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du 11 décembre 2003
ENTREPRISE

Groupe Partouche

UN ENDETTEMENT QUI RISQUE DE FRAGILISER LE GROUPE

L'endettement du groupe inquiète les observateurs qui craignent une arrivée massive de capitaux étrangers sur le marché français. A terme, la survie de plusieurs opérateurs nationaux serait menacée.


Le casino du Lyon Vert, à La Tour-de-Salvagny près de Lyon (69), acquis en 1991.

"Le Groupe Partouche n'a pas pour habitude de commenter les rumeurs de marché." C'est en ces termes que Patrick Partouche, d.-g. du Groupe Partouche, répondait à notre journal vendredi dernier suite aux rumeurs de ses concurrents indiquant que le groupe vendait sa branche casinos pour éponger une partie de sa dette qui lui avait servi à acheter l'Européenne de Casinos en 2001-2002. Depuis environ 2 mois, la rumeur n'a cessé d'enfler dans les milieux autorisés. Confrontés à un fort endettement depuis le rachat de l'Européenne de Casinos, les dirigeants du leader européen du marché des casinos ont privilégié la croissance externe pour occuper la première place sur le marché. "A supposer que le groupe ne sorte pas de son surendettement, on peut craindre en effet que des opérateurs étrangers prennent pied en France tôt ou tard. A l'heure actuelle, aucun groupe français n'a les moyens suffisants pour 'absorber' un partenaire de cette taille. Et si ce scénario devait aller à sa fin, je vois mal comment nous pourrions éviter une nouvelle phase de concentration du marché avec tous les risques que cela implique", prévient un observateur attentif du secteur.

Un endettement élevé
Le CA annuel du Groupe Partouche est passé de 152 Me en 1997 à 372 Me en 2002. Le résultat net part du groupe est passé de 20,7 Me en 1997 à 34,3 Me en 2001 et 22,5 Me en 2002. La dette financière nette de 94,1 Me en 2001 est passée à 494,1 Me en 2002. En septembre 2003, la Financière Partouche (société familiale actionnaire de Groupe Partouche SA à hauteur de 62,3 %) apporte 100 Me en quasi fonds propres à sa filiale Groupe Partouche, alors qu'un nouveau crédit syndiqué d'une ligne de 330 millions, amortissable sur 7 ans, est mis en place. Un projet prévoit de diviser la valeur nominale des actions afin de rendre les titres boursiers plus liquides.

Un secteur mouvementé
Pour le directeur d'un casino implanté dans le sud du pays, la situation serait inquiétante à plus d'un titre. "La course aux ouvertures du Groupe Partouche est révélatrice. Comme lui, plusieurs opérateurs de jeux se retrouvent dans des situations analogues liées aux investissements réalisés ces dernières années et qui pèsent sur leur endettement. Personne n'est en mesure de suivre encore longtemps cette course à la croissance." Point de vue confirmé par Patrick Partouche qui indique "qu'aujourd'hui, rares sont les groupes français qui ne sont pas confrontés à des décisions importantes vis-à-vis de leur avenir ou de leurs partenaires financiers". Avec la prise de contrôle en 2001-2002 pour 332 Me de l'Européenne de Casinos, le Groupe Partouche est venu 'secouer' un marché détenu il y a encore 6 ans par les petits indépendants (80 % du parc). En 4 ans, le secteur a plus évolué qu'en un siècle, avec un renversement de tendance, 7 opérateurs détenant actuellement 85 % du marché. "Il faut aujourd'hui des fonds propres très importants pour emporter les appels d'offres qui se présentent. Par exemple, 60 Me pour rentrer sur l'appel d'offres de Toulouse et 15 Me pour celui de Blontzheim. Ce qui est donné à un nombre de plus en plus limité d'opérateurs français", précise un dirigeant de casinos. Zzz34

Partouche souffle ses 30 bougies. Et demain?

Premier groupe français en nombre de casinos (42) et second, derrière Lucien Barrière, en chiffre d'affaires avec 29 % de parts de marché, le Groupe Partouche, également à la tête de 22 hôtels, a été fondé en 1973 par Isidore Partouche qui commence son expansion dans le nord de la France avant d'amorcer, en 1991, une percée dans le Sud avec une stratégie de 'pasino', complexe dédié aux jeux, à la restauration, aux expositions et aux congrès.

a 1973-1991 : En rentrant d'Algérie où il était concessionnaire en radioélectricité, Isidore Partouche reprend avec l'aide de ses frères et sœurs le casino de Saint-Amand-les-Eaux (59) avec son établissement thermal et sa source d'eau minérale. Dès lors commence son expansion dans le nord de la France avec le rachat ou l'ouverture des sites du Touquet (62), Calais (62), Forge-les-Eaux (76), Boulogne-sur-Mer (62), Dieppe (76), Vichy (03) et Fécamp et Bagnoles-de-l'Orne (tous deux cédés depuis).
a 1991-1994 : L'année 1991 est une année charnière avec la mise en place des machines à sous et la prise de contrôle du casino du Lyon Vert à La Tour-de-Salvagny près de Lyon (69) et de ses filiales, les casinos de Saint-Galmier (42) et de Juan-les-Pins (06). Royat (63), Aix-en-Provence (13), La Ciotat (13), Palavas (34) vont venir compléter le parc du groupe.
a 1995 : Introduction de Groupe Partouche SA sur le Second marché et rachat du prestigieux casino de la station belge de Knokke-le-Zoute.
a 1996-1999 : Parallèlement, le groupe développe son activité hôtelière avec Le Méridien Garden Beach à Juan-les-Pins (06), le Club Méditerranée à Agadir au Maroc, à Djerba avec son concept original de centre d'animation avec casino, le Hilton de la Cité internationale de Lyon. Groupe Partouche rachète la participation de 99 % du Groupe Vivendi dans la Société Cannes Balnéaire, propriétaire du Palm Beach de Cannes, longtemps en sommeil, où est aujourd'hui transféré le casino Carlton. Le groupe passe au Premier marché de la Bourse de Paris au règlement mensuel coté en continu.
a 2000-2001 : Casinos en Andalousie, Roumanie (cédé depuis), à Port-Bacarès (66). Ouverture du 'pasino' d'Aix-en-Provence. Acquisition du 4 étoiles le Savoy Hotel à Cannes et du pôle 'Casino, Hôtels et Thermes de Contrexéville' et des Thermes de Vittel et ouverture du grand casino de Lyon, Le Pharaon.
a 2002 : OPA sur la Compagnie Européenne de Casinos remportée au prix d'un endettement très important, le groupe devient leader européen. Le CA de Groupe Partouche pour l'exercice clos au 31 octobre 2002 atteint alors 372 Me, en progression de 28 %, du fait de l'intégration de la CEC depuis mai 2002.
a 2004 : Extensions prévues avec le Palais de la Méditerranée à Nice, La Trinité-sur-Mer, Port-la-Nouvelle et du Havre, développement du Casino de Meyrin Genève. Le groupe compte poursuivre sa croissance externe.

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L'Hôtellerie Restauration n° 2851 Hebdo 11 décembre 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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