du 28 octobre 2004 |
PERSPECTIVES |
APRÈS 10 MOIS À LA PRÉSIDENCE NATIONALE DES RESTAURATEURS DE L'UMIH
Philippe Villalon croit dans les vertus de l'accord social
Pour le président de la Fédération nationale de la restauration française (FNRF), la signature de l'accord social était nécessaire. Et de réitérer également son optimiste en matière de TVA.
Philippe Villalon, président national des restaurateurs de l'Umih et président départemental du Calvados. |
L'Hôtellerie Restauration : Vous avez été élu à la présidence de la FNRF au sein de l'Umih en décembre
2003 à Pau. Vous prôniez un syndicalisme alliant "négociations, relations et
actions de terrain". Où en êtes-vous ?
Philippe Villalon : Comme je le souhaitais, nous avons mis en place
un certain nombre de commissions comme le Paracommercialisme, l'Environnement et la
Restauration, l'appellation Maître restaurateur ou encore la Formation au sein d'Umih
Formation. Cette dernière décline 2 thèmes : la gestion et la rentabilité de
l'entreprise, avec, pour sous-titre, 'marge ou crève !' et la satisfaction du client par
le 'savoir être' du service. Chaque commission se réunit de façon régulière, et je
pense que nous avons pas mal avancé. Bien sûr, pour la restauration, le dossier
emblématique reste la TVA. Ce combat, il y a 10 ans qu'il est sur la table. On a très
longtemps pris l'Europe comme excuse et ça a été vrai à une époque. Aujourd'hui, nous
savons que l'Allemagne n'y est plus opposée et nous avons la date du 1er janvier
2006. Si nous n'avons pas obtenu la TVA plus tôt, c'est bien sûr pour des raisons
d'ordre économique
Jacques Chirac nous a fait cette promesse. En outre, je crois
qu'il serait impensable pour un gouvernement de droite, à un an des élections, de ne pas
tenir sa promesse. Ce serait aussi remettre en jeu la nouvelle convention collective
Ce serait une déclaration de conflit ouvert. Personnellement, je suis optimiste. Regardez
: la restauration fluviale, depuis le mois de mars, est passée à une TVA à 5,5 % y
compris sur les boissons non alcoolisées. Cette baisse a été obtenue de manière
détournée, liée au transport. Néanmoins, ça veut bien dire que les mentalités sont
en train de bouger.
L'Hôtellerie Restauration : Pour revenir à l'accord social que vous avez signé, il semble
que les professionnels soient inquiets.
Philippe Villalon : Ne croyez pas ça. Cette convention est bien
perçue par nos professionnels. Elle a été discutée et expliquée. L'équilibre des
données semble juste à nos adhérents. Vous savez, on ne peut pas à la fois se plaindre
de ne pas trouver de personnel et ne pas se donner les moyens d'essayer. L'impatience et
la grogne dans les départements viennent surtout du dossier TVA. Je voudrais revenir en
arrière sur l'aide qui va nous être octroyée. Je crois qu'il y avait deux solutions :
soit l'accepter, soit faire plaisir à beaucoup en la refusant. En disant non, nous
aurions été l'auteur d'un magistral soufflet vis-à-vis du gouvernement. Était-ce la
meilleure chose, alors que la finalité de la convention collective se profilait ?
L'Hôtellerie Restauration : Les jours supplémentaires font pourtant grincer des dents
Philippe Villalon : Mon combat principal dans ces négociations a
été de dire oui aux jours supplémentaires à la seule condition que ceux-ci ne soient
effectifs qu'après l'obtention de la TVA. C'est le seul moyen pour les financer. Il y a
de nombreux avantages dans cette nouvelle convention : les 39 heures sont acquises, il y a
aussi le quota d'heures supplémentaires, le principe des jours de congé supplémentaires
qui pourront être payés (c'est une souplesse importante), le phénomène de la
régularisation des horaires de nuit et d'habillage, un régime à temps partiel plus
facile à gérer, une prévoyance attractive. Tous ces éléments me paraissent
extrêmement favorables pour l'emploi et les employeurs. La seule difficulté qui reste à
régler, selon moi, ce sont les jours fériés.
L'Hôtellerie Restauration : Selon vous, comment se porte la profession ? Qu'est-ce qui marche
aujourd'hui ?
Philippe Villalon : Aujourd'hui, 10 affaires par jour ferment. Les
chiffres sont catastrophiques, surtout en ruralité. Les communes se retrouvent sans
âmes. Quant aux entreprises encore en activité, 90 % sont dans le rouge en trésorerie.
La marge nette oscille entre 0 et 1 %, y compris pour les affaires qui ont amorti leurs
prêts. Qu'est-ce qui marche ? Le professionnel qui est sérieux, qui est attentif à la
clientèle, à l'accueil, à ses prix, à son personnel. Il n'y a plus de place pour les
non-professionnels. La difficulté du métier vient pour beaucoup du service du midi, qui
est largement entaillé par la restauration rapide. Je parlerais d'effet anglo-saxon, à
lier au phénomène des 35 heures, à la disparition des 2 heures pour déjeuner. Le temps
gagné a été pris sur la restauration. Quand les gens allaient 3 à 4 fois au
restaurant, ils n'y vont plus qu'une fois. D'où la difficulté pour la profession de
s'adapter à la situation du midi tout en devant préserver le peu de marge qui lui reste.
Si je prends l'exemple du Calvados, la plupart des affaires du sud du département ne
trouvent pas repreneur. C'est un métier qui demande un investissement personnel de plus
en plus fort. Le pire, même quand ça fonctionne, c'est que les professionnels n'ont pas
les moyens d'embaucher une personne supplémentaire
C'est une profession difficile
car les gens ont de plus en plus la tête dans le guidon. C'est pour ça que nous
réclamons la TVA. En revenant sur cette injustice fiscale, le gouvernement va permettre
la sauvegarde d'un des plus beaux patrimoines français, car la restauration est en soi un
patrimoine.
Propos recueillis par Sylvie Soubes zzz74v
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L'Hôtellerie Restauration n° 2896 Hebdo 28 octobre 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE