du 29 janvier 2004 |
ÉDITO |
Qui l'eut cru ? Le taux de TVA en restauration est en passe de
devenir une véritable affaire, sinon d'Etat (n'exagérons rien), du moins de débat
public et surtout médiatique. Rien que la semaine dernière, l'éditorialiste politique
du Point, Catherine Pégard, fait l'ouverture de son propos sur la détermination
de Jean-Pierre Raffarin à faire aboutir le dossier au-delà des oppositions manifestées
par nos partenaires, y compris l'Allemagne qui n'est pas une quantité négligeable, on en
conviendra.
Pendant ce temps-là, à Rome, Jacques Borel se livrait à son 'show' bien rodé sur la
question devant le parterre choisi des participants à la très select Convention
internationale de la restauration où les Français, professionnels et fournisseurs se
rendent traditionnellement en force.
Et, cerise sur le gâteau, oserait-on affirmer en ce domaine, le Premier ministre
lui-même, dans une interview au Journal du Dimanche du 25 janvier, n'hésite pas
à exprimer en termes vifs sa "déception profonde quant à la position de notre
partenaire allemand", ne répugnant pas à compléter par un inattendu "en
cas d'échec, nous prendrons des mesures franco-françaises"... Bigre. Que
signifie ce repli national pour accorder enfin à la restauration française le ballon
d'oxygène économique dont nul ne saurait aujourd'hui contester le besoin criant ?
Certes, pas une réduction 'sauvage' et unilatérale du taux de la TVA sans l'accord de
nos partenaires européens : politiquement trop risqué, juridiquement impossible et
moralement dangereux pour la crédibilité du gouvernement. Alors quoi ? Sans doute
Jean-Pierre Raffarin, dont on connaît le métier politique et la prudence de serpent,
n'a-t-il pas lancé cette réflexion sans idée bien arrêtée sur les mesures
susceptibles, au niveau hexagonal, de répondre du moins en partie aux aspirations des
professionnels.
Mais avant de s'emballer, attendons de voir ce que le gouvernement envisage.
En revanche, il faut se féliciter de l'impact médiatique et politique réussi par la
profession, et notamment André Daguin, qui s'est investi depuis son élection à la
présidence de l'Umih pour faire aboutir ce qui est aujourd'hui considéré comme une
mesure essentielle pour l'avenir de la restauration française. Ce fait également mérite
d'être souligné, et la leçon retenue : seule une politique inlassable de communication,
d'explication et de lobbying, toujours fatigante et parfois décourageante, permet de
faire progresser à un moment ou à un autre une revendication sérieuse et argumentée.
Le tumulte médiatique soulevé cette semaine valait bien qu'on s'y attarde quelque peu.
L.H. zzz80
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L'Hôtellerie Restauration n° 2857 Hebdo 29 Janvier 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE