du 24 juin 2004 |
VOUS RÉAGISSEZ |
Baisse de TVA et baisse de charges, deux promesses
hypocrites, aussi bien du gouvernement que de notre profession !
La baisse des charges sera une mesure transitoire dans l'attente d'une éventuelle
baisse de TVA. Elle n'est donc pas pérenne dans le temps. Que se passera-t-il si la
baisse de TVA n'aboutit pas ? Si le gouvernement change ? En clair, nous bénéficierons
d'une aide temporelle.
Que pouvons-nous faire grâce à celle-ci ? Pas grand-chose évidemment... Nous ne
pouvons ni embaucher, ni augmenter les salaires, car cela constituerait des mesures sur
lesquelles nous ne pourrions pas revenir.
Nous allons donc décevoir tous le monde : nos employés, le gouvernement et le
public, qui scrutera de près ce que nous ferons de ces largesses. Surtout que les plus
grands bénéficiaires seront quand même les grands groupes de la restauration et les
entreprises déjà les plus fortes.
De plus, nous sommes toujours et quand même dans un secteur qui a du mal à
recruter, à attirer et fidéliser les équipes.
Ne faudrait-il pas que cette mesure d'abattement de charges soit faite à 50 % à
destination des salariés et à 50 % à destination des patrons, dans un accord 'gagnant
gagnant' où nous serions tous plus à l'aise ?
Ou alors ne pourrions-nous pas bénéficier d'un abattement total de charges sur
les créations pures d'emplois (sous réserve de ne pas avoir licencié dans les 12 mois
précédents ou alors en réembauchant en priorité les personnes licenciées), ce qui
permettrait à plus de restaurateurs de vraiment créer des emplois...
Si nous voulons dynamiser nos professions, il faudrait surtout pouvoir baisser les
prix de manière réelle pour les clients (honnêtement, les additions montent, mais
rarement la qualité), et permettre à nos équipes d'avoir des bons salaires pour des
métiers à l'image dévalorisante dans un univers social qui ne parle que de RTT et de 35
heures.
Que l'Etat baisse les charges, mais surtout celles des employés, pour que les
salaires de tous augmentent immédiatement ! Que l'Etat permette aux consommateurs
(entreprises et particuliers) de déduire de leur déclaration d'impôts les 15 % de
baisse de TVA qu'il nous promet. Là, il n'aurait besoin d'aucune autorisation et nous,
nous aurions plus de clients immédiatement. Ce qui permettra à tout le monde de vivre
mieux...
Nous avons besoin de clients et d'employés, comme tout commerce. Ne devenons pas
une profession tributaire de subventions comme l'agriculture. Il faut surtout doper la
consommation pour permettre aux meilleurs et aux plus commerçants de réussir. Il faut
motiver les jeunes à venir dans des métiers plus rémunérateurs.
Diable, proposons des solutions inventives et honnêtes. N'attendons pas des
solutions juste destinées à nos trésoreries déficientes... Il faut des solutions
dopant nettement la consommation et la motivation des jeunes à travailler dans notre
secteur et sur le long terme.
En résumé :
Défiscalisation pour les particuliers et les entreprises de 15 % de leurs notes de
restaurant (Une fois de plus, pour le gouvernement cela revient à la même charge que la
baisse de TVA, mais sans avoir à demander l'autorisation à qui que ce soit. Donc, s'il
est vraiment décidé, qu'il franchisse le pas immédiatement).
Baisse des charges sur la part salariale pour permettre une augmentation immédiate
de 10 % des salaires de tous.
Abattement total de charges patronales sur la création pure de nouveaux emplois.
Il n'y aura aucun perdant.
Jacques Barthélémy
(Propriétaire exploitant de deux établissements hôtels, restaurants et bars) zzz22v
"Mesdames et Messieurs des CHR, arrêtez de crier au
scandale en accusant les enseignants de ne pas promouvoir vos métiers, voire de les
dénigrer. Vous n'avez pas besoin d'eux pour cela, vous le faites très bien tout seuls.
C'est vous et vous seuls qui assassinez votre profession, en dégoûtant les jeunes qui
doivent trimer des heures durant tout en étant payés avec un lance-pierre.
Je suis la maman d'un jeune de 16 ans qui a choisi, et je le respecte, d'apprendre
le métier de serveur "sur le terrain", comme il dit. Il est en 1re
année et va une à deux fois par mois au CFA. Il touche 25 % du Smic, ce qui est légal.
Oui, mais voilà, je le regarde faire et j'enrage de le voir commencer le matin à
9 h 30. Quand ce n'est pas 9 heures pour cause de déchargement de courses, s'arrêter à
15 h 30 ou 16 h 00 (hors saison) reprendre à 18 heures jusqu'à 23 heures les bons jours,
quand ce n'est pas minuit. N'avoir qu'un jour et demi de repos, ne pas pouvoir voir ses
copains (car c'est en semaine et qu'ils sont au collège), et surtout ne pas avoir un
week-end au moins pendant les deux semaines où il est en CFA, car il doit aller
travailler.
Je vous entends rétorquer, en lisant cela, qu'il est mineur et ne doit donc pas
travailler au-delà de 22 heures, etc. Il est un fait que vous connaissez la législation,
mais qui de vous l'applique ? Qui parmi vous essaie de motiver un jeune en lui accordant
un repos supplémentaire imprévu ou un repos supplémentaire ou une enveloppe ? Vous
allez même plus loin, car je viens d'apprendre (et cela m'écure au plus haut
point) que la plupart d'entre vous garde les pourboires en cas de casse. No comment.
Dieu merci, je gagne bien ma vie. Je peux donc payer à mon fils les réparations
de son scooter, ses suppléments de frais ainsi que sa tenue de travail. Car là aussi, il
faut qu'il soit habillé selon vos désirs : pantalon, veste, chemise, nud papillon
ou cravate, chaussures, et que tout soit nickel quand il vient travailler, donc pressing
dans la plupart des cas. Mettez-vous à la place des parents qui n'ont pas les moyens de
suivre financièrement. Vous pensez peut-être que 321,19 e par mois couvrent tout ces
frais. Car ils sont rares, les patrons qui fournissent la tenue ou qui participent à son
achat. En plus, depuis plusieurs mois je bataille pour que les semaines où il est au CFA,
l'employeur lui verse des indemnités compensatrices de nourriture. Bizarrement, il y a
peu d'employeurs qui sont au courant. Le comptable à qui j'ai mis sous le nez le journal
de L'Hôtellerie n° 2859 du 12 février 2004 avec des modèles de bulletin de paie
d'apprentie a eu le culot de me dire que n'étant pas au courant, il s'agissait sûrement
d'une réglementation parisienne.
Je suis persuadée que plus d'un d'entre vous se reconnaîtra dans ce coup de
gueule et que vous allez crier au scandale. Vous pouvez, c'est votre droit. Mais ce que je
souhaiterais par-dessus tout, c'est que cela vous fasse prendre conscience du malaise et
vous fasse modifier votre comportement envers ces jeunes qui, quand ils s'engagent en
apprentissage, aient des modèles et non pas des bourreaux qui les exploitent. L'année
scolaire du CFA a débuté avec 22 élèves. Au mois de juin, ils n'étaient plus que 14.
Faites le calcul et remettez-vous en question. D'où vient cette hémorragie, certainement
pas des profs de collège !
Une toute dernière chose, si nous, parents d'apprentis, nous nous mobilisions pour
agir contre cette exploitation et refusions ces pratiques, je suis persuadée que cela
pourrait faire changer les mentalités. Et n'écoutez pas les personnes qui vous disent de
vous estimer heureux que votre enfant ait trouvé un restaurant pour faire son
apprentissage, car les plus heureux sont les restaurateurs qui ont de la main-d'uvre
pas chère et sans charge surtout. Par ce courrier, je voudrais surtout remercier ma
belle-sur, elle-même restauratrice (mais hélas dans une région trop éloignée de
chez moi) et qui m'a fait prendre conscience de tout ceci et qui représente à mes yeux
ce que devrait être tout employeur dans cette profession." (La maman d'un
apprenti serveur). zzz22v
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L'Hôtellerie Restauration n° 2878 Hebdo 24 juin 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE