du 17 juin 2004 |
VIE PROFESSIONNELLE |
Allégements de charges
Nicolas Sarkozy conditionne le bénéfice des allégements de charges dans la profession à la suppression du Smic hôtelier alors que les organisations syndicales patronales souhaitent voir cette mesure intégrée dans le cadre de la revalorisation de la grille des salaires.
C'est
au pas de charges que Nicolas Sarkozy entend mener le dossier d'allégement de charges. En
effet, dans son courrier du 7 juin adressé au président de l'Umih, André Daguin, le
ministre de l'Economie et des Finances a précisé qu'il prévoyait d'inclure le
dispositif de baisse de charges dans la loi pour le soutien de la consommation et de
l'investissement qui doit être débattu à l'Assemblée nationale dès le 24 juin
prochain. En contrepartie de cet allégement, le ministre demande à la profession de
supprimer le mécanisme du Smic hôtelier, c'est-à-dire la déduction de la
demi-nourriture dans le salaire espèces pour pouvoir bénéficier de cet allégement de
charges. Ceci afin de revaloriser les bas salaires de la profession et de rendre celle-ci
plus attractive. La suppression du Smic hôtelier et l'augmentation du taux horaire du
Smic prévu pour le 1er juillet prochain conduiraient à une revalorisation de 11 % pour
les bas salaires.
Jeudi 10 juin, Jean-François Girault, président de la CPIH, Jacques Jond,
président de la Fagiht et Didier Chenet, président du Synhorcat, ont été reçus par le
conseiller technique de Nicolas Sarkozy. Celui-ci leur a confirmé le caractère optionnel
de la mesure. A savoir, un employeur qui paie ses salariés au Smic hôtelier devra
choisir entre l'application du Smic hôtelier ou le bénéfice de l'allégement de
charges, en sachant qu'un même employeur peut en bénéficier pour certains de ses
salariés qui sont payés au-dessus du Smic hôtelier et y renoncer pour ceux qui sont au
niveau Smic hôtelier.
Le choix entre l'abandon du Smic hôtelier ou le bénéfice de l'allégement
dépendra principalement de la nature de l'entreprise et du montant d'allégement de
charges dont elle peut bénéficier (voir tableau ci-dessous). Le Synhorcat évalue le
coût de la suppression de la demi-nourriture à 120 e par salarié, ce qui représente
pour un restaurateur l'équivalent du montant de l'allégement de charges, soit une
opération neutre. Mais pour un hôtelier dont le montant de l'allégement est uniquement
de 30 e, il aura tout intérêt à conserver le principe du Smic hôtelier.
Dans son courrier, le ministre précise d'ailleurs "qu'une telle démarche
me paraît aller dans le sens du développement du secteur et de son attractivité, qui
constitue également l'objectif des négociations en cours entre les partenaires sociaux
en vue de la signature d'une nouvelle convention collective". Les négociations
entre les partenaires sociaux sont rompues depuis octobre 2003. Le dialogue reprend par le
biais de rencontres bilatérales entre les partenaires sociaux, mais pour l'instant aucune
date de mixte paritaire n'a encore été arrêtée.
La profession souhaite revaloriser les salaires
Si les organisations syndicales patronales sont unanimes à reconnaître qu'il est
nécessaire de revaloriser les salaires dans la profession, elles souhaitent que la
déduction de la demi-nourriture soit prise en compte pour la revalorisation de la grille
de salaires et soit intégrée dans la conclusion d'un accord global avec les partenaires
sociaux.
Depuis, l'annulation de l'accord sur la réduction de travail dans les CHR, les
conditions de travail sont définies par une convention collective de 1997 dont une grande
partie des dispositions est obsolète. En effet, dans la grille des salaires prévue par
la convention, il faut être au moins à l'échelon 1 du niveau V, ce qui correspond au
statut cadre, pour avoir un salaire horaire supérieur au taux du Smic, les niveaux et
échelons inférieurs ayant tous été rattrapés et dépassés par le taux horaire du
Smic. Il n'existe par conséquent plus de différence entre les diverses catégories qui
se trouvent toutes de facto ramenées au niveau minimum du Smic. Mais outre, la
revalorisation de la grille des salaires, les partenaires sociaux doivent valider et
signer un accord de prévoyance, mais aussi envisager des contreparties à la réduction
du temps de travail et au travail de nuit. Le collège patronal souhaite conserver une
durée du travail à 39 heures dans les entreprises du secteur, mais il devrait en
contrepartie accorder des jours supplémentaires de repos au titre de la réduction du
temps de travail et du travail de nuit. C'est la raison pour laquelle le collège patronal
souhaite voir inclure la suppression du Smic hôtelier dans le cadre des discussions sur
une nouvelle convention collective afin de parvenir à la conclusion d'un accord global.
Ils souhaitent donc avoir du temps pour pouvoir négocier. "Il ne faut pas
confondre vitesse et précipitation, rappelle Didier Chenet. Si la loi devait
passer aussi rapidement, cela risque de faire capoter les négociations. Pourquoi ne pas
alors nous laisser 3 mois de plus pour négocier et conclure un accord."
Dans tous les cas, même si la mesure est débattue à l'Assemblée nationale le 24
juin, elle ne pourra pas être directement mise en uvre à partir du 1er juillet,
car il faudra encore attendre la publication des décrets d'application, qui rendra
l'allégement effectif à compter du 1er juillet, mais avec un effet rétroactif.
P. Carbillet zzz66f
Le montant de l'allégement tient compte de la part des ventes à 19,6 % de l'entreprise, plus celle-ci est importante plus le montant de l'aide est important. Pour certaines activités, elle est forfaitaire, comme pour les restaurateurs, quand pour d'autres elle devra être calculée selon les formules suivantes.
Code Naf | Secteur d'activité | Taux de proratisation |
---|---|---|
55.1A | Hôtels touristiques avec restaurant | (CA à 19,6 %/CA total) x 80 % |
55.1C | Hôtels de tourisme sans restaurant | Forfaitaire = 20 % soit 30 e * |
55.1D | Hôtels de préfecture | (CA à 19,6 %/CA total) x 80 % |
55.2A | Auberges de jeunesse, refuges | (CA à 19,6 %/CA total) x 80 % |
55.2C | Exploitation de terrains de camping | (CA à 19,6 %/CA total) x 80 % |
55.2E | Autre hébergement touristique | (CA à 19,6 %/CA total) x 80 % |
55.3A | Restauration de type traditionnel | Forfaitaire = 80 % soit 120 e * |
55.3B | Restauration de type rapide | (CA à 19,6 %/CA total) x 95 % |
55.4B | Débits de boissons | Forfaitaire = 50 % soit 75 e * |
55.4C | Discothèques | |
* sans restaurant : | Forfaitaire = 50 % | |
* avec restaurant : | (CA à 19,6 %/CA total) x 80 % | |
55.5D | Traiteurs, organisation de réception | (CA à 19,6 %/CA total) x 80 % |
* La base de calcul est 150 e |
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L'Hôtellerie Restauration n° 2877 Hebdo 17 juin 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE