de rétroactivité de celles-ci, de nombreux Français se
sentiront certainement frustrés de ne pouvoir en profiter pleinement.
Parmi les bonnes nouvelles en matière d'épargne, on notera tout d'abord celles
concernant les valeurs mobilières. Depuis le 1er janvier 2003, le total des versements en
numéraire autorisé sur un Plan d'épargne en actions (PEA) est porté à 132 000 e
(ancien plafond à 120 000 e). Par conséquent, pour un couple marié soumis à une
imposition commune et titulaire d'un PEA chacun, le plafond des versements passe à 264
000 e. Les épargnants qui avaient atteint l'ancienne limite de versements de 120 000 e
pourront effectuer des versements complémentaires dans la limite de 132 000 e par plan,
à condition, dans le cas de plan ayant plus de 8 ans, qu'aucun retrait n'ait été
effectué depuis l'ouverture de celui-ci.
Toutefois, l'intérêt de cette mesure, qui permet de gérer un portefeuille mobilier plus
conséquent en exonération de toute fiscalité sur les revenus, est tempéré par
l'augmentation de 7 650 e à 15 000 e du montant du seuil de taxation des plus-values de
cession de valeurs mobilières et de droits sociaux.
En effet, dorénavant, il sera possible de céder chaque année au plus 15 000 e de
valeurs mobilières sans devoir acquitter l'impôt sur les plus-values, et par voie de
conséquence, sans être soumis aux prélèvements sociaux. Avantage que n'offre pas un
PEA où, quel que soit le montant effectué de cessions, les plus-values générées sont
soumises aux prélèvements sociaux. Cette année, il sera donc utile de doubler son PEA
d'un portefeuille titres ordinaires pour profiter de ce nouveau plafond de cession,
surtout si, comme on le craint, le taux de la CSG est augmenté de 1 ou 2 points.
Les contribuables relevant de la tranche supérieure de l'impôt sur le revenu vont
également profiter de cet allégement de la fiscalité sur les placements mobiliers
initiés par les sénateurs. En effet, ils vont retrouver en deux temps le bénéfice de
l'abattement de 1 220 e et 2 440 e sur certains revenus mobiliers que leur avait supprimé
la loi de finances pour 2001. Toutefois, le rétablissement de cet abattement est étalé
sur 2 ans. Pour l'imposition des revenus 2002 (déclaration effectuée en 2003), les
contribuables célibataires, divorcés ou veufs, dont le revenu net imposable 2002 excède
47 131 e, ne pourront prétendre qu'à un abattement de 610 e. Ce dernier sera de 1 220 e
pour les couples soumis à une imposition commune, et dont le revenu net imposable 2002
excède 94 262 e. Pour l'imposition des revenus de l'année 2003 et des années suivantes,
l'abattement sera de nouveau appliqué à tous sans restriction en fonction des revenus.
Enfin, les parlementaires ont décidé de porter de 5 à 10 ans le délai pendant lequel
les moins-values subies au titre d'une année lors de la cession de valeurs mobilières
sont imputables sur des plus-values de même nature. Attention toutefois, cette mesure ne
s'applique qu'aux moins-values subies depuis le 1er janvier 2002, les moins-values subies
avant cette date demeurent soumises au délai de 5 ans, ce qui va obliger les épargnants
à 'gérer' avec précision leurs moins-values pour ne pas faire d'erreurs lors de leur
déclaration fiscale.
Une loi Besson encore assouplie
L'autre mesure favorable concerne les investissements locatifs effectués dans le cadre de
la loi Besson, et notamment la possibilité de louer l'appartement acquis à un enfant ou
un parent.
Contrairement à la loi Périssol, le texte initial mettant en place l'amortissement
Besson ne permettait pas de louer le bien acquis à un descendant ou à un ascendant. Une
première brèche a été ouverte dans ce dispositif rigoureux par la loi de finances pour
2002. La location à un enfant ou à un de ses parents est devenue possible après 3 ans
de location respectant les contraintes édictées par la loi, mais les possibilités
d'amortissement sont alors suspendues jusqu'à la relocation à un tiers.
La loi de finances pour 2003 augmente encore les possibilités de location à un parent ou
à un enfant. Elle prévoit en effet d'accorder, aux particuliers qui investissent dans
l'achat d'un logement neuf, le droit de le louer ensuite à un enfant ou à un parent tout
en bénéficiant de l'amortissement fiscal prévu par la loi Besson. Toutefois, cette
mesure n'est pas rétroactive : elle ne s'applique qu'aux logements neufs acquis ou
construits à partir du 9 octobre 2002.
Par conséquent, seuls les investisseurs qui ont acheté ou fait construire un appartement
neuf après le 9 octobre 2002, en vue d'y loger un enfant ou un parent, peuvent tout de
même amortir le bien immobilier au taux de 8 % pendant les 5 premières années, puis de
2,5 % pendant les 10 années suivantes, et reporter les déficits engendrés par cet
amortissement sur ses revenus globaux dans la limite annuelle de 10 700 e.
A noter que cette amélioration fiscale ne concerne pas les propriétaires de logements
anciens qui louent ceux-ci dans le cadre fiscal de la loi Besson. Ils demeurent soumis aux
anciennes dispositions. Toutefois, ils n'ont pas été totalement oubliés par la loi de
finances pour 2003, puisque le taux de la déduction forfaitaire a été relevé de 25 à
40 % à compter de l'imposition des revenus de l'année 2003.
Simplification du régime microfoncier
Sachez enfin que la loi de finances pour 2003 simplifie encore le régime du microfoncier
en réduisant de 5 à 3 ans la durée de validité de l'option pour le régime réel des
revenus fonciers exercée par les contribuables relevant du régime du microfoncier,
c'est-à-dire dont les revenus bruts fonciers n'excèdent pas 15 000 e. Par conséquent,
un contribuable qui, en raison de travaux réalisés dans le logement loué, a demandé à
bénéficier du régime réel pour bénéficier de leur impact sur ses revenus imposables,
et rédigé, par voie de conséquence, une déclaration n° 2 044, pourra, au bout de 3
années, revenir au régime simplifié en cessant tout simplement de déposer une
déclaration n° 2 044, et en incluant ses revenus fonciers dans la déclaration globale
des revenus n° 2 042.
Un perdant, le PEL
Si les précédentes mesures vont réjouir certains épargnants, la suppression du droit
à la prime pour les titulaires d'un Plan d'épargne logement (PEL) qui ne font pas de
demande de crédit à l'issue de la période d'épargne va obliger de nombreux Français
à revoir leurs stratégies d'investissement. En effet, comme nous l'avions de nombreuses
fois signalé, le PEL constituait, dans la conjoncture actuelle, un des meilleurs
placements à 4 ans de son épargne. En effet, la rémunération offerte tant que le
plafond de la prime n'était pas atteint était supérieure aux taux habituels du marché
(4,5 % nets hors prélèvements sociaux pour les PEL ouverts depuis le 1er juillet 2000).
C'est ce constat qui, au fil des années, avait transformé un produit d'aide à
l'acquisition d'un logement en simple placement sans risque. Situation, reconnaissons-le,
un peu anormale que viennent de supprimer les parlementaires, mais sans effet rétroactif
à la grande joie des nombreux 'déjà titulaires' d'un PEL qui conservent leur droit à
prime, même en l'absence de prêt immobilier.
De ce fait, seuls les plans ouverts après le 12 décembre 2002 ne bénéficieront plus
automatiquement de l'octroi de la prime de 1 525 e maximums. Il faudra demander un prêt
pour la percevoir comme c'est déjà le cas pour les comptes d'épargne logement. Sans
prêt, le PEL rapportera 3,27 % (avant prélèvements sociaux) contre 4,5 % s'il est
utilisé pour financer une acquisition immobilière. Une bonne raison pour ne pas
clôturer son vieux PEL qui, c'est le moment de vous le rappeler, peut être conservé
au-delà de 10 ans.
M.-C. Barbier zzz66f
Autres
avantages fiscaux en bref La loi de finances pour 2003 prolonge, jusqu'au 31 décembre 2003, le taux réduit de TVA en cas de travaux (taux de 5,5 %) et reconduit pour 3 nouvelles années le crédit d'impôt pour dépenses de gros équipements et acquisition d'un véhicule non polluant qui devait prendre fin le 31 décembre 2002 (conditions d'application inchangées). Elle augmente par ailleurs le montant des frais funéraires pouvant être déduits d'une succession (1 500 e à compter du 1er janvier 2003), et la franchise sur les donations entre petits-enfants et grands-parents qui passe à 30 000 e à compter du 1er janvier 2002. Reste à savoir comment peut s'appliquer cette seule mesure rétroactive de la loi de finances pour 2003. |
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L'Hôtellerie Restauration n° 2807 Hebdo 6 Février 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE