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	du 3 juin 2004	VOUS RÉAGISSEZ

Et si on demandait le soutien des fournisseurs ?

"Monsieur Denis Maquin, votre lettre qui prétend que la TVA est une source de profit est au mieux naïve, au pire ridicule. Vous prétendez que la différence entre la TVA à payer et celle à récupérer est source de profit, contrairement à "ce que fait croire le journal". Prenons, si vous le voulez bien, un exemple, sous forme d'exercice d'écolier.

Soit un restaurant qui travaille avec une marge brute de 70 %.
Sur 100 e de chiffre d'affaires TTC, le décompte de TVA sera très grossièrement le suivant :
100 e TTC = 83,61 e HT
Dont achats 30 % = 25,08 e
Pour simplifier, je ne prends pas en compte la TVA acquittée sur tous les autres postes de frais.

Marge en euros : 58,53 e (70 % du CA HT)
TVA sur les ventes : 16,39
TVA sur les achats :  1,38
TVA à payer :        15,01 e

Si je vous comprends bien, vous prétendez "faire des profits grâce au placement sur un compte rémunéré" (sic) : cela laisse supposer que le fruit de ce placement sur 30 jours (simplifions) est presque équivalent à la TVA payée, si j'en crois l'esprit de votre brillante démonstration. Ce qui est faux, bien entendu.
Si vous placez la TVA sur un compte rémunéré, la première règle est de bloquer cette somme 1, 2 ou 3 mois. Le taux actuel des OPCVM se situe entre 2 et 4 % (si votre banque est très amicale !). En d'autres termes, le montant de la TVA à payer, soit 15,01 e, sera rémunéré entre 0,30 et 0,60 d'euro par an, soit 2,5 ou 5 centimes d'euro par mois, par tranche de 100 e TTC de votre CA !  

Mais je vous rappelle que si la baisse de la TVA était acquise, le montant net à payer par tranche de 100 e serait de 5,21 e. Votre marge augmenterait donc mécaniquement de 16,39 - 5,21 = 11,18 e.
Dans la démonstration ci-dessus, avec une TVA à 19,6 %, votre marge est de 58,53 e.
Avec une TVA à 5,5 %, votre marge serait de 58,53 + 11,18 = 69,71 e, soit 73,53 % sur le HT.
Cette augmentation de marge doit vous servir à :
4 1° Augmenter les salaires ;
4 2° Investir ;
4 3° Améliorer votre compétitivité, soit en baissant les prix soit en améliorant les services.

Voila pourquoi il faut se battre
Toujours et encore. Au-delà des simplifications, ce qui est en cause, c'est la survie de notre secteur. Actuellement, un petit restaurant tenu par un couple avec un commis plongeur et qui fait une bonne cuisine familiale à 19,6 % de TVA a des revenus faibles : il a tout intérêt à se transformer en vente à emporter avec une TVA à 5,5 %. S'il fait le même chiffre, sa marge sera bien meilleure. En outre, il n'aura plus besoin du commis. C'est le danger qui guette.
Les grosses entreprises délocalisent, les petites disparaissent ou s'adaptent. Le coût du travail et des charges en France est tendanciellement à la hausse et le restera, eu égard au nombre d'inactifs qui est à la hausse tout aussi tendanciellement. Prétendre le contraire est ridicule.
En conséquence, soit l'Etat protège notre secteur - qui fait venir 76 millions de touristes et qui emploie 600 000 personnes directement, et probablement le double indirectement - soit il s'en moque.
Dans le premier cas, il est vital de baisser la TVA et les charges sociales. Dans le second, les entreprises familiales ont intérêt à vendre des sandwichs et du coca en boîte !

Donnant, donnant : je suis d'accord
Si nous obtenons la baisse de la TVA et des charges sociales, il faut massivement embaucher, améliorer nos conditions de travail et les salaires.
Je suis contre les 35 heures, je suis pour une augmentation de 10 ou 15 % des salaires, pour ceux qui veulent travailler.
Je suis pour une révision complète de la convention collective, en discutant avec l'Etat sur le thème 'Voici les différentes conventions proposées, selon que nous obtenons ou non la baisse des charges et de la TVA'. Donnant, donnant ? Je suis d'accord. Mieux, je le revendique, pour qu'enfin le donnant ne soit plus unilatéral !
Complémentairement, je précise que les enjeux sont immenses, si l'on veut bien considérer que l'agriculture, la pêche, l'élevage et en général la production artisanale de haut niveau ont pour débouché essentiel la restauration traditionnelle. Il en va de même pour le champagne, le vin, les arts de la table et des milliers d'emplois induits. Je suis d'ailleurs très surpris que tous ces producteurs ne soient pas solidaires de notre combat. Il faudra bien un jour faire le tri entre nos soutiens et les autres. Si les grands groupes de l'agroalimentaire nous soutenaient, nul doute que ce combat aurait été gagné depuis longtemps.
Je lance une idée simple : demander un soutien écrit de nos fournisseurs. Constatons les dégâts et ne feignons pas d'être surpris par ce qui va arriver.
Je termine en précisant que la baisse de la TVA et des charges sociales concerne non seulement les patrons et les futurs patrons, mais aussi et surtout les salariés de ce secteur. Il faut le répéter, les premiers bénéficiaires de ces mesures seront les salariés et l'emploi.
Bon courage, cher monsieur, pour votre gestion, certainement très exemplaire !" zzz66f
R. Geille de Nice

Manque-t-on vraiment de personnel ?
Je souhaitais vous envoyer cette lettre afin de vous dire combien je suis déçue de l'attitude des restaurateurs.
Il paraît que l'on recherche du personnel, trop rare dans la profession. Depuis des mois, j'achète L'Hôtellerie pour trouver un travail saisonnier dans toutes les régions. Je suis serveuse, j'ai un CAP et de l'expérience. Je réponds à une dizaine d'annonces par semaine et je ne reçois jamais de réponse. Je n'en ai pas reçu une seule ! Alors, manque-t-on vraiment de personnel ?
Séverine de Bordeaux zzz54r

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