du 6 mai 2004 |
RESTAURATION |
NANTES (44)
La Comète lâche l'étoile
Etoilé Michelin, Le Manoir de la Comète près de Nantes a fermé fin avril. Edith et Christian Thomas-Trophime lâchent le gastronomique pour ouvrir une brasserie, Félix, au cur de la cité des ducs de Bretagne. Sans rancur, mais avec lucidité, Christian Thomas-Trophime explique son choix à L'Hôtellerie.
Edith et Christian Thomas-Trophime, du gastro à la brasserie. |
L'Hôtellerie :
Dans quel état d'esprit quittez-vous ce Manoir de la Comète où vous avez uvré
pendant 26 ans ?
Christian Thomas-Trophime : Je suis heureux d'avoir fait ce que j'ai fait. Je pense
avoir tenu cet établissement avec rigueur, axant mon travail sur la qualité des
produits. Je me suis régalé et je ne regrette absolument rien.
L'H. : Alors
pourquoi tourner la page ?
C.T.-T. : Avant la guerre du Golfe, on travaillait
confortablement avec les clientèles d'affaires et familiale. Tous les ans nos marges
montaient. Du jour au lendemain, on est passé de 45 à 15 couverts par jour. Il a fallu
nous battre et innover sans cesse pour attirer les clients : formules privilèges, vin au
verre, cours de cuisine, soirées à thème, etc. Malgré tout, c'est un fait, nous ne
travaillons plus comme avant, et même la clientèle fidèle décroche. Si aujourd'hui je
reste là, je n'y arriverai pas.
L'H. : Pour
quelles raisons, d'après vous ?
C.T.-T. : Mais qui peut encore se payer le restaurant
aujourd'hui ? C'est devenu un luxe, et je trouve inadmissible qu'une partie de la
population ne puisse plus se l'offrir. La crise des années 90 est passée par là. Et
récemment, quand le social nous est tombé dessus, alors là je me suis mis à
réfléchir encore plus vite que d'habitude. Mais dans le même temps, je comprends le
social, le personnel ne peut plus travailler comme avant. Les jeunes demandent un métier
avec des horaires fixes, des congés, etc. C'est d'une logique implacable !
L'H. : Vous
semblez pessimiste quant à l'avenir de la gastronomie.
C.T.-T. : Je pense que nos outils ne sont plus adaptés
pour affronter efficacement les problèmes qui nous sont posés actuellement. A une
époque, sur Nantes, nous étions 7 étoilés. Aujourd'hui, nous ne sommes plus que 2. Et
je pense qu'à l'avenir, dans ce type de restauration, il n'y aura la place que pour un
établissement par département. Les autres ne pourront plus suivre.
L'H. : Vous pensez
que la brasserie est plus adaptée à notre société ?
C.T.-T. : Je vais me débarrasser du décorum,
écraser les prix par le volume, proposer au personnel des horaires fixes, cuisiner pour
toutes les générations, ne proposer que des plats à la carte, multiplier les vins au
verre... Je veux démocratiser la cuisine et travailler pour la France du milieu ! Et
pourquoi ne pourrait-on pas bien manger en brasserie ? Je garde les mêmes fournisseurs,
et je cuisinerai de la même façon en restant au plus près des saisons... et de la
rentabilité. Ne vous y trompez pas, dans 5 ans ou plus, le guide Michelin
'étoilera' des brasseries.
O. Marie zzz22v zzz18p
Une brasserie nommée Félix Idéalement située en bordure du canal Saint-Félix et en face d'une dalle piétonnière, dans le quartier nantais en vogue, la brasserie Félix occupera le rez-de-chaussée de l'immeuble de la direction générale de la communauté urbaine de Nantes, devant accueillir pas moins de 600 personnes, élus et cadres. Sans oublier le palais des congrès, juste de l'autre côté de la rue, avec lequel Félix a déjà engagé des partenariats. L'établissement (35 employés) ouvrira 7 jours sur 7, devrait comporter de 135 à 140 places (90 en terrasse) et disposera d'un parking de 180 places avec voiturier. Dans une ambiance contemporaine cosy aux tons gris, noir et rouge, Félix présentera une carte resserrée de 6 entrées, 6 plats et 6 desserts pour un prix moyen couvert de 30 à 35 e. Exit le plat du jour et le menu. Félix proposera des brunchs les dimanches de 11 heures à 18 heures (deux formules à 23 et 30 e), et permettra à ses clients de repartir avec une bouteille entamée, etc. La carte des vins se limitera à 10 vins abordables, de chaque région. Ouverture (très) attendue début juin. |
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L'Hôtellerie Restauration n° 2871 Hebdo 6 mai 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE