du 3 juin 2004 |
ACTUALITÉ JURIDIQUE |
Annuaires touristiques
De nombreux professionnels ont rempli et signé une fiche de renseignements qui se révèle par la suite être un bon de commande. Maintenant, on vous demande de payer. Comment réagir face à de tels agissements qui se révèlent être une arnaque à grande échelle ?
Comme
bon nombre de vos collègues, vous recevez de nombreuses propositions commerciales par
courrier ou par télécopie. Dans ce cas-là, vous êtes plus vigilant et prenez le temps
de regarder la proposition avant de décider d'y donner suite ou non. Mais parmi ce
courrier, il peut aussi vous arriver de recevoir une demande de renseignement ou de
vérification de coordonnées de votre établissement, sur une feuille à en-tête d'un
pseudo guide dont vous n'avez jamais entendu parler. Sans grande illusion, mais en vous
disant que toute publicité sur votre établissement est bonne à prendre, si minime
soit-elle, vous remplissez le document. Et de toutes les façons, cela ne vous engage à
rien, puisque l'on vous demande seulement vos coordonnées...
Mais c'est là que le piège se referme : derrière ce document tout à fait anodin
se cache en fait un contrat d'insertion publicitaire. En effet, à l'instar de vos
collègues débordés, vous n'avez pas pris garde aux mentions en caractères beaucoup
plus petits, à peine lisibles (ou avec beaucoup d'attention), qui vous précisent qu'il
s'agit d'un bon de commande pour passer dans un guide international moyennant la modeste
somme de 989 e (pour paraître dans la prochaine édition du CD-Rom Tourist Directory).
Pire que tout, vous avez non seulement conclu un contrat, mais vous vous êtes aussi
engagé pour une durée de trois ans, soit un montant total de 2 967 e. Ce qui fait cher
la fiche de renseignements...
Ces sociétés n'hésitent pas en plus à faire appel à des sociétés de
recouvrement de créances, qui se chargent ensuite de harceler les professionnels pour
qu'ils effectuent les versements demandés.
Les professionnels qui ont renvoyé le formulaire signé et qui sont ensuite
harcelés pour effectuer les versements ont le sentiment d'avoir été piégés. Certains
d'entre vous refusent catégoriquement de payer les sommes réclamées, d'autres finissent
par payer, estimant ne pas pouvoir faire autrement ou par lassitude.
Sachez que ces entreprises procèdent à des envois en très grand nombre, et
comptent sur un taux de retour avec paiement qui peut atteindre 10 %.
Une arnaque à grande échelle
Cette arnaque, qu'il ne faut pas hésiter à qualifier de telle, est utilisée
depuis plusieurs années par des sociétés le plus souvent situées à l'étranger.
Tourist Directory, localisée en Suisse, n'est pas la première ni la dernière à
utiliser cette pratique. Il y a quelques années, en 2000, une autre société dont nous
avions dénoncé les pratiques (Tour & Travel Guide, située au Lichtenstein) avait
déjà utilisé le même procédé auprès des CHR.
En effet, ces sociétés ne démarchent que des professionnels situés dans
d'autres pays afin d'éviter dans un premier temps les enquêtes et les poursuites de la
part des autorités de leur pays. Ou bien elles choisissent, pour les mêmes raisons, de
s'implanter dans des pays européens ne faisant pas partie de l'Union européenne ou dont
la législation locale est moins réglementée.
Il faut savoir que cette arnaque est plus facile pour ces sociétés étrangères.
En effet, si une société située en France s'amusait à ce genre de pratique, elle
tomberait aussitôt sous le coup de l'article 121-1 du Code de la consommation, qui
interdit toute publicité de nature à induire en erreur.
Des sociétés condamnées qui déménagent
Lorsque les entreprises ont leur siège à l'étranger, la DGCCRF (Direction
générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) met en
place une coopération administrative avec les autorités d'autres pays européens afin de
lutter contre ces pratiques commerciales déloyales. Mais cette collaboration n'empêche
pas certaines entreprises de continuer à sévir.
Ainsi, la société European City Guide, implantée à Barcelone, a été
condamnée le 28 mars 2001 par le ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme de
la généralité de Catalogne à payer une amende de 22 900 e pour publicité de nature à
induire en erreur. Cette sanction administrative était assortie d'une publication de la
décision. En septembre 2003, cette même société a été condamnée par les autorités
catalanes à une amende de 300 000 e et à une fermeture temporaire d'un an. Mais en
janvier 2004, European City Guide a quitté Barcelone pour s'installer dans la ville
espagnole de Valencia, où la sanction du gouvernement de Catalogne et les décisions du
tribunal supérieur de justice de Catalogne ne sont pas applicables.
P. C. zzz66h
Que faire face à un tel envoi ?a Surtout ne pas renvoyer le formulaire. Regardez toujours où vous devez adresser votre courrier : à partir du moment où il s'agit d'une adresse à l'étranger, soyez encore plus vigilant. Ne renvoyez rien et prenez le temps de bien lire tout le document attentivement. a Vous avez malheureusement renvoyé le
formulaire, et maintenant cette société vous demande de payer, en vous envoyant lettre
de rappel sur lettre de rappel - le montant se trouve majoré de frais à chaque courrier.
a Ces sociétés n'hésitent pas à utiliser
les services de sociétés de recouvrement françaises. C'est la même chose : vous n'avez
pas à payer dans ce cas-là non plus. Ces sociétés n'ont pas le pouvoir de vous faire
payer. Elles ont aussi besoin d'un titre exécutoire, a On vous envoie l'annuaire. Refusez-le, ne l'ouvrez surtout pas et retournez-le à son expéditeur. Peu importe à quel stade de la procédure vous en êtes : ne payez rien. Si vous payez ou avez payé, vous aurez très peu de chances de récupérer les sommes d'argent versées. a Votre envoi provient de la société Nova
Chanel Tourist Directory : envoyez votre a Votre envoi provient d'une société
installée dans un autre pays européen : la direction départementale compétente est
celle Pour connaître les coordonnées des directions
départementales, vous pouvez consulter le site |
Adresses utiles- Direction de la concurrence de
la consommation et de la répression des fraudes du Rhône - Association NAGE (Non à l'arnaque du guide européen) Cette association a été fondée par l'écrivain tourangeau Eric Claveau, qui fut lui-même victime de telles pratiques. Son association revendique plus de 14 000 adhérents qui ont subi de tels procédés. Vous trouverez notamment sur son site une liste de guides incriminés ainsi que les résultats d'actions judiciaires positives. |
Article précédent - Article suivant
Vos questions et vos remarques sur le Forum des Blogs des Experts
L'Hôtellerie Restauration n° 2875 Hebdo 3 juin 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE