du 22 mai 2003 |
ACTUALITÉ JURIDIQUE |
Le dispositif 'Besson neuf' a pris fin le 2 avril 2003 pour être remplacé, à compter du 3 avril, par le dispositif de Robien. Et pour une fois, cette réforme fiscale ravit les professionnels de l'immobilier, car elle devrait permettre de relancer les acquisitions de logements neufs, surtout dans les régions où le marché locatif était bloqué.
Le nouveau
dispositif de Robien récemment mis en place a des avantages par rapport au dispositif
précédent institué par Besson. D'une part, il supprime l'obligation de respecter des
plafonds de ressources pour les locataires, et d'autre part, il augmente les plafonds de
loyers en créant de nouvelles zones, et ce, dès le 3 avril 2003.
Ce nouveau dispositif n'a pas encore fait l'objet d'un vote, il sera présenté aux
parlementaires sous forme d'un amendement au projet de loi portant diverses dispositions
en matière d'urbanisme, d'habitat et de construction, et devrait être définitivement
voté à la fin de la session parlementaire. De ce fait, pour éviter un gel des projets
immobiliers, il a été décidé de proposer qu'il s'applique avec effet rétroactif au 3
avril 2003.
Le premier point de la réforme vise donc à mieux adapter les plafonds de loyers aux
loyers du marché, notamment à Paris intra-muros, dans les Hauts-de-Seine, dans une
partie de la Seine-Saint-Denis, de la Seine-et-Marne, des Yvelines et du Val-de-Marne,
ainsi que dans un grand nombre d'agglomérations de province dont notamment Lyon, Nice,
Cannes-Grasse-Antibes et certaines zones frontalières (Strasbourg, Annecy, agglomération
genevoise) ou touristiques. Les plafonds de loyers dans ces zones où le marché locatif
est tendu sont fixés dans le nouveau dispositif à environ 90 % du loyer du marché des
logements neufs, soit une augmentation d'environ 40 % des loyers plafonds dans les
actuelles zones I et II.
Mais attention, ces nouveaux plafonds ne s'appliquent qu'aux locations de logements acquis
neufs ou mis en chantier à compter du 3 avril 2003.
De nouvelles zones locatives
Le deuxième point de cette réforme porte sur le découpage de la France en zones
locatives. Le nouveau zonage est plus simple que l'ancien et surtout plus conforme aux
réalités locales. Il est réduit à 3 zones (au lieu de 4), établi à partir de
critères démographiques et économiques :
w La zone A : l'agglomération parisienne, la Côte
d'Azur, le Genevois français ;
w La zone B : les agglomérations de plus de 50 000
habitants, et les agglomérations chères situées aux franges de l'agglomération
parisienne et en zones littorales ou frontalières ;
w La zone C : le reste du territoire.
Les nouveaux montants maxima de loyers et les contours géographiques précis des 3
différentes zones seront fixés par un décret qui sera publié prochainement. Mais il
est déjà annoncé pour la zone A (grande agglomération parisienne des anciennes zones I
et I bis + Côte d'Azur + Genevois français) que le loyer passerait à 18 e par mètre
carré (contre 12,90 e ou 11,40 e, selon les secteurs d'Ile-de-France, soit une hausse de
39 ou de 57 %). En zone B (agglomérations de plus de 50 000 habitants + communes chères
situées aux franges de l'agglomération parisienne et dans les zones frontalières ou
littorales), le nouveau plafond serait porté à 12,50 e (au lieu de 8,80 e, soit une
hausse de 42 %). Sur le reste du territoire, en zone C, on devrait respecter au maximum 9
e par mètre carré (contre 8,30 e précédemment, soit + 8 %).
Enfin, autre modification importante, afin de simplifier le dispositif, les plafonds de
ressources du dispositif d'aide à l'investissement locatif sont supprimés. Les autres
règles ne changent pas. C'est le cas, notamment, de la durée de location (9 ans
minimum), des taux d'amortissement (8 % pendant 5 ans puis 2,5 % au-delà, dans la limite
de 15 ans), de la déduction forfaitaire (6 %) et du montant maximum du déficit imputable
sur le revenu global (10 700 e).
Une loi déjà améliorée
Un autre handicap important par rapport aux dispositifs fiscaux antérieurs de la loi
Besson résidait dans l'impossibilité de louer le bien acquis à un ascendant ou un
descendant. Une première brèche dans ce dispositif rigide avait été ouverte par la loi
de Finances pour 2002. Elle autorisait la location à un parent ou un enfant d'un logement
acquis neuf après 3 ans de location respectant les contraintes imposées par les textes.
L'amortissement était alors suspendu jusqu'à la relocation à un tiers.
La deuxième brèche résulte de deux amendements au projet de loi de Finances pour 2003.
Il est dorénavant possible de louer un logement neuf à un enfant ou un parent sans que
soit remis en cause le bénéfice de l'amortissement. L'obligation de suspendre l'avantage
fiscal pour mettre le logement acquis à la disposition d'un ascendant ou d'un descendant
est donc supprimé.
Mais encore une fois, tous les investisseurs ne bénéficieront pas de cet
assouplissement. Pourront en bénéficier seulement ceux qui ont acquis neuf ou en état
d'achèvement, un logement après le 9 octobre 2002 ou qui ont fait construire un logement
dont la déclaration d'ouverture du chantier est postérieure à cette date.
Une instruction du 5 mars 2003 (BOI 5D-5-03) précise, de plus, que le locataire peut
être un ascendant ou un descendant de n'importe lequel des membres du foyer fiscal. En
revanche, il n'est pas possible de bénéficier de ce dispositif fiscal pour une location
à un membre du foyer fiscal. Il faut donc, par exemple, si l'on souhaite loger son fils
ou sa mère dans le logement acquis, ne plus les compter à charge. En revanche, le fait
de leur verser une pension alimentaire n'a pas pour effet de priver l'investisseur du
bénéfice de ces nouvelles dispositions.
L'autre précision apportée par cette instruction concerne les ressources à prendre en
compte par les investisseurs qui ont (hélas pour eux) acquis leur bien immobilier entre
le 9 octobre 2002 et le 3 avril 2003. Les textes prévoient que le montant de ressources
à considérer est "le revenu fiscal de référence figurant sur l'avis
d'imposition sur le revenu établi au titre des revenus de l'avant-dernière année
précédant celle de la signature du contrat". Pas de problème pour un ascendant
jamais compté à charge du foyer fiscal, mais quel revenu prendre en compte pour un
enfant compté jusqu'alors à la charge de ses parents ?
En principe, le montant des ressources à retenir est celui de ses parents, ce qui est
illogique puisque seul l'enfant est titulaire du bail et réduit considérablement
l'avantage accordé par les parlementaires. C'est pourquoi l'administration a accepté
dans les cas où le locataire, descendant du propriétaire du logement, dépose pour la
première fois une déclaration séparée au titre des revenus de l'année de conclusion
du bail, de retenir le revenu de référence résultant des revenus perçus au cours de
ladite année. Mais attention, si ce revenu s'avère supérieur aux maxima acceptés,
l'avantage fiscal accordé sera alors remis en cause.
Enfin, comme l'ancien apparaissait de plus en plus comme le parent pauvre de ce dispositif
fiscal, l'article 79 de la loi de Finances pour 2003 a relevé de 25 à 40 %, à compter
de l'imposition des revenus de 2003, le taux de la déduction forfaitaire majorée
applicable aux revenus tirés de la location de logements dans le cadre du dispositif
d'aide à l'investissement locatif dans l'ancien.
Les autres mesures à venir
Pour l'heure, le locataire d'un logement Besson doit être une personne physique ou une
personne morale qui met le logement à la disposition de son personnel. Il n'est pas
possible, comme c'était le cas dans le cadre de l'amortissement Périssol, de louer à
une société d'exploitation.
Une réforme actuellement à l'étude prévoit de permettre à des bailleurs de déléguer
la gestion locative de leur logement en ouvrant le bénéfice du nouveau dispositif aux
locations intermédiaires. Cette mesure devrait permettre notamment la relance de la
construction de résidences pour étudiants.
Une autre mesure également en cours de finalisation vise à adapter la réglementation
des SCPI (sociétés civiles de placements immobiliers) afin de permettre aux
souscripteurs de parts de profiter plus rapidement des avantages fiscaux octroyés.
La collecte des SCPI leur permet d'investir dans des secteurs géographiques ou des
catégories de logements plus risqués pour un investisseur individuel que pour une
société. Toutefois, les particuliers qui préfèrent pour cette raison opter pour la
souscription de parts de SCPI ne peuvent pas bénéficier d'un effet fiscal immédiat. De
plus, ils ne connaissent pas précisément, dès la souscription de leurs parts, le
montant de l'avantage fiscal auquel ils pourront prétendre et à quel moment, indications
pourtant essentielles pour le calcul de la rentabilité d'un investissement.
Il devrait être prochainement admis que l'amortissement soit calculé sur 95 % du montant
de la souscription avec effet à compter de la date de celle-ci dès lors que les
engagements suivants seraient pris :
w par les souscripteurs : durée de détention minimum des
parts ;
w par les sociétés de gestion : engagement d'investir
l'intégralité des sommes collectées dans un délai minimum suivant la clôture de
chaque augmentation de capital ; engagement de location dès l'achèvement des immeubles
et ce pendant une durée minimale.
w Enfin, la troisième mesure actuellement à l'étude
concerne la rénovation des immeubles anciens très dégradés. Le gouvernement envisage
la mise en place d'un dispositif qui s'appliquera aussi, dans certaines conditions, à
l'acquisition de logements anciens pour permettre leur remise sur le marché et
développer une offre locative de qualité dans les centres anciens des villes.
En conclusion, on peut se demander si l'investisseur, après le 3 avril 2003, sera
financièrement gagnant. Sans doute pas. Il pourra seulement acheter dans des secteurs
plus chers, tout en conservant une rentabilité correcte de son investissement. Par
exemple, avec un loyer parisien de 18 e, il est possible d'obtenir une rentabilité brute
supérieure à 5 % en achetant à 4 000 e le mètre carré. La balle est désormais dans
le camp des promoteurs et, plus encore, des pouvoirs publics, dont on attend la remise sur
le marché de terrains à bâtir à des prix raisonnables. Le marché de la location ne
pourra que s'en trouver mieux.
M.-C. Barbier zzz66f
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L'Hôtellerie Restauration n° 2822 Hebdo 22 Mai 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE