du 7 octobre 2004 |
ACTUALITÉ JURIDIQUE |
Ordonnance de simplification du droit du travail
LES DISPOSITIONS À CONNAÎTRE
Une volumineuse ordonnance de simplification* a procédé au toilettage du Code du travail afin de le simplifier et d'assurer une harmonisation entre certains de ses dispositifs. Publiée au Journal Officiel du 26 juin dernier, cette ordonnance est donc applicable depuis le 27 juin 2004. Rappel des principales modifications afin de mettre votre documentation à jour.
< Décompte et
seuils d'effectifs
Les modes de décompte en matière de mise en place des
représentants du personnel, d'obligation d'emploi de travailleurs handicapés, de prise
en compte des entreprises de travail temporaire
sont harmonisées.
L'ordonnance précise que les salariés titulaires d'un contrat à durée indéterminée
à temps plein et les travailleurs à domicile sont pris intégralement en compte dans
l'effectif de l'entreprise. Quant aux salariés en CDD, ceux titulaires d'un contrat
intermittent, aux travailleurs mis à disposition de l'entreprise par une société
extérieure, y compris les travailleurs temporaires, ils sont pris en compte dans
l'effectif de l'entreprise au prorata de leur temps de présence au cours des 12 mois
précédents.
Cependant, les salariés titulaires d'un CDD, d'un contrat temporaire ou de mise à
disposition par une entreprise extérieure sont exclus du décompte des effectifs
lorsqu'ils remplacent un salarié absent ou dont le contrat est suspendu.
Les salariés à temps partiel sont pris en compte en divisant la somme totale des
horaires inscrits dans leur contrat de travail par la durée légale ou conventionnelle du
travail.
< Seuil de moins
de 11 salariés
En ce qui concerne la prise en charge intégrale
par l'Etat des cotisations patronales liées à l'embauche d'un apprenti, la référence
au seuil de '10 salariés et plus' est supprimée. Désormais, elle est remplacée par
l'expression 'moins de 11 salariés'.
En cas de licenciement économique visant au moins 10 salariés dans une même période de
30 jours, l'employeur doit respecter l'obligation de réunion et de consultation des
délégués du personnel.
Auparavant, on faisait référence aux entreprises 'de plus de 10 salariés et moins de 50
salariés'. Cette référence est donc supprimée : on parle désormais des entreprises
'de moins de 50 salariés'.
La loi ne prévoit pas l'institution de délégués du personnel dans les entreprises de
moins de 11 salariés.
< Harmonisation
des délais liés aux licenciements individuels
En ce qui concerne les procédures de licenciement, les délais à respecter font
désormais tous référence à des jours ouvrables, quand auparavant les délais étaient
décomptés en jours ouvrables, francs ou calendaires, selon les cas.
a Convocation à l'entretien préalable
Désormais, vous devez respecter un délai minimum de 5 jours ouvrables entre la
présentation de la lettre (recommandée avec avis de réception ou remise en main propre)
de convocation au salarié et le jour de l'entretien. Ce délai s'impose à toutes les
entreprises avec ou sans délégués du personnel.
Auparavant, dans les entreprises où il
existait des délégués du personnel, la loi ne fixait pas de délai minimum mais parlait
de 'délai raisonnable'.
a Notification du
licenciement pour motif personnel
Une fois que l'entretien préalable a eu lieu, vous devez désormais attendre 2 jours
ouvrables avant d'envoyer la lettre de licenciement pour motif personnel. Auparavant, on
parlait d'un jour franc.
a Délais
pour la notification d'un licenciement économique
En cas de procédure de licenciement économique individuel, il faut toujours attendre au
moins 7 jours ouvrables après la date à laquelle le salarié a été convoqué à
l'entretien préalable pour envoyer la lettre de licenciement. Le même délai s'applique
en cas de licenciement économique collectif de moins de 10 salariés. Si le licenciement
économique individuel concerne un cadre, ce délai est porté à 15 jours ouvrables.
En outre, on ne fait plus de différence entre les entreprises avec ou sans institution
représentative du personnel. Les délais spécifiques de 4 et 12 jours pour ces
entreprises ont été supprimés par l'ordonnance.
< Un nouveau cas
de recours pour utiliser un CDD ou l'intérim
Les motifs d'utilisation d'un contrat à durée déterminée
sont strictement limités par la loi. L'ordonnance vient de rajouter un nouveau cas de
recours : désormais, une entreprise pourra utiliser un CDD pour remplacer un chef
d'entreprise artisanale, industrielle ou commerciale, mais aussi son conjoint qui
participe effectivement à l'activité de l'entreprise à titre professionnel et habituel.
En outre, le remplacement du chef d'entreprise ou de son conjoint pourra aussi être
assuré par le biais d'un intérimaire, dans les mêmes conditions que pour un CDD.
< Protection liée
aux candidatures d'élections professionnelles
La durée de protection des candidats et demandeurs
d'élections professionnelles est harmonisée. Désormais, les candidats aux fonctions de
membre du comité d'entreprise bénéficient d'une protection contre les licenciements
pendant un délai de 6 mois à compter de l'envoi des listes de candidatures à
l'employeur. Auparavant, cette protection n'était que de 3 mois.
< Congés à caractère personnel ou familial
a Formalisme allégé
Pour certaines demandes de congés, le salarié devait obligatoirement informer son
employeur, par lettre recommandée avec avis de réception, du point de départ du congé
et de la durée de celui-ci. Désormais, cette demande peut être aussi effectuée par lettre remise en main propre
contre décharge. Les congés concernés sont les suivants : congé d'adoption, pour
création d'entreprise, parental, de présence parentale, sabbatique, de solidarité
familiale et de solidarité internationale.
a Demande de
congé de représentation ou de travail à temps partiel
L'employeur pouvait refuser une telle demande en invoquant des conséquences
préjudiciables à la production et à la bonne marche de l'entreprise. Désormais, la loi
ne retient que la bonne marche de l'entreprise. La même formulation est reprise pour le
congé suite à une catastrophe naturelle.
a Congé
parental d'éducation à temps partiel
Les salariés qui souhaitaient bénéficier d'un congé parental d'éducation sous la
forme d'une activité à temps partiel devaient réduire leur temps de travail d'au moins
1/5e par rapport à la durée collective de l'entreprise. Cette condition a été
supprimée : il suffit désormais que la durée de travail demandée soit inférieure à
la durée légale ou conventionnelle de l'entreprise.
a Un nouveau
cas de congé pour événement familial
Le décès du père ou de la mère d'un salarié donnait droit à un jour d'absence
rémunéré. Cette possibilité est étendue en cas de décès du beau-père, de la
belle-mère, d'un frère ou d'une soeur.
< Mensualisation
des heures supplémentaires
Les entreprises qui fonctionnent avec une durée collective
hebdomadaire supérieure à la durée légale de 35 heures peuvent mensualiser le nombre
d'heures supplémentaires pour le calcul de la rémunération du salarié. Ce qui permet
de lisser la rémunération mensuelle des salariés qui réalisent régulièrement des
heures supplémentaires en raison de l'horaire collectif et ce, quel que soit le nombre de
jours ouvrés dans l'entreprise. Ce qui peut être le cas des entreprises des CHR qui sont
restées à une durée collective du travail de 41 heures, et qui par conséquent font
effectuer régulièrement 2 heures supplémentaires à leurs salariés. Cette possibilité
prévue par une simple circulaire administrative de la DRT du 14 avril 2003 est donc
légalisée.
Mais attention ! Cette possibilité ne concerne que le lissage de la rémunération et ne
vous dispense absolument pas de distinguer sur le bulletin de paie les heures majorées
des heures payées au taux normal. Sans oublier de procéder au décompte réel des heures
pour les imputer sur le contingent annuel et calculer le repos compensateur.
P. Carbillet zzz60c zzz60a zzz60r
* Ordonnance n° 2004-602 du 24 juin 2004 publiée au JO du 26 juin.
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