du 12 février 2004 |
ÉDITO |
Heureusement, il y a les guides ! Du moins les vrais, ceux
qui, chacun dans leur genre, s'efforcent de répondre aux attentes de leurs lecteurs, et
pas de cultiver coteries et règlements de comptes.
Et la cuvée 2004 s'annonce sous les auspices des meilleures traditions, remettant
enfin à leur juste place les authentiques valeurs qui font de la cuisine française la
plus remarquable de notre planète, malgré quelques déclarations savamment calculées.
Il n'est pas indifférent que le GaultMillau, publié dès fin janvier,
désigne comme "cuisinier de l'année" un discret restaurateur de la
banlieue de Lorient dont le seul but est de "bien faire à manger", ce
qui est le fondement même du métier. Il était bon de le rappeler et de distinguer un
Jean-Paul Abadie dont la réussite n'est pas fondée sur le battage médiatique, la
plastique des serveuses ou les talents d'une attachée de presse.
Plus fort encore, le Michelin 2004 confirme sa vocation de guide au service
des automobilistes, même s'ils roulent avec des pneus américains, et pas de palmarès
des chefs comme il est trop souvent considéré. Certes, en ce monde où la nouveauté est
pour certains l'indispensable sel de l'existence, la consécration de valeurs sûres, la
récompense du travail acharné, la régularité de la prestation peut paraître hors du
temps. Heureusement, serait-on tenté de songer, en se réjouissant du retour aux 3
étoiles de Marc Meneau, un come-back qui mérite le respect, en se félicitant de la
reconnaissance du fils au niveau du père en attribuant la triple distinction à
Jean-Michel Lorrain ainsi confirmé à La Côte Saint-Jacques. Quant à Michel Trama,
depuis sa Bastide des Comtes de Toulouse, il peut mesurer le chemin parcouru de la rue
Mouffetard jusqu'à Puymirol où aujourd'hui, le bonheur est dans le pré... Dans cet
éloge, il serait injuste de ne pas mentionner tous ceux qui ont eu l'heur de plaire aux
inspecteurs des guides, et qui font de l'Hexagone le vrai paradis des gastronomes.
Quant à ceux, pourquoi pas, qui préfèrent l'air du temps et des modes fugitives,
faut-il leur rappeler l'exclamation du philosophe Jean Guitton à un François Mitterrand
méditatif sur ses vieux jours : "Etre dans le vent, c'est avoir un destin de
feuille morte..."
L.H. zzz80
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L'Hôtellerie Restauration n° 2859 Hebdo 12 Février 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE