du 10 juin 2004 |
ÉDITO |
En lançant, vendredi dernier lors d'une rencontre avec les
partenaires sociaux, que la profession pourrait augmenter les salaires de 10 % si les
allégements de charges, notamment en matière de déductibilité de la nourriture sur les
bulletins de paie, et la baisse de la TVA tant attendue arrivaient enfin, André Daguin
remplit son rôle politique avec maestria. Il est certain que du côté de Bercy où le
pouvoir d'achat et la soif de consommer font partie des credo ministériels pour une
relance réussie, on aura forcément apprécié de telles exhortations.
Néanmoins, il n'est pas évident de s'engager sur des chiffres aussi élevés (10
% sur un salaire est un accroissement considérable de charges dans un compte
d'exploitation) alors que la conjoncture peine à afficher une franche reprise.
Certes, le président de l'Umih et ses collègues de la représentation
professionnelle savent bien qu'il est vital aujourd'hui de renforcer l'attractivité des
métiers de l'hôtellerie et de la restauration : aux contraintes spécifiques de la
profession (mais qui ne sont pas plus lourdes que dans les professions médicales, les
transports, la sécurité publique ou la pêche hauturière) s'ajoute aujourd'hui l'image
d'un secteur peu rémunérateur.
Et c'est bien là où le bât blesse.
Car les chiffres sont incontournables : à l'heure actuelle, inutile de vouloir
développer une entreprise dans le secteur des services si la masse salariale dépasse 38
% du chiffre d'affaires (c'est évidemment une moyenne).
Impossible également, la loi est ainsi faite, de revenir en arrière en cas de
récession ou d'imprévu mettant en cause l'activité de l'établissement. La seule
'variable d'ajustement', pour employer le langage des technocrates, c'est l'emploi : en
clair, le licenciement.
Or, si les industriels ont la possibilité de faire réaliser ailleurs ce qui
coûte trop cher dans l'Hexagone, il n'en va pas de même pour la profession. Et c'est en
un sens rassurant : imaginez des sandwiches fabriqués à Madagascar ou des plats du jour
confectionnés au Costa Rica !
Augmenter les salaires, sans doute, mais avec la rationalité qu'impose une
situation économique toujours incertaine.
L. H. zzz80
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L'Hôtellerie Restauration n° 2876 Hebdo 10 juin 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE