du 20 mai 2004 |
ÉDITO |
En écrivant naguère un témoignage intitulé Libre,
Nicolas Sarkozy avait signifié à ses lecteurs qu'il entendait bien rester maître de sa
pensée et de sa parole en toutes circonstances. Rendons-lui cette justice qu'il n'a pas
dévié de cette ligne malgré les hautes et délicates fonctions qu'il occupe aujourd'hui
à Bercy où il lui faut concilier impératifs budgétaires et croissance économique en
tenant compte des susceptibilités des uns et des autres.
Il n'empêche, le courage en politique étant une denrée rare en ces temps de
police des consciences exercée par les ayatollahs de la bienpensance, il faut saluer la
prise de position de notre ministre de l'Economie et des Finances à propos des 35 heures
: dans une interview au Figaro, Nicolas Sarkozy n'hésite à braver les tenants du
politiquement correct en dénonçant notamment "le désastre financier des 35
heures supporté par l'Etat, c'est-à-dire par le contribuable". Voilà une
réalité, hélas trop souvent masquée, qui illustre les méfaits d'une mesure
autoritaire et aveugle que la profession n'a eu de cesse de dénoncer. Et pour cause :
comment appliquer de tels temps de travail dans une activité de services à forte
intensité de main-d'uvre sans provoquer des catastrophes en termes d'équilibre
financier ?
Car il est évident que la réduction du temps de travail dans l'hôtellerie et la
restauration ne peut s'effectuer que progressivement et prudemment, en considérant, Dieu
merci, que les tâches des métiers d'accueil sont impossibles à mécaniser.
En exprimant tout haut ce que beaucoup se contentaient de murmurer, en donnant à
son opinion le poids de son importance dans le gouvernement, en relayant les conclusions
du rapport parlementaire Ollier-Novelli que le nouveau leader de FO a cru bon de
stigmatiser en l'envoyant "au congélateur", Nicolas Sarkozy relance
opportunément un débat qui ne peut être enterré au nom d'une idéologie aujourd'hui
obsolète.
A la profession, pour qui le nouveau locataire de Bercy a pris l'engagement de
respecter les baisses de charges promises "dans la mesure où elles serviront à
créer des emplois", il appartient maintenant de conduire une réflexion
approfondie sur le temps de travail, d'adapter son organisation aux exigences du métier
et aux aspirations des salariés, bref de saisir la perche tendue par Nicolas Sarkozy. Un
homme qui s'affirme 'libre'...et qui le démontre.
L. H. zzz80
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L'Hôtellerie Restauration n° 2873 Hebdo 20 mai 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE