du 19 février 2004 |
VIE PROFESSIONNELLE |
< À BORDEAUX
La nouvelle a fait l'effet d'une bombe : imaginez que vous venez d'investir 85 850 euros dans la refonte de votre terrasse couverte (déco...) laquelle, avec 30 couverts, représente l'essentiel de votre activité, et que l'on vous apprend qu'en raison des travaux du tramway, votre autorisation de terrasse sera supprimée en 2004, durant 2 ans au moins...
La
façade du restaurant Gravelier au 114, cours de Verdun à Bordeaux. Gravelier est l'un
des fleurons de la gastronomie bordelaise.
C'est
ce qui est arrivé à Anne-Marie et Jean-Yves Gravelier, qui depuis onze ans sont
installés cours de Verdun, dans une artère chic de Bordeaux centre. Le restaurant qui
emploie 8 personnes et enregistre une croissance du chiffre d'affaires de 20 % chaque
année depuis 3 ans, est considéré à juste titre comme l'une des meilleures tables de
la cité ; même la mairie le reconnaît, et se dit prête à aider l'établissement.
"Michel Duchêne, adjoint d'Alain Juppé, nous a d'abord proposé de nous aider à
trouver un local, confie Anne-Marie Gravelier. Les deux espaces visités sont
inenvisageables. Dans les futurs hangars rénovés sur les quais, l'espace réservé à la
restauration est merveilleusement situé, mais l'environnement, entre jardinerie et autres
surfaces commerciales, ne correspond pas à notre positionnement. En outre, le loyer
demandé est de 6 400 euros par mois. Quant à la brasserie du Grand Théâtre, impossible
d'y travailler avec une cuisine en sous-sol sans lumière naturelle." Retour donc
à la case départ. Autre proposition de la mairie, débloquer des subventions avant même
d'avoir rempli le dossier de perte d'exploitation consécutif aux travaux du tramway.
"Or selon notre avocat, ceci est juridiquement impossible." Et comme il
n'y a pas d'expropriation, aucune aide financière publique n'est possible. Dernière
solution, préconisée par des architectes de renom qui connaissent parfaitement leur
métier : faire en sorte que les travaux du tramway évitent la destruction de la
terrasse. Il suffit pour cela de 'couder les gaines techniques'. A la mairie, une fois de
plus, on affirme rouvrir le dossier et l'étudier si cette solution est possible. Pour
Anne-Marie Gravelier, qui n'est pas fille de Pierre Troisgros pour rien, il n'y a pas
d'alternative. "Sans terrasse, l'établissement est condamné. Or, face à nos
engagements financiers, un crédit qui court jusqu'en 2010, il serait totalement
irresponsable d'investir dans un autre restaurant." Et d'envisager sérieusement
de rechercher une bouffée d'oxygène ailleurs, à l'étranger durant 2 ans. La
réputation du chef n'est plus à faire, les sollicitations sont là. Si la mairie ne fait
rien, Bordeaux perdra dès juillet prochain (date prévue des travaux), une table
réputée et 8 salariés se retrouveront sur le carreau. Est-ce bien raisonnable ?
B. Ducasse zzz22v
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L'Hôtellerie Restauration n° 2860 Hebdo 19 Février 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE