du 5 juin 2003 |
CONJONCTURE |
n SAINT-RÉMY-DE-PROVENCE (13)
Célèbre pour ses vestiges, Nostradamus, Van Gogh... et ses people, la petite ville nichée au pied des Alpilles affiche un printemps en gris dû aux annulations des Américains, majoritaires jusqu'alors.
Ici, on ne pavoise pas depuis que les Américains - 30 à 40 % de la fréquentation - ont quasiment déserté une cité où ils avaient leurs habitudes dans les 4 et 3 étoiles et étaient connus pour ne pas lésiner sur la dépense. Pour Yann Rebeq, directeur de l'office de tourisme, les choses auraient dû être pires. "La mésentente franco-américaine a provoqué une vague d'annulations chez les TO issus des Etats du Sud, pro-Bus, mais, depuis peu, les individuels des villes pro-européennes reviennent. La fréquentation s'est maintenue, voire a légèrement augmenté, parce que les Australiens, Néo-zélandais, Finlandais, Suédois, Norvégiens, Suisses et Allemands... ont pris le relais. On touche les dividendes des actions de promotion et de la tenue, en 1999, à Saint-Rémy, du CIT Sud (4 000 agences du monde entier). Pourtant les CA ont baissé. Les nouvelles clientèles étant plus regardantes à la dépense." Chez Jean-Claude Corda, au Bistrot des Alpilles, qui accueillait les petits groupes d'Américains de Bicycle Tours, "les touristes de substitution, moins dépensiers, ont fait baisser le ticket moyen et mars a été très difficile". Discours identique chez Catherine et François Perraud, de la Maison Jaune, où la défection des Américains a entraîné une baisse de CA de 30 % en mars.
Une stratégie de diversification
Aux Ateliers de l'Image, 38 chambres, Olivier Godard peine à amortir les 4,6 Me
d'investissements de l'agrandissement d'août 2002. Pour lui, qui fondait sa stratégie
sur la thématique cours de photo pour petits groupes d'Américains, la crise
franco-américaine frise la catastrophe : 30 % de TO en avril au lieu des 50 % escomptés.
Et l'été ne s'annonce pas brillant à cause d'un mauvais référencement dans les guides
où il figure en 3 étoiles alors que ses prix ont anticipé le classement 4 étoiles.
Seule lueur d'espoir, septembre devrait atteindre 52 % de TO, la clientèle française
prenant le relais. Autre sujet de satisfaction, le succès de la cuisine fusion du
restaurant où officie le chef japonais. Le ticket moyen affiche 85 e au lieu des 50 e
prévus. Philosophe, Olivier Godard commente : "Cette crise nous conduit à
diversifier notre clientèle sur les marchés de proximité et à nous poser des
questions."
Au Vallon de Valrugues, la plus grosse structure hôtelière (53 chambres) 4 étoiles, les
Américains ont fondu comme neige au soleil depuis l'attentat du 11 septembre. De 25 % de
la clientèle, ils sont passés à 5 %. Mais, malgré les rumeurs, Jean-Claude Falleta,
directeur de l'hébergement, annonce un taux d'occupation de 70 %, en baisse de 10 %. "Nous
avons amorti le choc car, après le 11 septembre, nous avons focalisé notre
commercialisation vers l'Europe." Au Château des Alpilles, 3 étoiles de 20
chambres, dirigé par Mme Bon et sa fille, pour Catherine Rollin, il n'est pas question de
tourner autour du pot : "Les Américains qui venaient en arrière et après saison
ont annulé. Mars a été terrible, avril, très mou, et en mai, on a travaillé seulement
les week-ends." Confiantes pour juin et juillet où elles accueillent leurs
habitués, elles attendent de voir pour recruter. Enfin, dans un 2 étoiles comme
l'Armandière (26 chambres), on sent aussi passer la crise pour d'autres raisons, que
Christophe Jaquemet énumère : "Baisse du dollar rendant les séjours plus
onéreux, neige exceptionnelle, beau temps dans le Nord, et enfin, crise
économique." Lui, et tous les autres sont unanimes : "Quelles que soient
les raisons d'un début de saison morose, le salut passera dorénavant par l'Europe."
D. Fonsèque-Nathan zzz70
En chiffres
w 10 000 habitants
w 2 743 lits dont 1 026 lits hôteliers
w 230 lits 4 étoiles
w 245 lits 3 étoiles
w 544 lits 2 étoiles
w 60 % de clientèle étrangère
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L'Hôtellerie Restauration n° 2824 Hebdo 5 Juin 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE