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du 4 mars 2004
VIE PROFESSIONNELLE

Bistros, restos

BIENTÔT UN PERMIS D'EXERCER

La semaine dernière, l'amendement conduisant à la création d'un permis d'exploitation pour les débitants de boissons alcooliques a été adopté en première lecture à l'Assemblée nationale. Il a été présenté dans le cadre du projet de loi sur les responsabilités locales par Thierry Mariani, député du Haut-Vaucluse et maire de Valréas. Ce permis d'exploitation, réclamé dans un premier temps par les syndicats professionnels pour les détenteurs de licence IV, va concerner tous les exploitants vendant des boissons à consommer sur place de 2e, 3e et 4e catégories.
Explications de Thierry Mariani. zzz66b zzz74v

Propos recueillis par S. Soubes


Thierry Mariani.

L'Hôtellerie : Cet outil, sous différentes formes, était évoqué depuis plusieurs années par les syndicats. Pourquoi l'avoir défendu ?
Thierry Mariani : Je suis parti d'un double constat : aujourd'hui, on peut être vendeur de chaussettes et devenir le lendemain patron de bar sans la moindre formation. Or, c'est un métier à responsabilités. Ca n'a jamais été un métier facile et l'exercer est de plus en plus complexe. Je suis parti de mon expérience de maire de Valréas. Lorsque les établissements ont des problèmes et subissent des fermetures administratives, à chaque fois ou presque, l'exploitant est perdu. Il ne comprend pas pourquoi il en arrive là. Dans mon esprit, c'est une vraie formation qui aboutira à une évaluation réelle des connaissances. Il ne faut surtout pas que ce soit un certificat distribué systématiquement. Il faut que les personnes soient assidues, qu'il y ait un enjeu professionnel. Le titulaire qui obtiendra le permis d'exploitation devra prouver son acquis. Je suis conscient que rien ne remplace l'expérience, toutefois, la formation est une nécessité.

L'Hôtellerie : Cet amendement vient d'être adopté dans le cadre de la loi sur les responsabilités locales. Quel rapport ?
Thierry Mariani : C'est dans le même esprit que l'amendement que j'ai fait passer au début de l'année dernière, qui réduit la mesure de fermeture justifiée par des motifs de police administrative de 6 mois à 2 mois. La mesure a été adoptée dans le cadre de la loi sur la sécurité intérieure. Elle n'était pas, à l'origine, inscrite à l'ordre du jour. Simplement, j'ai profité d'une fenêtre qui permettait de la glisser. Cette fois, la loi sur les responsabilités locales comprenait un volet formation, dans lequel nous avons placé le permis d'exploitation.

L'Hôtellerie : Quels sont les rédacteurs du texte et comment sera-t-il appliqué ?
Thierry Mariani : Le texte, tel qu'il vient d'être voté en première lecture à l'Assemblée nationale, a été discuté durant 4 mois, principalement avec l'Umih et le Synhorcat. La CPIH a été informée régulièrement des avancées du projet et invitée à me faire part de ses observations. Le texte sera applicable un an après la parution au Journal officiel. On peut estimer que la loi sera adoptée aux alentours du 5 janvier 2005. Dès lors, elle s'appliquerait aux professionnels désireux de s'installer à partir de janvier 2006. L'année entre le vote et l'application va permettre aux pouvoirs publics (ministère de la Santé, ministère de l'Intérieur...) et aux organismes professionnels concernés de se mettre d'accord sur ses modalités pratiques.

L'Hôtellerie : Jusque-là, le principe devait s'appliquer aux licences IV uniquement. Le texte l'étend à d'autres licences. Pourquoi ? En outre, les professionnels, sur le terrain, ne risquent-ils pas de percevoir cette formation comme une contrainte supplémentaire ?
Thierry Mariani : C'est le souhait des syndicats professionnels. Les problèmes de société touchent tout le monde et pas uniquement les détenteurs d'une licence IV. Vous savez, je suis issue d'une région viticole. C'est une production qui me tient à cœur. Il est toutefois certain que la restauration doit réfléchir à une politique de vente de vins intelligente et novatrice. Ce permis ne doit pas être vécu comme une contrainte. Cela fait un certain nombre d'années que je travaille sur le secteur de l'hôtellerie et de la restauration. J'ai présidé pendant 9 ans le Comité départemental du tourisme du Vaucluse, et j'ai fait beaucoup de chemin avec Franck Gomez, président de l'Umih 84. A partir de cette expérience, je suis convaincu que cet outil est vraiment le moyen d'adoucir les textes. La société change, le métier évolue. C'est une adaptation nécessaire. Vous savez, ce permis doit aussi permettre aux professionnels de connaître leurs droits. Et pire, les possibilités que la loi leur donne pour se défendre.

L'objectif des syndicats

< Bernard Quartier, président de la FNCBD au sein de l'Umih
"C'est une proposition qui était en gestion depuis longtemps et qui est plus particulièrement à l'initiative de Jean-Marc Le Carour. Toutes les professions ont besoin d'une formation, c'est le moyen de professionnaliser le métier. C'est le moyen d'entrer dans la modernité. Les termes de l'arrêté d'application ne sont pas établis. Pour le moment, rien n'est fait. Ce qui veut dire que tout est possible, tout est en gestation. Nous allons dès à présent nous mettre au travail, en discuter, pour mettre ce qu'il y a de mieux dedans. On veut avertir les gens sur les ventes d'alcool, les prévenir sur ce qui peut être fait ou pas fait. Tous les chefs d'entreprise ont une formation. C'est quelque chose qui doit permettre aux exploitants de mettre le pied à l'étrier. C'est le moyen de dire que le métier a des règles."

< Hervé Dijols, président des cafetiers du Synhorcat
"Le professionnel doit être informé. Il doit connaître ce qui l'entoure. C'est le rôle des syndicats de former et de défendre ses troupes. Lorsqu'on va défendre nos collègues, on s'aperçoit qu'il y a une méconnaissance quasi-totale des réglementations en vigueur. S'ils possèdent des brides de connaissances, ils n'appréhendent ni la forme, ni le fond. Notamment sur tout ce qui touche la sécurité. Notre objectif est d'abord et surtout d'être crédibles auprès des administrations. Le système, en France, donne un pouvoir régalien aux préfets. On tombe trop souvent dans des problèmes de personnes. Ça ne va pas. Je ne vais pas vous apprendre qu'une fermeture de six mois équivaut à un arrêt de mort de l'entreprise.
Ce permis est une étape importante et qui doit conduire à une refonte du Code des boissons (Code de la santé publique). Ce n'est pas à 1 ou 2 ans qu'il faut voir. Mais à 5 ans, avec des professionnels capables de maîtriser tous les aspects de leur activité."

 

Le permis d'exploitation : principe et loi

C'est la mise en place d'un permis d'exploitation attribué après une formation d'une durée de 2 à 3 jours. La formation va être mise en place par les syndicats professionnels et sera dispensée par des organismes agréés par arrêté du ministre de l'Intérieur. La validité du permis d'exploitation est fixée à 10 ans et les modalités d'application seront arrêtées par décret du Conseil d'Etat.
Le texte prévoit en outre qu' : "à l'issue de cette formation, l'exploitant ou le futur exploitant doit avoir une connaissance notamment des dispositions du Code de la santé publique relatives à la prévention et la lutte contre l'alcoolisme, la protection des mineurs et la répression de l'ivresse publique, mais aussi de la législation sur les stupéfiants, la tolérance de revente de tabac, la lutte contre le bruit, les faits susceptibles d'entraîner une fermeture administrative, les principes généraux de la responsabilité civile et pénale des personnes physiques et des personnes orales et la lutte contre la discrimination".
Ce permis sera "obligatoire" pour tout exploitant (lorsqu'il y a reprise d'activité) ou nouvel exploitant de débits de boissons à consommer sur place de 2e, 3e et 4e catégories (elle sera rendue obligatoire pour ces catégories un an après promulgation de la loi) ou d'établissements pourvus de la petite licence restaurant ou de la licence restaurant (l'obligation pour eux est portée à 3 ans après promulgation de loi). Les coûts de cette formation ne sont pas définis.


Navette législative
L'amendement (Article L.3332-1-1) entre dans le projet de loi sur les responsabilités locales. Une première lecture a eu lieu au sénat fin 2003.
La loi est en cours de première lecture à l'Assemblée nationale. L'amendement concernant le permis d'exploitation vient quant à lui d'être adopté. La loi repartira ensuite au sénat et elle reviendra en seconde lecture à l'Assemblée nationale.
Elle sera entérinée par le Conseil constitutionnel.
Le Premier ministre souhaitait que cette loi soit votée définitivement avant le 1er août. Elle le sera au plus tard en janvier 2005.

Sy. S.

Dernière minute
Pour la première fois à l'Assemblée nationale, un groupe d'étude sur les métiers de la restauration, de l'hôtellerie et des loisirs a été créé à l'initiative de Thierry Mariani. Le but : réunir un groupe de parlementaires qui suivent régulièrement les dossiers de manière volontaire et souhaitent s'investir. "Il existe 150 groupes d'études et il était paradoxal qu'un secteur aussi important ne soit pas représenté", commente le député du Haut-Vaucluse. Le 2 mars, alors que nous sommes sous presse, les membres du bureau vont être élus. Une centaine de députés (sur les 577 que compte l'hémicycle) se sont inscrits à ce nouveau groupe dont la présidence revient à celui qui l'a créé, c'est-à-dire à Thierry Mariani. Les membres du bureau sont élus à la proportionnelle. Toutes les tendances politiques sont ainsi représentées.

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L'Hôtellerie Restauration n° 2862 Hebdo 4 mars 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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