du 29 mai 2003 |
SYNDICATS |
Ce 30 avril, la sage ville de Lille s'est vraiment lancée dans une vie nocturne complète. Jusqu'au matin, mais encadrée par des engagements des professionnels.
La présidente et les représentants de la vie nocturne : de gauche à droite,
Jean-François Chassagne, Philippe Deltete, Guy Dauchy, Danièle Deleval, Rémy Sabbé,
Bertrand Parisis.
Impressionnant. Plus de 100 professionnels dans la salle, des élus, le maire de Lille en personne aux côtés de son adjoint à la police Roger Vicot, le préfet de Région Jean-Pierre Richer accompagné du préfet de police Jean Ambroggiani et du sous-préfet à la ville Stanislas Bourron, pour accompagner le 30 avril la signature de la charte de la vie nocturne de la ville de Lille. Pas de doute, dans l'esprit des autorités, les bars de nuit et les discothèques ne sont plus des établissements sentant le soufre, mais des acteurs de l'animation locale et du développement économique plus qu'utiles, indispensables. La présence du président du Sneg, le Syndicat des entreprises gay, aux côtés de Danièle Deleval, présidente du Syndicat des CHR Umih de Lille et des présidents de secteurs, a été soulignée.
Code de bonne conduite
Martine Aubry s'est excusée d'avoir parlé plus de 20 minutes. "Je ne vous vois
pas tous les jours", a-t-elle souligné. En signant la charte, les professionnels
prennent un ensemble d'engagements de bonne conduite : respect des lois et de la
réglementation en vigueur, engagement d'information de la clientèle sur ces règles,
contribution pour leur part au respect de l'ordre public, lutte contre le bruit
(l'épineuse loi du 15 décembre 1998), respect de l'environnement et du domaine public,
lutte contre l'alcoolisme et la toxicomanie (actions du type 'Capitaine de soirée',
encouragement des conducteurs à rester sobres, interdiction de tout trafic...),
non-discrimination à l'entrée et formation du personnel. Les autorités s'engagent à
faire respecter le tout, de manière à prévenir tout entrave à la concurrence. En
échange, les discothèques peuvent désormais ouvrir jusqu'à 8 heures du matin et les
bars de nuit jusqu'à 3 heures du matin. Les élus de Lille et le préfet du Nord
espèrent ainsi mettre fin à l'adage local : "Les jeunes partent s'amuser la nuit
en Belgique et reviennent se tuer en voiture en France." Un fait, hélas,
classique et répété.
"Nous avons quelque 20 discothèques, 20 bars de nuit, et plus de 1 000 cafés et
restaurants à Lille. Ce nombre s'accroît. Je m'en réjouis. Il y a longtemps eu
frilosité de notre part, peut-être en raison de certaines expériences malheureuses",
a souligné le maire de Lille. Comprendre par là, la difficulté d'ouvrir un
établissement de nuit, plus encore de le garder ouvert, et la trop stricte limitation des
heures d'ouverture jusqu'à ce début 2003.
La signature de la charte : de gauche à droite Jean-Pierre Richer, Martine Aubry,
Danièle Deleval, Jean-Pierre Chassagne.
Un autre état d'esprit
Dans les années 1990, la vie nocturne s'est pourtant fortement développée à Lille,
particulièrement au bénéfice des étudiants, une population alors en croissance
exponentielle. Cela allait de pair avec la rénovation spectaculaire du centre-ville, et
avec la création du nouveau quartier des gares et d'Euralille. Un quartier s'est
particulièrement rendu célèbre alors, la rue Masséna, rebaptisée rue de la soif, et
ses environs. Les riverains ont accumulé les plaintes liées au tapage nocturne, des
sanctions ont été prises. Pierre Mauroy, alors maire, a créé une commission ad hoc,
fusionnée sous Martine Aubry avec la commission domaine public. Coprésidée par les
adjoints Roger Vicot et Jacques Mutez (par ailleurs en charge du commerce et des CHR),
cette commission a préparé la charte, et est chargée du suivi de son application. Elle
instruit désormais auprès du préfet l'attribution et le retrait des autorisations de
fermeture tardive. Une expérimentation de ces heures de fermetures étendues a été
menée dans des quartiers plus périphériques. Constatant qu'aucune plainte n'a été
déposée, la ville de Lille ne voit plus d'inconvénient à l'étendre à l'essentiel, le
vieux Lille et le quartier Masséna. Le bruit et la non-discrimination seront au centre
des débats. Une formation de portier a d'ailleur été mise en place, "un vrai
métier", a souligné la présidente Danièle Deleval, tant cette fonction est
centrale, à l'entrée, mais aussi à la sortie des établissements.
A. Simoneau zzz74v
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L'Hôtellerie Restauration n° 2823 Hebdo 29 Mai 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE