AVEC LA DISPARITION DU 'GRAND CAFÉ' Dijon
tourne une page de son centre-ville
Rebaptisé Les
Jardins du Grand Kaf' en 2002, le Grand Café de Dijon a définitivement disparu avec sa
mise en liquidation judiciaire et le rachat du fonds par une banque. Seule consolation :
le rachat de l'hôtel attenant par Villages Hôtels. Mais au-delà de l'affaire, qui a
suscité un grand émoi à Dijon, se pose la question de l'extinction des brasseries de
centre-ville.
Rue du Château, Les Jardins du Grand Kaf' ont laissé leur place à une banque... |
En septembre 2003, Les Jardins du Grand Kaf'
déposaient le bilan après 18 mois d'exploitation. Racheté en 2001 par un trio
d'associés (dont David Curie, propriétaire de L'Emile Brochettes à Dijon), le Grand
Café de Dijon avait été transformé en un café à thème. L'Hôtel de la Poste,
attenant, était quant à lui maintenu en l'état. Rompant avec le passé de brasserie
traditionnelle de l'établissement, ses acquéreurs l'avaient rebaptisé en référence à
son thème (le jardin) et à l'institution qu'il représente à Dijon. Le concept n'a
visiblement pas connu le succès escompté.
En février 2004, le tribunal de commerce décidait
la mise en liquidation, compte tenu de
l'état de la trésorerie de l'entreprise. 17 emplois étaient alors en jeu. Deux appels
d'offres ont été lancés, le premier n'ayant pas réuni, selon le juge, de propositions
satisfaisantes sur les plans financier et social. On notera que le groupe Tournier
(propriétaire de la brasserie dijonnaise La Concorde), qui avait répondu au premier
appel d'offres avec l'hôtelier M. Drughi, n'a pas pu déposer de nouvelle proposition
dans les délais. Il envisageait de maintenir la brasserie et de reprendre immédiatement
4 salariés de l'hôtel.
Tollé contre la banque
Aussi, à l'issue du second appel d'offres, 2 candidats restaient en lice. D'une part,
le groupe Helmlinger de Colmar,
associé à Kronenbourg, avec un projet de brasserie alsacienne et un hôtel (en
investissant hors achat 1,8 Me). D'autre part, la Caisse d'Epargne, conjointement au
groupe SFIH (Villages Hôtels), déjà présente lors du premier appel d'offres. Ces
derniers proposaient un montant de rachat de 825 000 e, (contre 600 000 la 1re fois).
Contre 300 000 e pour l'offre concurrente. Dès lors, les jeux paraissaient faits, ce qu'a
confirmé la décision du tribunal de commerce de Dijon le 29 mars.
Dès février, cette perspective avait provoqué
l'hostilité des Dijonnais et des instances professionnelles des CHR. Le personnel du
café avait alors lancé une
pétition contre l'ouverture d'une banque. La municipalité elle-même dénonçait la
désertification du centre-ville. Face à ces oppositions, la Caisse d'Epargne a proposé,
courant avril, de partager les locaux avec le groupe Helmlinger. Une offre que celui-ci a
déclinée, souhaitant disposer de l'intégralité de la surface (plus de 200 m2).
Au moins le 8e cas à Dijon !
"C'est au moins la 8e brasserie de Dijon qui disparaît au profit d'une
banque. Cela n'apportera rien à la vie du centre-ville, alors qu'un professionnel voulait
y faire une brasserie. C'est un comble que de constater que des banques s'installent à
notre place alors qu'elles sont un des principaux obstacles à notre initiative !", s'indigne Jean-Claude Humbert,
président des cafetiers et discothèques de l'Umih Côte- d'Or. Une étude de la Caisse
d'Epargne aurait par ailleurs établi que le seuil de viabilité d'un tel établissement
était de 200 couverts par jour. Ce qui n'impressionne guère Jean-Claude Humbert : "Que
les banques nous fassent donc confiance ! Si j'avais disposé du capital, je l'aurais
engagé dans l'affaire." Le 27 avril, le mobilier du café et de l'hôtel était
vendu aux enchères. Ainsi donc, une banque et un Villages Hôtels (ce qui doit être
salué) s'installent rue du Château. Une page est tournée à Dijon.
A. Lenormand zzz22r |