du 12 juin 2003 |
ENTREPRISE |
En dépit d'un contexte économique difficile, le groupe a maintenu son chiffre d'affaires l'an passé. Son résultat net a baissé. Mais essentiellement en raison de l'augmentation des amortissements liés aux investissements réalisés au cours des années précédentes.
Dominique Loiseau entourée de Hubert Couilloud (directeur de la
restauration) et de Patrick Bertron (chef des cuisines et responsable de la conception des
plats cuisinés Agis).
Bernard Loiseau est
parti, le lundi 24 février dernier, et sa disparition restera pour tous un mystère, son
mystère. Mystère qui conduit quelques-uns à chercher les raisons de son geste, alors
qu'il n'en existe certainement aucune de rationnelle.
Au regard de la publication des comptes annuels de Bernard Loiseau SA, une chose s'avère
évidente. Celui que l'on avait surnommé "Monsieur 100 000 volts"
n'avait pas lieu de mettre fin à ses jours à cause d'ennuis financiers. "Il est
vrai que Bernard a déclaré à plusieurs reprises, lors d'émissions télévisées, qu'il
était endetté jusqu'en 2010, explique Bernard Fabre, le directeur administratif et
financier (Daf) de la société, mais il était endetté comme vous et moi lorsque l'on
achète une maison. Il devait rembourser près de 54 000 e par mois. Cette
somme diminuant au fil des ans." Une somme pas plus préoccupante que cela étant
donné la structure de la société. D'ailleurs, au 31 décembre 2002, le montant de
l'endettement net consolidé de Bernard Loiseau SA s'est amélioré par rapport à la
période précédente atteignant 3,21 Me (soit moins de 40 % des capitaux propres). Mieux
encore ! La 'petite' entreprise de l'enfant de Chamalières avait plutôt bien résisté,
là où certains de ses concurrents essuyaient de sérieux revers. Malgré la mauvaise
conjoncture économique et les conséquences des attentats du 11 septembre, le chiffre
d'affaires global 2002 est en effet demeuré stable à 11,23 Me.
Evolution du chiffre d'affaires du Groupe Loiseau Art de Vivre |
Évolution du chiffre d'affaires du
Groupe Loiseau Art de Vivre |
Une entrée en Bourse bénéfique
Le résultat net consolidé s'est élevé à 754 000 e, soit une marge nette de 6,7 %
contre 8,8 % enregistrée au terme de l'exercice précédent. Un fléchissement qui
résulte pour l'essentiel de l'augmentation importante des amortissements due aux
investissements réalisés au cours des dernières années. La stabilité de la marge
brute d'autofinancement à 1,57 Me contre 1,59 Me en 2001 confirmant du reste le poids
important de ces amortissements dans les résultats 2002.
Il faut reconnaître que depuis décembre 1998, date de son entrée en Bourse au Second
marché, l'affaire Loiseau a pris une tout autre dimension. Outre les 3,96 Me levés lors
de la mise en marché lui permettant de prendre son envol, quelque 4,42 Me ont été
réinjectés (autofinancement et emprunts) dans l'entreprise. A commencer par La Côte
d'Or à Saulieu, qui, après de multiples rénovations et agrandissements successifs (8
000 m2 développés bâti), s'est transformé en un splendide hôtel-restaurant-spa de
luxe (32 chambres, duplex et appartements) comptant aujourd'hui parmi les fleurons de la
chaîne Relais & Châteaux.
Le groupe a par ailleurs acquis 3 restaurants dans la capitale parisienne : Tante Louise
(1998), Tante Marguerite (1999) et Tante Jeanne (2000). Sans oublier la création d'une
boutique Bernard Loiseau et d'un service de vente par correspondance proposant de nombreux
produits d'arts de la table, épicerie fine, livres... Le tout accompagné de plusieurs
contrats de consulting conclus avec des sociétés telles Agis (plats cuisinés) ou bien
encore Manotel (conseil en restauration).
A ce rythme-là, le chiffre d'affaires de la compagnie se devait de progresser à vitesse
grand V. D'autant plus vite que Bernard Loiseau avait toujours su s'entourer de gens
expérimentés. Résultat : en moins de 4 ans, les recettes bondissent de 7,4 Me à 11,23
Me. Preuve qu'une cotation à la Bourse peut donner un sacré coup de pouce et s'avérer
bénéfique.
Société désendettée en 2003
A condition bien entendu de garder la tête sur les épaules et de gérer avec rigueur.
Sur ce point, le chef de Saulieu, aidé de son directeur administratif et financier,
Bernard Fabre, était imparable. En témoignent les dispositions prises s'agissant
d'assurance décès. "A chaque nouvel emprunt, Bernard Loiseau devait se rendre
une demi-journée à l'hôpital pour passer des check-up", se souvient le Daf.
Jusqu'au jour où le maître-queux en a eu assez.
Bernard Fabre conclut alors différents contrats avec des compagnies d'assurance. L'un
concerne Bernard Loiseau SA (5,1 Me). L'autre porte sur Bernard Loiseau lui-même (contrat
homme-clé) pour environ 2,3 Me. Au final, la totalité des emprunts souscrits par le
groupe faisant l'objet d'une couverture en cas de disparition de son fondateur, la
compagnie se trouvera totalement désendettée en 2003.
Un élément considérable pour la poursuite de l'aventure Loiseau. D'autant plus que la
morosité générale plombe lourdement bon nombre d'entreprises du secteur. Compte tenu du
niveau d'activité observé sur le premier trimestre 2003 (2,14 Me, en recul de 12,2 %),
le groupe table d'ores et déjà sur un chiffre d'affaires consolidé en retrait d'environ
20 % par rapport à 2002. Ce qui ne signifie pas pour autant que Bernard Loiseau SA ne
soit pas fin prêt pour la reprise. Bien au contraire.
S'il reste certes encore quelques salles de bains à rafraîchir dans les duplex de La
Côte d'Or, l'hôtel jouit de tous les atouts nécessaires pour séduire et fidéliser une
clientèle française et internationale. Mieux ! La présence du spa permet d'accroître
sensiblement la durée des séjours (1,2 à 1,9). Côté cuisine, le style Bernard Loiseau
est intact. Après 20 ans de vie commune derrière les fourneaux, Patrick Bertron avoue
lui-même ne "savoir faire que du Loiseau".
A Paris, les établissements mènent leur chemin de façon autonome. Les deux principaux
partenaires (Agis-Manotel) de l'activité consulting maintiennent pour leur part leur
engagement. Enfin, Dominique tient fermement la barre !
C. Cosson zzz22v zzz20a
Un comité de direction qui pérennise l'esprit Loiseau Nommée p.-d.g. de Bernard Loiseau SA le 1er mars dernier, Dominique Loiseau a constitué un comité de direction aux couleurs de son époux. Ce comité se compose de la manière suivante : Dominique Loiseau, Bernard Fabre (directeur administratif et financier), Patrick Bertron (chef des cuisines et responsable de la conception des plats cuisinés Agis) et Hubert Couilloud (directeur de la restauration). |
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L'Hôtellerie Restauration n° 2825 Hebdo 12 Juin 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE