du 3 juillet 2003 |
CONJONCTURE |
Malgré une hausse de la fréquentation enregistrée ces deux dernières années, les plages du Roussillon subissent plus que jamais la concurrence de leurs voisines espagnoles. Principale explication avancée par les professionnels locaux du tourisme : l'absence d'une véritable stratégie de conquête et de fidélisation de la clientèle.
Côte vermeille et Côte
rocheuse en Roussillon, Costa brava et Costa dorada en Catalogne espagnole, si le soleil
et le sable fin sont présents des deux côtés de la frontière, les deux régions sont
loin d'être à égalité dans la compétition touristique.
Avantagés par une TVA à taux réduit (7 %) et par une main-d'uvre nombreuse et bon
marché, les professionnels espagnols disposent de sérieux atouts pour rivaliser avec
leurs homologues français. Les prix pratiqués sont en moyenne bien en deçà des tarifs
proposés par les établissements français, à niveau de prestations équivalent, même
si la mise en place de l'euro est venue quelque peu atténuer ce déséquilibre. Les menus
à moins de 10 e ou les week-ends en 3 étoiles à 20 e sont monnaie courante et ont de
quoi séduire comparés aux prix moyens pratiqués côté français. "En
l'occurrence, souligne Alain Bastus, président de l'Umih des Pyrénées-Orientales, ce
ne sont pas les entreprises espagnoles qui posent problème, mais la législation qui est
appliquée dans nos deux pays. En Espagne, les entreprises sont privilégiées avec des
niveaux de charges sociales relativement bas, alors qu'en France nous sommes soumis à de
fortes pressions de la part de l'Urssaf ou du fisc, qui pénalisent lourdement
l'activité."
Des inégalités persistantes
De fait, la Costa dorada enregistre à elle seule un peu plus de 5 millions de visiteurs
annuels (seulement 2 millions pour l'ensemble des Pyrénées-Orientales), dont 54 % de
touristes étrangers parmi lesquels 22 % de Français. "Un chiffre en très forte
augmentation ces dernières années", affirme même Octavi Bono i Gisbert, du
patronat du 'Turismo' de la province de Tarragone. Handicap supplémentaire pour les
hôteliers et restaurateurs roussillonnais, leur difficulté à capter la clientèle de
passage qui traverse le département pour se rendre en Espagne. Faute de stratégie
touristique digne de ce nom, les professionnels réclament depuis 30 ans une véritable
politique à long terme associant l'ensemble des acteurs du secteur pour capitaliser sur
les atouts du département, la majeure partie des touristes étrangers, et français, qui
passent ici sans s'arrêter. Difficile dans ces conditions d'engager des actions de
fidélisation, ce que regrette amèrement l'ensemble des professionnels locaux.
Inflation des parcs à thème sur la Costa brava
Une situation qui n'est pas prête de s'inverser après le départ des compagnies
aériennes low-cost de l'aéroport de Perpignan où elles assuraient des lignes
régulières avec l'Allemagne et la Grande-Bretagne, deux pays pourvoyeurs de clients
potentiels. Ryanair vient en effet de quitter Perpignan pour l'aéroport espagnol de
Gérone, situé à une centaine de kilomètres. La capitale des Pyrénées-Orientales perd
ainsi 15 000 visiteurs mensuels au profit de sa concurrente espagnole. Dernier point et
non des moindres, le manque de structures d'hébergement haut de gamme autour de Perpignan
et à proximité des plages qui permettraient de capter une clientèle à fort pouvoir
d'achat. Une faiblesse de plus face aux dizaines d'établissements de ce type implantés
de l'autre côté des Pyrénées.
D'ici 2005, 3 parcs thématiques verront le jour sur la Costa brava dans un périmètre de
25 km2. A Maçanet de la Selva, le parc de la Musica (investissement de 700 Me) s'étendra
sur 500 ha et deviendra le plus grand parc d'attractions de toute la Catalogne espagnole
avec 3,2 millions de touristes attendus chaque année. Non loin de là et toujours à
moins de 2 heures de la côte roussillonnaise, la Ciutat de l'Esport (budget de 195 Me),
proposera un concept de parc novateur situé entre centre commercial, ville de loisirs et
Futuroscope pour attirer 1 million de visiteurs supplémentaires.
Enfin, à Saint-Féliu-de-Guixols, c'est la Fondation Cousteau (musée, parc
d'attractions) qui ouvrira ses portes à l'horizon 2006 après un investissement de 12 Me.
Des créations qui vont multiplier l'offre touristique de la Costa brava avec l'objectif
avoué de séduire de nouveaux touristes. Une dynamique que les professionnels
roussillonnais aimeraient partager. zzz70
Avantagés par une TVA de 7 % en restauration et par une main-d'uvre bon marché,
les professionnels espagnols disposent de sérieux atouts.
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L'Hôtellerie Restauration n° 2828 Hebdo 3 Juillet 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE