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	du 13 novembre 2003	ACTUALITÉ

< MANOSQUE (04)

L'arrivée d'Ibis qui déstabilise

La création d'un hôtel Ibis à la sortie de la ville inquiète les hôteliers traditionnels.

L'Ibis de 47 chambres en construction.

Les travaux ont commencé le 12 février dernier à proximité du péage de Manosque en bordure de l'A51. Ils s'accélèrent depuis juillet pour la construction d'un hôtel Ibis de 47 chambres climatisées, dont 3 pour personnes à mobilité réduite et 20 chambres familiales de 3 lits, avec un restaurant de 60 couverts, le Café Sud, et une piscine. "La façade est jaune occitan avec des camaïeux d'ocre, de jaune orangé en intérieur et extérieur, décrit l'architecte Martine Benainou des Ateliers Mozart. L'architecture provençale et moderne s'est attachée à gommer la répétitivité d'un hôtel de chaîne par des jeux de volume et de toiture." Dallages un peu vieillis, stores en lamelles de bois, tissus provençaux, éclairage grand jour ou tamisé pour coller à l'environnement de la Haute-Provence. Voici pour les grandes lignes du programme.

Un trio d'investisseurs privés
Le projet est financé par Micheline Dormois, Olivier Scalbert et Anthony de Freitas. Ce dernier est gérant et porteur de parts des hôtels Etap Hotel et Ibis de Sisteron ainsi que du Mercure 3 étoiles de Manosque, dont Céline Mathias détient 51 % des trois entités depuis le décès de son père Jean-Pierre Mathias, il y a 2 ans. Micheline Dormois gère depuis 1998 les affaires de Jean-Pierre Mathias. Les trois investisseurs avaient envie de poursuivre la volonté de Jean-Pierre Mathias, qui avait constitué une SCI pour l'achat d'un terrain de 6 500 m2 dévolu à la construction d'un Ibis. Le trio a investi plus de 2 Me pour la construction de l'ensemble. "Dans les 3 premières années, nous prévoyons un taux de remplissage de 55 à 65 % avec un prix moyen de 52 e, puis 70 % dans 4-5 ans. Les hôtels Ibis ont un taux d'occupation de 75 % en moyenne nationale", assure Christian Tachon, directeur général France de la franchise du groupe Accor. "C'est la volonté de la mairie de disposer d'une enseigne nationale répandue sur tout le territoire. Elle s'inscrit dans la logique de ses projets industriels, poursuit Anthony de Freitas, confiant dans la prospérité du futur Ibis de Manosque. Il est situé sur un très bon emplacement, en face du péage en sortie d'autoroute. Il captera les automobilistes qui entrent en centre-ville et les autoroutiers qui auraient continué sur Aix ou Sisteron."
Les hôteliers indépendants ne voient pas cette arrivée d'un très bon œil. "Ce n'est pas la volonté du groupe Accor de causer du tort à l'hôtellerie indépendante. La commission départementale d'équipement commercial (CDEC) a statué sur l'utilité de cette implantation, l'enseigne Ibis drainant une clientèle nouvelle. Par expérience, les hôtels de chaîne dynamisent l'activité hôtelière sur une ville", affirme Christian Tachon.
Pour Henry Chauvet, du 2 étoiles François 1er, cette implantation va être "catastrophique pour les hôtels de centre-ville. Nous avons été mis devant le fait accompli et notre taux d'occupation est à peine de 40 % en période creuse pour 60 % l'été". Il a dénombré 7 hôtels en centre-ville plus un autre fermé.

Foin des chaînes !
Ils sont de catégorie 2 étoiles, hormis le Mercure et un 3 étoiles tenu par un indépendant. Pour Henry Chauvet, les prix de l'Ibis les concurrenceront donc directement. "Le 15 août, il manque des chambres, mais en plein hiver et jusqu'au mois de juillet, notre clientèle principale, les représentants de commerce et les actifs de la zone nucléaire de Cadarache, ne suffit pas à remplir toutes les chambres." Henry Chauvet base son inquiétude sur l'implantation, il y a 5 ans, d'un hôtel économique de 36 chambres à la sortie de la ville. "Il a capté une clientèle qui, auparavant, se rendait dans les hôtels de charme et notre hôtellerie traditionnelle."
Muriel et Laurent Tourniaire se sont, eux, installés à l'Hôtel du Terreau à proximité du centre historique de Manosque il y a un peu plus d'un an : "Nous voulons arriver à réaliser un hôtel de centre-ville avec accueil personnalisé pour nos 20 chambres 2 étoiles. L'Ibis n'est donc pas à terme un concurrent direct." Néanmoins, Muriel Tourniaire s'inquiète : "Pour ne pas perdre de clients quand l'un ou l'autre est plein, nous les recommandons aux autres hôtels traditionnels. J'espère que nous pourrons continuer à afficher complet. Selon moi, il y avait un nombre suffisant d'hôtels dans la région de Manosque." zzz36v

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L'Hôtellerie Restauration n° 2847 Hebdo 13 novembre 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE