Pollution sur la côte basque
Finalement, la pollution a atteint la côte basque. La menace sera-t-elle durable ? Nul ne le sait, mais face aux messages alarmistes, les professionnels, à l'exception des responsables des centres de thalassothérapie, préfèrent rester confiants. L'activité, toujours relativement faible en début d'année, ne permet pas à ce jour d'évaluer les réelles conséquences de la pollution.
La perspective d'une crise durable n'est cependant pas à écarter avec ses conséquences en termes d'emplois et d'économie. D'autant que l'on se trouve en phase de réservation des vacances d'été et en période de pointe pour les actions de promotion. Pour les établissements de thalassothérapie qui remplissent en temps ordinaire à plus de 80 % leurs centres, les conséquences sont chiffrées : "La clientèle a baissé de 40 % dès le mois de janvier", estime Jean-Claude Barrère, des Thermes marins de Biarritz. "C'est une pollution plus sournoise, plus diffuse que celle de l'Erika", indique pour sa part Jean Forasté, directeur du centre de thalassothérapie Serge Blanco d'Hendaye, et président de l'association Thalasso côte basque, qui rassemble les 5 centres de la côte. "Paradoxalement, notre outil de travail n'est pas atteint. L'eau fait l'objet de contrôles drastiques de la part de l'Etat. Au plus fort de la crise de l'Erika, les centres bretons n'ont jamais fermé", tient-il à souligner. "Nous utilisons un système de filtration naturelle de l'eau de mer à travers une couche de sable d'environ 6 à 8 mètres d'épaisseur. Cette technique, renforcée par l'utilisation d'un filtre à charbon actif, technique couramment utilisée dans la fabrication d'eau potable, garantit à nos clients une eau aux vertus curatives intactes", indique Jean-Claude Barrère.
Un rôle fédérateur du conseil général
Edmond Lamaysouette, représentant les hôteliers de Biarritz, tient à dédramatiser la
situation. "Inutile pour l'instant de céder au pessimisme. Il est encore trop
tôt pour tirer des conclusions sur le succès de la prochaine saison estivale. Depuis
quelques années, les gens font des réservations de plus en plus tardives." Et
quand bien même certains établissements rencontreraient une baisse de fréquentation,
"comment établir ce qui est la conséquence de la pollution et ce qui relève du
contexte international, économique ou tout simplement conjoncturel ? La présence de la
neige en montagne est un élément qui détourne des flux de touristes", poursuit
la responsable de la résidence Maeva Victoria Surf. Edmond Lamaysouette replace ce
phénomène à un même niveau que celui du 11 septembre 2001 ou des élections
prolongées de 2002. "Biarritz possède une offre suffisamment riche pour
surmonter cette crise. Mais, s'insurge-t-il, il est inacceptable de devoir subir ce
que l'on pourrait éviter. Il faut que l'Europe prenne ses responsabilités."
Face à cette situation sans précédent, le conseil général des Pyrénées-Atlantiques
a décidé de jouer un rôle fédérateur auprès des collectivités et des agents
économiques. Son président, Jean-Jacques Lasserre, a demandé que l'Etat octroie des
aides, notamment le report ou l'annulation des charges sociales et fiscales aux
entreprises du secteur touristique touchées par la pollution. "Les entreprises de
la côte basque ont un réel besoin de soutien", estime-t-il. Le département a
également décidé de se porter partie civile et de prendre en charge une assistance
juridique pour la mise en uvre d'une méthodologie d'optimisation d'indemnisation.
De son côté, le comité départemental du tourisme Béarn-Pays basque a défini un plan
d'action. "Les principes directeurs sont une coordination permanente avec les
services du conseil général et la recherche d'une synergie avec les autres opérateurs
du tourisme aquitain (Landes, Gironde et comité régional du tourisme d'Aquitaine)",
explique Gérard Cazalis, directeur du comité départemental du tourisme du Béarn-Pays
basque. Il s'agit de réunir tous les éléments préalables à l'action au niveau des
dispositifs de surveillance, d'anticipation ainsi que de mobilisation des acteurs.
Les organisations professionnelles ont demandé au conseil général une mobilisation des
aides publiques pour une indemnité directe des entreprises sans délai, à l'image du
dispositif mis en place par les communes. Rendez-vous leur a été donné le 18 février
à la préfecture de région à Bordeaux. C'est précisément aux alentours de cette
période que se produit le phénomène des grandes marées qui éloigne ou au contraire
rabat les nappes de fuel sur les côtes. Les spécialistes de la lutte antipollution au
sein du Cedre - le Centre d'étude, de documentation, de recherche, d'expérimentation sur
les pollutions accidentelles des eaux - se veulent rassurants. "Au printemps, tout
ira bien", affirment-ils.
I. Ativissimo zzz70
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L'Hôtellerie Restauration n° 2809 Hebdo 20 Février 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE