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CAFÉS

Dans les quartiers de Toulouse

LA LOI DU SILENCE FAIT FERMER CAFÉS ET DISCOTHEQUES

Comment trouver un consensus entre ceux qui veulent légitimement dormir la nuit et qui résident dans les quartiers où sont installés ces mêmes professionnels dont une grosse part de l'activité repose sur l'accueil de clients la nuit : bars, discothèques, terrasses de restaurants ? Le tout sur fonds de polémique, où l'on dénonce à voix basse une politique pseudo moraliste, qui vise à faire de Toulouse une ville propre, et au nom de ce principe, à en faire disparaître toute activité nocturne. Certains cafés dits 'populaires' dénoncent ainsi une réglementation qui empiète sur la convivialité des lieux. Et se fondent pour cela sur une 'mauvaise habitude' prise par Toulouse, qui, bien avant la mise en place du décret du 15 décembre 1998, avait quelque peu anticipé la réglementation. Vigilance administrative ou prévention des nuisances ? Tout exploitant, qui désirait déposer une demande d'autorisation d'exploitation, devait fournir une étude acoustique. Certains porteurs de projet ont préféré au fil des années passer leur route. Mais depuis 2 ans, la pression s'accélère. Et fermetures ou menaces de fermeture se multiplient. Sous la pression de son environnement, le propriétaire du restaurant Une Lune d'Enfer annonce la couleur. "Alors même que nous respectons la réglementation, nous allons devoir fermer nos portes à minuit." Une pétition qui circule dans le quartier du faubourg Bonnefoy serait à l'origine de cette décision. Et ce, malgré des dispositions prises préventivement par l'établissement, qui coupe la musique à 22 heures. "Il est important que les futurs exploitants aient le réflexe, au stade de la faisabilité et au stade des exécutions, d'intégrer dans leur avant-projet le critère acoustique. Il est aussi essentiel de contacter le service communal d'hygiène pour s'assurer qu'il n'y ait pas un historique défavorable avec l'environnement par des dépôts de plainte", assure Christian Lanté, ingénieur-conseil en acoustique du bureau d'études TEC Bruit. De son côté, Philippe, le patron du Café Populaire, rue de la Colombette, a préféré anticiper. A la sortie de l'établissement, les portiers veillent au comportement des consommateurs. Sur la porte de son établissement, une grande affiche prévient : "Pensez au voisinage : ne faites pas de bruit en sortant !" Et depuis quelques mois, l'établissement a freiné le rythme de ses concerts, "pour que les gens dans le quartier voient que l'on fait un effort, je distribue ce petit texte sur des prospectus à mes clients. Je n'ai pas eu directement de plaintes, mais je me méfie", explique Philippe.

"On veut tuer la nuit toulousaine"
A Toulouse, ville réputée pour ses 100 000 étudiants et ses terrasses de cafés, les orchestres sont quelque peu montrés du doigt. Les établissements installés dans les quartiers historiques de la ville doivent responsabiliser leur clientèle. Josselin Kerviel recevait toutes les semaines dans son café Le Filochard des groupes de jazz et de musique café-théâtre de 19 heures à 21 heures. Les services de police ont déjà effectué une visite dans son établissement sur le motif qu'il y avait trop de monde en terrasse et que les voix de la clientèle gênaient. "J'ai pris les devants en espaçant la venue des groupes tous les 15 jours, j'évite les groupes de rock ou avec des batteries. J'ai également fait des travaux d'isolation phonique pour ne pas prêter le flanc à la politique sécuritaire. C'est mon 7e café. Mon établissement est un café populaire, et j'ai le sentiment que, depuis les élections, ils veulent tuer la vie toulousaine !", confie, amer, Josselin Kerviel. Emmanuel Abadie, le patron du Salon Bocal, rue Tripière, habitué des concerts de jazz moderne ou de jazz expérimental, a préféré reconvertir l'espace de la scène pour installer quelques couverts. "On a eu des lettres de la préfecture et la visite des services de police. Du coup, on a arrêté les concerts. Les travaux d'isolation sont des investissements très lourds. On n'avait pas les reins assez solides pour engager des travaux", commente le patron du Salon Bocal. Reste que le problème demeure entier, et les modifications indispensables exigées ont des conséquences financières importantes : réduction de l'amplitude d'ouverture, réduction de l'attractivité, investissement d'insonorisation coûteux... Autant de sacrifices que certains n'hésitent pas à dénoncer comme inutiles : "Le bruit dans la rue sera toujours là, et là nous ne pouvons rien", commente-t-on au Busy Bar. Quelle place consacrera-t-on demain à l'animation au sein des villes ? Quels lieux de rencontre pour les jeunes ? La question est posée. zzz24

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L'Hôtellerie Restauration n° 2808 Hebdo 13 Février 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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