du 4 mars 2004 |
FAIRE CARRIÈRE |
< DE GENÈVE À VANCOUVER, DE LONDRES À MIAMI
Il est possible de travailler dans le secteur des CHR en alliant goût du voyage et du métier au gré des contrats saisonniers. C'est le choix de vie de Jean-Philippe Abadie, maître d'hôtel indépendant et bon vivant.
Jean-Philippe
Abadie, 42 ans, maître d'hôtel et aventurier.
En
mars 2004, Jean-Philippe Abadie, 42 ans, va prendre le large à bord d'un des bateaux de
croisière de la Cunard Line. Cette fois, il embarquera comme maître d'hôtel, et il est
content. "En principe, les compagnies de croisière n'aiment pas embaucher de
nouveaux arrivants à des postes où il faut manager une équipe. Elles préfèrent
embaucher au bas de l'échelle et former les novices à leurs propres habitudes de maison.
Mais j'ai fait valoir mes expériences passées sur d'autres bateaux de croisière, et la
compagnie Cunard vient de me téléphoner pour m'informer que j'embarquerai le 6 ou le 16
mars prochain." Effectivement, Jean-Philippe Abadie a déjà travaillé plusieurs
fois sur des bateaux de croisière. La première fois, c'était il y a 13 ans, à bord du
navire Horizon de la Celebrity Lines Cruises. "Il s'agissait d'un contrat de 5
mois. J'avais été embauché comme serveur, alors que j'avais postulé pour un poste
d'assistant maître d'hôtel. J'ai trouvé l'expérience assez dure et stressante. Le plus
difficile était de gérer des comportements bien spécifiques selon l'origine régionale
ou culturelle des clients. Même s'ils étaient pour la plupart américains, leurs
attentes et leur manière de les exprimer étaient radicalement différentes selon qu'ils
venaient de New York, du Middle West ou du Texas, ou encore s'ils étaient de culture
noire-américaine, juive-américaine ou encore s'ils étaient américains de souche. En
outre, à cette époque, nous étions payés en grande partie en fonction de la
satisfaction du client. Nous étions responsables d'un secteur comprenant un certain
nombre de clients, et pour recevoir un salaire convenable, il fallait que chaque client
ait noté 'excellent' sur sa fiche d'évaluation."
A l'issue de son contrat, Jean-Philippe Abadie regagne la terre ferme des côtes
françaises, mais, échaudé par sa première expérience à bord d'un bateau de
croisière, il attendra 1995, puis 2003 pour embarquer à nouveau.
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Succession de contrats saisonniers en France et à
l'étranger
Toutefois, avoir mis pieds à terre n'empêche pas Jean-Philippe Abadie de voyager,
car l'homme est un aventurier. Déjà, pour son premier poste, en 1979, il avait choisi de
travailler hors de France, à Genève à l'hôtel InterContinental où il est embauché
comme commis de rang. Interrompu dans son élan par le service militaire, il fait escale 8
mois à l'hôtel George V à Paris, où il obtient un poste de sommelier. Il poursuit,
ensuite comme chef de rang successivement dans 2 établissements genevois de luxe. Mais
cette fois-ci il a été embauché sans être déclaré, et ne parvenant pas à obtenir un
permis de travail, il doit quitter la Suisse.
Qu'à cela ne tienne, Jean-Philippe est bien déterminé à voir de nouveaux
horizons. Après un contrat saisonnier au Majestic à Cannes pendant la durée du festival
du film en 1983, il s'envole vers le Canada, pour travailler comme maître d'hôtel dans
un 4 étoiles de Banff, au cur du parc national, puis dans un restaurant de
Vancouver. Cette expérience dure 1 an, et lui permet de perfectionner son anglais, et de
découvrir une autre façon de travailler. "Au Canada, comme aux Etats-Unis,
d'ailleurs, il y a un vrai sens du service. Le personnel doit se vendre au client pour
gagner plus. Du coup, il est plus impliqué, et travaille mieux. Ce n'est pas seulement
dû au fait que les salariés sont payés aux pourboires, mais aussi parce que les
directions d'établissements managent mieux leur personnel, et prennent le temps de les
former pour les motiver dans leur travail. Cette mentalité commence à s'introduire tout
doucement en France avec les restaurants de chaînes, mais cela n'a encore rien à voir
avec la façon de travailler des Canadiens et des Américains."
A son retour, il ne pouvait donc pas concevoir de proposer une autre qualité de
service à la clientèle, et c'est tout naturellement qu'il trouve une place de chef de
rang dans un hôtel-restaurant 4 étoiles de Lausanne, où il fait 4 saisons de 9 mois,
suivies d'une saison au Plaza Athénée à Paris.
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Il cible des établissements haut de gamme
Mais pas question de s'enraciner, notre maître d'hôtel à l'esprit voyageur
poursuit son périple pour rechercher du travail de l'autre côté de la Manche. A
Londres, il trouve une place de maître d'hôtel au restaurant Le Gavroche, célèbre
restaurant 3 étoiles Michelin. Très vite, après 10 mois, le directeur, lui
propose de prendre la direction des restaurants d'un nouvel hôtel golf qu'il vient
d'ouvrir au nord de Londres. Jean-Philippe Abadie accepte. "J'ai donc organisé
l'ouverture d'un bar, d'un restaurant, d'un salon de thé, j'ai embauché le personnel, et
j'ai géré 25 à 30 personnes. Au bout d'un an, estimant n'être pas payé en
corrélation avec mes fonctions, j'ai demandé une augmentation, mais celle qu'on m'a
proposée n'était pas suffisante. J'ai donc démissionné." Quitter un poste
aussi important sans aucune autre garantie d'emploi n'était pas un problème pour
Jean-Philippe Abadie, car il ne cherche pas à faire carrière. Ce qu'il aime, c'est
prendre du bon temps, voyager, rencontrer des gens, et il sait qu'il retrouvera sans
problème un poste de maître d'hôtel saisonnier dans un ou plusieurs établissements de
luxe.
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Un choix de vie vous imposant d'être prévoyant
Depuis toujours, il conçoit son travail comme un moyen de vivre bien et de profiter
de la vie. La restauration de luxe, comme les bateaux de croisière, sont un bon moyen de
joindre l'utile à l'agréable. Certes, pendant une saison, il travaille intensivement,
mais en contrepartie, il perçoit un salaire confortable, et à la fin du contrat, il
profite de la vie et des rencontres, avant de se lancer dans une nouvelle expérience
professionnelle qu'il ne programme jamais à l'avance. Jean-Philippe Abadie reconnaît
toutefois que son parcours n'a été possible que parce qu'il n'a pas de vie de famille.
En outre, ce choix de vie présente aussi des inconvénients non-négligeables, comme par
exemple, le fait de ne pas cotiser pour la retraite. Si dans certains cas, comme lors de
ses contrats en Suisse, il a pu cotiser localement auprès d'un organisme qui lui versera
une pension vieillesse, cela n'a pas été le cas à chaque fois, notamment lors de ses
contrats à bord de croisiéristes. Jean-Philippe Abadie a donc dû être prévoyant et
réfléchir à un autre moyen de préserver son niveau de vie à l'âge de la retraite :
il a opté pour l'investissement immobilier, et a acquis des biens qu'il met en location
et qui, à l'âge de la retraite, lui assureront un petit revenu. La carrière de
Jean-Philippe Abadie ne se résume pas à ses seules expériences comme maître d'hôtel
dans des restaurants haut de gamme. Il a eu aussi l'occasion de s'essayer à des postes
aussi disparates que réceptionniste, bagagiste, concierge ou encore directeur d'hôtel,
ou simple serveur, et ceci aussi bien en France qu'en Allemagne, ou à Miami. A chaque
fois, il a choisi de s'enrichir des expériences aussi bien professionnellement
qu'humainement, tant est si bien qu'il est aujourd'hui quadrilingue, et heureux de pouvoir
embarquer à nouveau à bord d'un paquebot de la Cunard Line pour exercer son métier de
maître d'hôtel et s'enrichir de cultures étrangères.
T. Beausseron zzz54m
Extrait des terres d'élection de
Jean-Philippe Abadie a La Suisse : a
Le Canada : a
La Grande-Bretagne : a
Miami et les Caraïbes à bord des
bateaux de croisière : |
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L'Hôtellerie Restauration n° 2862 Hebdo 4 mars 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE