du 11 septembre 2003 |
CONJONCTURE |
Traditionnellement faible dans la région Ile-de-France, la saison estivale 2003 s'annonce comme un cru particulièrement difficile. Parmi les principales victimes d'un contexte international délicat, l'hôtellerie figure en première ligne.
Triste ! Tel se
dessine le premier bilan de la saison estivale en Ile-de-France. "L'été n'est
pas, et de loin, la saison la plus importante dans notre région", s'empresse
bien sûr de préciser Jean-Marc Janaillac, président de l'office de tourisme et des
congrès de Paris. Il n'empêche que cette année, les professionnels du tourisme parisien
semblent bel et bien avoir davantage souffert durant juillet et août qu'au cours des
exercices précédents. Jean-Luc Michaud, président du comité régional du tourisme
Paris-Ile-de-France, n'hésite pas d'ailleurs à qualifier le cru estival 2003 de "difficile".
En vérité, rien n'a été épargné au secteur. Les effets de la guerre en Irak, le
ralentissement économique, les mouvements sociaux, la dépréciation du dollar face à
l'euro et même la canicule ont constitué autant d'éléments négatifs au maintien des
flux touristiques, notamment internationaux. Résultat : l'heure est maintenant à la
soupe à la grimace. Selon le baromètre de l'Observatoire régional du tourisme
d'Ile-de-France, 29 % des professionnels du tourisme se sont du reste déclarés peu
satisfaits de la fréquentation de leur établissement en juillet. Un pourcentage qui
grimpe à 37 % concernant le mois d'août.
En fait, clients français comme étrangers n'ont pas, cet été, répondu à l'appel de
la capitale et de ses environs. D'après les déclarations des professionnels, la baisse
des touristes français aurait ainsi atteint les 10 % en juillet pour s'élever à 20 % en
août. Quant aux vacanciers étrangers, la situation ne s'avère guère plus encourageante
puisqu'ils auraient diminué de 10 %, selon 48 % de personnes questionnées en juillet,
pour se stabiliser entre - 5 et - 10 % en août.
Parmi les nationalités les plus défaillantes, figurent évidemment les Américains dont
la proportion n'a cessé de régresser au cours des derniers mois. La preuve ! Alors
qu'elle occupait la 2e place en Ile-de-France avant février 2002, la clientèle venue des
Etats-Unis est tombée à la 3e place en juin, 4e en juillet puis 5e en août 2003.
Constat également morose s'agissant des voyageurs en provenance du Japon, qui, eux aussi,
comme les Américains, appartiennent aux clientèles dites à forte contribution.
Britanniques, Allemands, Italiens et Espagnols ont néanmoins compensé partiellement ce
recul. Le tout s'accompagnant d'un retour progressif des clientèles du Moyen-Orient et
une montée en puissance de celles d'Europe centrale.
Gîtes et chambres d'hôte tirent leur épingle du jeu
Bien entendu, tous les professionnels du tourisme d'IDF n'ont pas été logés à la même
enseigne. Les hôteliers tiennent pour leur part la palme des plus mauvaises performances.
Ils sont ainsi 32 % en juillet et 43 % en août à estimer leur activité mauvaise. Les
taux d'occupation auraient tout bonnement plongé pour certains de 10 à 15 % dans le haut
de gamme, de 5 à 10 % dans le 3 étoiles et d'environ 5 % dans l'hôtellerie économique.
Une tendance baissière corroborée par les données Insee-Ortif qui indiquent que la
fréquentation s'élevait à 74,3 % en juin 2003 contre 80,4 % en 2002 (- 6,1 points), et
65,1 % en juillet dernier contre 73,9 % un an plus tôt (- 8,8 points). De quoi se montrer
inquiet. D'autant plus que la durée des séjours dans les hôtels de la région
Ile-de-France se réduit elle aussi de manière sensible : 2 jours en juin (- 5 %) et 2,2
jours en juillet (- 4 %).
Parallèlement, les gîtes et chambres d'hôte ont apparemment plutôt bien tiré leur
épingle du jeu. 60 % d'entre eux ont considéré la saison estivale comme bonne en
juillet et 65 % en août. Pour ce qui concerne les campings, les premières estimations
sont plus contrastées. Si 17 % seulement des représentants de ce mode d'hébergement ont
jugé leur activité mauvaise en juillet, ils étaient en effet 33 % au mois d'août.
Même les monuments culturels de la capitale n'ont pas échappé à la règle générale
de la désaffection des touristes.
Rentrée sous de bons auspices
La tour Eiffel a de fait perdu près de 6 % de visiteurs tandis que le Centre Pompidou
chutait de 14 % et l'Arc de triomphe de 24,2 %. Seule la Cité des Sciences a connu une
croissance soutenue de sa fréquentation à 201 000 visiteurs. Un signe des temps qui en
dit long sur la nécessité de la région à ne pas s'endormir sur ses lauriers
touristiques et à 'diversifier' ses offres, en particulier envers les jeunes. A noter que
la mairie de Paris va d'ailleurs construire deux nouveaux centres d'hébergement au cours
des prochains mois.
D'ici là, les professionnels du tourisme de l'IDF pourraient avoir retrouvé le moral. La
rentrée s'annonce effectivement "sous de bons auspices" avec des taux de
réservations pour le mois de septembre considérés comme bons, voire très bons par 49 %
des acteurs interrogés.
C. Cosson zzz20o
Nombre de nuitées sur 5 ans dans l'hôtellerie homologuée IDF
1999 | 2000 | 2001 | 2002 | 2003 | |
Juin | 4 763 584 | 5 922 870 | 5 844 139 | 5 566 733 | 4 943 628 |
Juillet | 4 749 776 | 5 550 829 | 5 847 890 | 5 735 705 | 5 040 627 |
Août | 4 787 364 | 5 493 232 | 5 751 139 | 5 350 292 | NC |
Ensemble | 14 300 724 | 16 966 931 | 17 443 168 | 16 652 730 | NC |
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L'Hôtellerie Restauration n° 2838 Hebdo 11 Septembre 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE