du 10 juin 2004 |
CONCOURS |
< AU TERME D'UN TROPHÉE RUINART DE TRES HAUT NIVEAU
Le 6 juin 2004 a revêtu un caractère particulier. Beaucoup d'émotion partagée sur la France. A Reims, l'Europe décidait de son Meilleur sommelier 2004 : le représentant de la Suède.
Les trois finalistes. De gauche à droite : Paolo Basso (Suisse), Dominique Laporte (France) et Andréas Larsson (Suède). |
Dimanche 6 juin 2004, 15 heures, palais des congrès de Reims. Quelque 300 personnes dans la salle. Sur scène, deux tables et un coin salon. En arrière-plan, des dessertes portant verres, matériel de service et bouteilles. La pièce en deux actes qui va se jouer, en une fois et une seule, sous les yeux de spectateurs déjà attentifs, aboutira au couronnement, indéterminé à ce stade, du Meilleur sommelier d'Europe. Trois acteurs retenus, 3 sur 35 qui vont devoir à la fois défendre les couleurs de leur pays et écrire, avec leur talent, leur savoir-faire et leur charisme, une page importante de leur propre histoire. Un exercice de style et de compétence, qui se veut au plus près de la réalité, au plus près du métier et de l'excellence. Titre presque suprême, aux portes du mondial. L'ordre de passage est déterminé par tirage au sort. Premier en lice : Andréas Larsson, 31 ans, Suédois, sommelier dans un restaurant de Stockholm. Au programme : 3 vins à déguster, suivis d'une épreuve plus périlleuse encore. 7 verres, dans lesquels ont été versés des spiritueux. Le candidat doit les réunir par paires, en fonction de leurs propriétés, préciser ces caractéristiques et extraire l'intrus. Pour ajouter à la difficulté, plusieurs verres sont noirs, empêchant d'éventuels visuels. Andréas Larsson passe ensuite à la correction d'une carte des vins comportant des références champenoise, suisse, australienne, espagnole ou encore hongroise. Le sommelier impressionne par sa rapidité, son aisance. Le Français Dominique Laporte lui succède. Liqueur de pomme, crème de cassis ? Il s'interroge à voix haute devant l'alignement des spiritueux. Lui aussi a 5 minutes pour réussir cette méchante cabriole. La correction de la carte semble plus douce à ses yeux. Il l'a traversée avec précision et rapidité. Troisième homme à devoir faire ses preuves, un représentant de la Confédération helvétique, Paolo Basso. Le seul à devoir parler en français, sa langue maternelle étant l'italien. Ses prédécesseurs se sont exprimés en anglais. Jean-Michel Deluc, président de l'Association des sommeliers d'Ile-de-France, et le Canadien Jacques Ohron, animateurs d'un jour, micro en main, annoncent l'entracte. Les jurés présents sur les planches sont renouvelés. Du beau monde à chaque fois. Des présidents venus du Japon, des USA, du Chili, de Chypre, d'Autriche, du Royaume-Uni...
Le comité technique. Au centre : Bernard Peillon, président de Ruinart.
42 nationalités au total. A 17 heures, le second acte
débute. La partie est serrée. Le niveau a été impressionnant. Le suspens est total.
Dans un ordre de passage identique au précédent, nos protagonistes vont cette fois
devoir effectuer une association mets et vins. Jean-Michel Deluc dresse le tableau fictif
: "Vous avez devant vous les 8 Meilleurs sommeliers d'Europe. Ils sont réunis à
Reims dans un restaurant étoilé pour dîner avec le président de l'Association des
sommeliers internationale. Ils ont choisi un menu à 150 e. Ils dorment sur place.
Une seule consigne, les surprendre avec pas plus d'un vin par pays." Plats
choisis : Caviar osciètre et ses blinis, la Fricassée de rondelles de homard au pain
d'épices, la Côte de veau poêlée aux girolles, le Brie de Meaux et sa salade de mâche
à l'huile de noisette, la Tarte aux mangues façon Tatin. Andréas Larsson suggère un
vin blanc, pas trop fruité, un Riesling autrichien en accompagnement de l'entrée, avec
le homard un vin de Tasmanie, avec le dessert une des rares productions suédoises. "Vous
ne connaissez pas, n'est-ce pas ?", sourit-il. Parce que la France commémore le
D-Day, Dominique Laporte articule son choix en s'inspirant des pays célébrés. Avec le
fromage, un pommeau de Normandie s'impose. Paolo Basso évoque, quant à lui, l'Europe.
Avec le veau, un vin chypriote. Avec le brie, un Tokaye slovaque. Autres challenges pour
suivre : un mélange de 4 épices en provenance du Maroc à reconnaître, le décantage
d'un Château Camensac, le service de cigares. En bout de course, les sommeliers doivent
vider un magnum de champagne rosé dans 16 verres. Temps illimité, précision réclamée.
Tous les verres doivent bien être à la même hauteur. 18 h 30. Les résultats tombent.
Andréas Larsson remporte la victoire. Sur la deuxième marche, Paolo Basso. Tous deux
doivent d'ailleurs représenter leur pays au prochain mondial. En troisième position,
Dominique Laporte. "Nous avons eu droit à un millésime de très haut niveau",
confie peu après Paul Brunet, membre du jury. De très haut niveau, en effet.
S. Soubes zzz14
Les Meilleurs sommeliers d'Europe
a 1990 Mikaël
Söderström (Suède)
a 1992 Bernd Kreis
(Allemagne)
a 1994 Eric Beaumard
(France)
a 1996 Gérard Basset
(Royaume-Uni)
a 1998 Eric Duret
(France)
a 2000 Franck Thomas
(France)
a 2002 Enrico Bernardo
(Italie)
a 2004 Andréas Larsson
(Suède)
Article précédent - Article suivant
Vos questions et vos remarques sur le Forum des Blogs des Experts
L'Hôtellerie Restauration n° 2876 Hebdo 10 juin 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE