À Nice (06) QUAND LES VISAS DES TOURISTES RUSSES MANQUENT,
LES HÔTELIERS TRINQUENT
Les hôteliers
niçois déplorent la baisse de fréquentation des touristes russes. Une situation
d'autant plus regrettable qu'elle ne vient pas d'une désaffection de cette clientèle
pour la Côte d'Azur mais tout simplement d'un blocage de l'administration française, de
plus en plus réticente à délivrer les visas touristiques.
"La baisse de la
fréquentation de la clientèle russe se monte à 10 %", estime Michel Tschann, président du Syndicat des hôteliers de
Nice-Côte d'Azur. |
Les touristes russes apprécient beaucoup la Côte
d'Azur, c'est bien connu. Encore faut-il qu'ils puissent obtenir sans difficulté le visa
indispensable à leur séjour. Et c'est bien là que le bât blesse. Alors que les
hôteliers ont travaillé depuis des années pour attirer et satisfaire cette clientèle,
les services consulaires chargés de délivrer les visas font preuve d'une frilosité qui
pourrait bien compromettre tous ces efforts. Poussés par une fraude importante et une
augmentation du nombre de demandes, les administrations concernées ont souhaité
accentuer les contraintes pesant sur la délivrance des visas. Elles ont d'abord allongé
le délai de remise de 7 à 14 jours. De plus, pour obtenir un visa touristique, il faut
désormais passer par des agences de voyages agréées, majoritairement françaises.
Une désaffection sensible
Forcément, ces nouvelles mesures ne sont pas au goût des voyagistes russes, qui
préfèrent promouvoir d'autres pays auprès de leurs clients. Elles ne sont pas non plus
appréciées par les touristes eux-mêmes. Aux désagréments pratiques s'ajoute un
agacement compréhensible : eux qui étaient fiers de l'évolution de leur pays et qui
avaient le sentiment d'avoir gagné en respectabilité n'acceptent pas de gaieté de
cur cette défiance diplomatique. Conséquence : les Russes se mettent à choisir
d'autres destinations, moins regardantes, comme la Turquie, pour laquelle les visas
peuvent être obtenus à la frontière, ou la Tunisie, qui n'en demande tout simplement pas. A Nice, cette
désaffection est sensible. "La baisse de la fréquentation de la clientèle russe
se monte à 10 %, estime Michel Tschann, président du Syndicat des hôteliers de
Nice-Côte d'Azur. Sur une période difficile comme celle que nous traversons, cette
chute se fait ressentir encore plus fortement." De Cannes à Nice, l'ensemble des
hôtels 4 étoiles fait le même constat. Et ils ne sont pas les seuls concernés. Cette
clientèle a pour habitude de dépenser beaucoup également dans les restaurants et les
boutiques, qui souffrent donc eux aussi de cette situation.
Une situation kafkaïenne
Ces professionnels ont des raisons d'être inquiets, d'autant plus que les
blocages sur les visas ne se limitent pas à la Russie. "Le consul de France en
Ukraine est allé encore plus loin en décidant de ne plus délivrer de visas
touristiques. Pour la Russie, c'est un problème
mais pour l'Ukraine, c'est une
catastrophe", s'alarme Michel Tschann. Les opérations destinées à promouvoir le tourisme français dans ce pays ont d'ailleurs
été purement et simplement annulées.
Pour autant, les hôteliers ne manquent pas de
réalisme et sont conscients des responsabilités qui pèsent sur les services
consulaires. Ils souhaitent simplement que cela ne fasse pas oublier les enjeux
économiques. "On est sur une logique de police, alors qu'il faudrait aussi penser
à la logique économique", regrette le président du Syndicat des hôteliers.
Quand on sait qu'il faut se présenter en personne pour obtenir son visa, mais que la
Russie, dont la superficie est 30 fois celle de la France, ne compte que 2 consulats
habilités à les délivrer, on comprend que certaines corrections sont à apporter à ce
système. Pour l'heure, les hôteliers s'attachent donc surtout à alerter les autorités
diplomatiques sur l'absurdité de la situation. En espérant que les efforts menés depuis
plusieurs années ne soient pas réduits à néant par une administration un peu trop
pointilleuse. zzz70
E. Bousseau |