du 10 avril 2003 |
DERNIÈRE MINUTE |
Pour son 33e congrès, la Confédération des professionnels indépendants de l'hôtellerie a souhaité donner la parole aux jeunes professionnels. La centrale a également annoncé la création d'une formation pour les chefs d'entreprise du secteur. Entre optimisme et va-t-en-guerre.
C'est un regard éloquent. Fait d'amitié, de bonhomie et d'une part de résignation. Jean-François Girault aimerait bien, lui aussi, hisser le pavillon de la victoire. Annoncer à ses troupes un changement de TVA qui leur soit favorable. Là, tout de suite, en ouverture du congrès. Mais la politique n'est pas une science exacte, disait Bismarck. Taux réduit ou pas taux réduit ? Au Relais de Courlande, lundi, devant la centaine de responsables syndicaux présents, il s'est contenté du seul constat décent pour l'heure : "Les engagements pris doivent être tenus." C'est tout. Pourquoi rouvrir une discussion dont tout le monde connaît l'essentiel ? Du reste, la profession ne se résume pas à ce seul dossier. Il y en a d'autres et c'est pour cela, sans doute, qu'il a baptisé ce 33e congrès national "La confiance en l'avenir". Son objectif : une mobilisation générale au profit des jeunes. "Il nous appartient de rechercher avec eux la meilleure stratégie, les meilleures formations d'entrepreneurs. Il faut leur apporter notre savoir-faire sous forme de tutorat ou de parrainage." Un message porteur de saine filiation, de saine transmission. "Notre secteur n'échappe pas à la règle. Si rien n'est mis en uvre, plus d'un tiers des entreprises risque de ne pas trouver de repreneurs et les entreprises disparaîtront."
Création d'une Ecole supérieure des dirigeants
Pour éviter l'hécatombe - selon un responsable de la CCI de Paris présent, sur 10
entreprises créées en 2003, 7 auront disparu dans les 5 ans par "faute de
gestion" -, le président de la Confédération des professionnels indépendants
de l'hôtellerie abat plusieurs cartes, dont la création de l'Ecole supérieure des
dirigeants de l'industrie hôtelière. Chantier qu'il a démarré voici un an et demi et
auquel personne ne croyait vraiment. Même si le principe de formation est omniprésent
dans les véhémences syndicales. Le bébé ? Un programme modulaire, d'une durée d'un ou
deux jours, d'ores et déjà en place, visant une meilleure maîtrise des tâches
administratives et de la gestion quotidiennes de l'entreprise. On y parle rentabilité,
trésorerie, accueil du public, lecture de bilan, statut du conjoint. Le langage du
terrain. L'Esdih est un outil destiné à tous ceux qui veulent "devenir chef
d'entreprise dans l'univers de l'hôtellerie et de la restauration, à tous ceux aussi qui
souhaitent améliorer leurs performances et connaissances". Autre atout mis en
uvre : la jeunesse elle-même. Les tirer de leurs affaires, quelques heures durant,
et leur passer le micro. Ce fut chose faite aux Loges-en-Josas. Certains étaient issus du
sérail, d'autres pas. Ils ont apporté leur témoignage, à l'instar de Gersande Boulet,
31 ans, restauratrice dans le Pas-de-Calais. Elle a choisi ce métier encore gamine et s'y
complaît à l'âge adulte. Elle est fière de défendre la cuisine, de veiller à la
tradition du bon accueil. Tous ont un point commun : leur passion instinctive, évidente,
du métier.
Branche par branche
Au sein des branches, réunies lundi après-midi en atelier, les propos étaient moins
généralistes, moins policés selon l'actualité et les sensibilités.
Chez les cafés, la récente condamnation à deux mois de prison avec sursis d'un
exploitant de Côte-d'Or est mal vécue. Le dossier est délicat, sensible. Les
controverses fusent. Jean-Jacques Le Terrec, président des cafetiers, tente de calmer le
jeu. En vain. Pot de terre contre pot de fer ? Le Sarthois, prudent, se contentera de
rappeler la motion rédigée l'an dernier, consistant "à la création d'une
commission départementale consultative qui serait saisie avant toute décision de
fermeture administrative".
Chez les hôteliers, Jacques Fréalle, d'habitude si calme, s'est élevé contre la
régression ambiante. En tête de liste, les nouvelles normes. "Les services de
l'Etat souhaitent se dégager de leurs obligations d'une part, et certains syndicats
patronaux sont peu enclins à rehausser le niveau de confort d'autre part. Ceci nous
amène à un texte a minima qui n'engage pas la France dans la voix de la modernité",
s'est-il insurgé. Chez les saisonniers, François Effling menait les débats. "La
plupart des problèmes quotidiens seraient résolus si une vraie concertation s'instaurait
et non des obligations." Chez les restaurateurs, même volonté d'avancer,
mêmes inquiétudes avec toutefois des paroles plus modérées. Les mécanismes de tutorat
confortent Claude Izard dans sa quête de qualité et d'encadrement. "Nous
demandons pour les jeunes en lycée professionnel une alternance avec des stages plus
longs en entreprise. Tuteurs et professeurs doivent être des partenaires permanents dans
l'acte de formation" initiale, a déclaré le président des restaurateurs. Chez
les discothécaires, petite présentation d'usage. Michel Cellier s'est trouvé propulsé
à la tête de la branche après la démission de l'ancien président. Pour le nouveau
chef de file, pas de pérennité sans concertation. Pas d'avenir sans mise à plat des
dossiers. Pour lui, les discothécaires doivent activement participer à la lutte contre
l'alcoolisme et la toxicomanie, au développement des mesures de préventions... Les
mentalités doivent évoluer, de part et d'autre. "Y compris chez les
consommateurs."
Pertinence
Jacques Jond, venu avec une délégation de la Fagiht, intervenait au nom de l'Unihr, en
parfait accord avec le discours du président de la CPIH.
Mardi, on attendait de pied ferme, mais l'esprit amical, le ministre de tutelle, Léon
Bertrand. Un discours clair, optimiste sur la TVA. Il a réaffirmé sa volonté
d'instaurer un vrai partenariat avec la profession.
"Ce congrès fut studieux, pertinent, unitaire, râleur, constructif,
indépendant, conscient des réformes nécessaires pour notre profession, conscient de la
difficulté à changer certaines règles du jeu", estimait Alcino Alves Pires,
secrétaire général de la CPIH. Pour Jean-François Girault, il fut aussi révélateur
de convictions. "Malgré les handicaps, les réglementations, les indépendants
sont toujours là. Ils ont prouvé qu'ils avaient bien l'intention de continuer."
S. Soubes zzz74v
LÉON BERTRAND, SECRÉTAIRE D'ÉTAT AU TOURISME
"Vous avez en moi un partenaire"Accueilli d'une manière très chaleureuse, Léon Bertrand venait de toute évidence
"en ami" pour ce congrès. Dès les premiers mots, il a prévenu : "Vous
pouvez compter sur moi, votre profession qui crée des emplois, de la richesse, mérite
d'être soutenue. Toutes les interventions que je peux mener auprès de mes collègues
nous permettent d'avancer. En vous soutenant, c'est une partie de l'économie française
que le gouvernement soutient." |
è Jean-Hugues Herelle,
restaurateur, président du Syndicat des restaurateurs et des traiteurs de Martinique :
"Nous
avions besoin de nous retrouver entre professionnels. Nous avons eu la chance de côtoyer
Claude Izard, et c'est grâce à lui que nous avons rencontré Jean-François Girault.
Nous avons les mêmes problèmes qu'en métropole, sur les 35 heures, sur la TVA, sur les
difficultés de recrutement. Cette alliance va nous permettre de confronter nos
expériences. Elle va aussi nous permettre de mieux nous structurer. Le regard de la
Confédération me paraît intéressant. Il faut s'adresser aux jeunes différemment et
développer des formations adaptées. C'est dans ce sens que nous allons désormais
travailler."
è Louis Semper,
président du Pas-de-Calais :
"Je
suis dans le syndicalisme depuis 1971 et j'avais en charge le secteur d'Hedin. Notre
secteur a toujours bien fonctionné. L'an dernier, de nouvelles mesures allaient nous
retirer une partie de nos moyens financiers. Et plutôt que de baisser les bras et
d'abdiquer, nous avons décidé, par vote, de quitter l'Umih et de rejoindre la
Confédération. Désormais, nous allons pouvoir travailler plus sereinement, et grâce à
cela, augmenter nos troupes."
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L'Hôtellerie Restauration n° 2816 Hebdo 10 Avril 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE