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du 10 avril 2003
ÉDITO

LES VÉRITÉS

La profession des cafetiers, des restaurateurs, des discothécaires, ne peut que vivre avec émoi la condamnation du cafetier qui avait servi à boire à un client avant qu'il ne cause un accident mortel à la sortie de son établissement. Tous se sont projetés dans son histoire, tous ont imaginé pouvoir être condamnés, eux aussi, pour avoir servi le verre de trop au client déjà fort imbibé. Ils sentent leur profession en danger et ne sont pas d'accord pour assumer une telle responsabilité. La colère gronde au sein de certaines organisations.
Trop d'émotion interdit la réflexion, et c'est dommage, car dans cette affaire, il faut absolument être capable de prendre un peu de recul. Ceux qui ont pu assister au procès l'auront compris.
Il est de notre responsabilité en général de s'interdire et d'interdire aux autres de se mettre en danger en reprenant le volant après avoir bu une quantité d'alcool trop importante. Au professionnel d'accepter aussi d'assumer cette responsabilité quand il est à même d'évaluer ce que le client a bu. Et c'est bien ce que le tribunal a reproché à ce cafetier. Il ne lui a pas demandé d'être capable d'évaluer le taux d'alcoolémie d'un client entrant ou sortant de son établissement, il sait qu'il n'en a pas les moyens. Par contre, il lui a reproché de lui avoir servi l'équivalent de 8 verres de vin. Pas besoin donc de tenir compte de ce que le client avait pu boire avant, les 8 verres étaient à eux seuls largement suffisants pour que le taux d'alcoolémie de ce client dépasse très largement la limite autorisée. Malheureusement, il est fréquent de banaliser la surconsommation d'alcool, bien mieux avec les clients habitués. L'habitude fait que, s'ils vont trop loin, on est même capable de trouver quelqu'un pour les raccompagner. A force de banaliser des comportements laxistes et dangereux, l'irresponsabilité prend la place de la raison.
Pour que les professionnels de ces métiers soient pris au sérieux, pour qu'ils restent des interlocuteurs respectés, ils se doivent d'être les premiers à s'impliquer dans un changement de comportement de leurs clients et des leurs au moment de la vente de la consommation. Un certain nombre d'entre eux ont déjà fait des propositions : dans les discothèques, des opérations Conducteur désigné - 'Celui qui conduit, c'est celui qui ne boit pas' - rencontrent un réel succès, et les chiffres d'affaires ne baissent pas pour autant. Et l'image des professionnels a tout à y gagner. Juste une autre manière d'appréhender les choses...
PAF zzz80

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L'Hôtellerie Restauration n° 2816 Hebdo 10 Avril 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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