du 26 février 2004 |
TRIBUNE LIBRE |
Par Joseph Olivereau
On peut être certain qu'un
remaniement ministériel aura lieu au plus tard au printemps prochain après les
élections régionales. Nous avons donc le temps de faire part de nos vux aux
instances dirigeantes.
N'étant plus directement concerné, mais essayant d'observer avec un il
objectif, j'aimerais voir s'ouvrir un débat qui concerne tous les professionnels du
tourisme, étant conscient que des avis différents du mien ne manqueront pas d'émerger
et seront utiles. De ces avis peut-être divergents, pourrait naître une solution
satisfaisante. En tout cas, on ne pourra pas nous reprocher de nous être désintéressés
du problème. Je me propose donc d'ouvrir le feu en livrant mon propre avis : je ne suis
ni pour un secrétariat d'Etat au tourisme, ni pour un ministère plein du tourisme,
indépendant.
Je m'explique :
Depuis 40 ans que je navigue dans les sphères du tourisme hôtelier, puis président
des Relais & Châteaux, puis conseiller technique au secrétariat d'Etat au tourisme,
et maintenant consultant en hôtellerie et tourisme, et représentant du comité régional
du tourisme au Conseil économique et social d'Ile-de-France, j'ai vu notre industrie
touristique rattachée à un ministère, puis à un autre, au gré des changements de
gouvernement.
Nous avons dépendu de l'industrie, de l'équipement, des transports, du commerce
extérieur, du commerce et de l'artisanat, de la jeunesse et des sports, et j'en passe. A
plusieurs reprises, on a même été purement et simplement oubliés et raccrochés au
dernier moment à un grand ministère voulant bien nous héberger.
A deux reprises, nous avons eu un ministère plein et exclusif... mais avec un budget
ridicule qui correspondait à un strapontin au Conseil des ministres. Bref, nous avons
toujours été transbahutés comme si l'on ne savait pas quoi faire de nous.
Cela prouve deux choses :
que le tourisme n'est décidément pas pris au sérieux dans notre pays alors qu'on
en connaît l'importance sur l'économie, sur notre balance des paiements, sur l'emploi et
sur l'image de la France à l'étranger ; qu'il a un caractère transversal. En effet, il
est vrai que nous sommes concernés par l'industrie, l'équipement, le commerce
extérieur, et tous les autres ministères qui nous ont hébergés, et même de ceux qui
n'ont jamais hérité de nous, tels que l'agriculture, la culture et la communication,
l'économie et les finances, les affaires étrangères...
Ma position personnelle est la suivante :
Puisque le Premier ministre actuel croit au tourisme et l'a prouvé, tout au moins
dans ses déclarations, puisqu'il dit et pense qu'il attend des Français qu'ils soient
réactifs, puisque nous constituons une activité transversale, puisque la
décentralisation va bouleverser les organisations régionales actuelles tout en
nécessitant une coordination nationale, notamment pour la promotion à l'étranger de
notre image et de nos produits, puisque nous avons besoin de plus de moyens, demandons à
être rattachés directement au Premier ministre via un commissaire au tourisme (comme
c'était le cas au début des années 60), ou à un ministre délégué (cette dernière
solution 'sonnant' mieux), et demandons aux différents ministères concernés par le
tourisme et cités plus haut de consacrer un faible pourcentage de leur budget au tourisme
et de l'ajouter à notre maigre budget actuel, et faisons arbitrer par le Premier ministre
lorsque cela est nécessaire.
Cela nous donnerait poids, moyens et efficacité. Je ne vois que des avantages à une
telle solution. Mais à défaut - je dis bien à défaut - d'être rattachés au Premier
ministre, nous pourrions à la rigueur être rattachés à l'économie et aux finances,
puisque c'est Bercy qui détient les cordons de la bourse, toujours via un commissaire au
tourisme ou un ministre délégué.
Aux problèmes de structures, il faut ajouter celui de l'homme chargé du tourisme.
Combien de fois avons-nous vu le choix se porter sur un homme sympathique certes, et sans
doute compétent, mais qu'il fallait surtout récompenser ou parce qu'il fallait 'faire la
pesée', 'l'appoint' entre les partis politiques ou les régions. Nous avons besoin d'un
homme jeune, actif, mobile. Il y a parmi les jeunes députés des personnalités qui
croient au tourisme et qui déplorent la situation actuelle. J'en ai rencontré. C'est à
eux qu'il faut faire appel. De meilleures idées sortiront peut-être du débat.
Interrogeons les représentants des hôteliers, des restaurateurs, des
cafetiers-limonadiers, des tour-opérateurs, des agents de voyages, des transporteurs, les
dirigeants de Maison de la France, et aussi... des pouvoirs publics. Une vraie table
ronde. Un vrai sujet. Et si en conclusion l'opinion de la profession était prise en
considération ? On a le droit de rêver. On a surtout le devoir d'être constructif. zzz22v zzz36v
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L'Hôtellerie Restauration n° 2861 Hebdo 26 février 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE