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Jols à Lyon

Fonctionnel et rentable

LogoJols.JPG (4461 octets)Créé par Patrick Méhu et Jean-Yves Carpentier, déjà concepteurs d'Assiette et Marée, Jols connaît un réel succès depuis son ouverture. Imaginé autour de la friture et du poisson, le concept est le fruit d'une réflexion technique élaborée. Les leçons à en tirer.

m Jean-François Mesplède

Jols.JPG (9439 octets)En 1991, rentrant du Japon, où ils viennent de passer 6 ans au Maestro Paul Bocuse de Tokyo, Patrick Méhu et Jean-Yves Carpentier se posent quelques questions : à Lyon, doivent-ils prolonger l'expérience de haute gastronomie qu'ils viennent de vivre ou, au contraire, coller davantage aux réalités du marché local ? La deuxième hypothèse retient l'adhésion des deux complices qui se penchent sur une brasserie haut de gamme de poissons. L'idée doit beaucoup à leur découverte du marché de Tsukiji à Tokyo et des possibilités existant à Lyon, pauvre en ce domaine. Racheté aux enchères, l'ex-restaurant Lathuraz devient donc Assiette et Marée. Dans un quartier difficile, on leur prévoit les pires difficultés pour attirer la clientèle. Or, Patrick Méhu et Jean-Yves Carpentier réussissent leur pari, au point d'ouvrir, quelques mois plus tard, une seconde unité dans le quartier de la Bourse. Aujourd'hui, avec un ticket moyen autour de 200 F et 300 couverts/jour, les deux affaires (respectivement 50 et 120 places) emploient 24 salariés et génèrent un chiffre d'affaires de 14 MF HT.
L'année dernière, ils avaient à cœur de réaliser un projet sur lequel ils gambergeaient depuis plusieurs années : monter des friteries à l'ancienne. Pour différentes raisons - trop petit, problème d'extraction - ils ont du mal à trouver un local correspondant au concept... Jusqu'à cette proposition d'Yves Boucharlat, architecte lyonnais avec lequel ils ont déjà travaillé.

Dans la lignée new-yorkaise
Dans un quartier de Gerland en pleine mutation, les anciennes halles sont désertées. Et sur la quinzaine de commerces établis à l'origine dans ce bâtiment édifié dans les années 30 par un élève de Tony Garnier, c'est un restaurant, Chez Marinette, qui a le plus longtemps subsisté.
"Malgré l'état de décrépitude que l'on peut imaginer pour un bâtiment fermé depuis des années, le local nous a tout de suite envoûtés. Nous étions simplement perplexes sur un quartier que nous connaissions peu. Nous nous demandions en particulier si les Lyonnais, habitués à la Presqu'Ile, viendraient ici", explique Patrick Méhu. Le coup de cœur éprouvé s'est avéré le plus fort : louant le lieu, Patrick Méhu et Jean-Yves Carpentier 'héritaient' donc d'une surface de 300 m2 au sol (150 places y compris le mange-debout) et autant au sous-sol, avec une mezzanine commerciale de 50 m2 avec possibilité d'une quarantaine de places. Les deux ont visité plusieurs concepts à New York (Gustavino de Conran, Mercer Kitchen de Jean-Georges), d'autres encore à Soho et Caglianos à Londres pour concevoir le leur. "Nous avions l'idée japonaise du sushi, avec une cuisine ouverte en linéaire et derrière laquelle l'équipe travaille."

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Chez Jols, la cuisine est ouverte sur la salle.


Durant 6 mois, le futur Jols (petit poisson de Méditerranée que l'on sert ici en friture) ne fut qu'un vaste chantier : montage et démolition, consolidation de la dalle porteuse, remise au propre d'un sous-sol où les rats régnaient en maître, et choix du décor - tables en formica gris très sixties, chaises Fermob (à Thoissey dans l'Ain) en métal et de la vaisselle (une série en verre Duralex pour le côté populaire et branché où les assiettes transparentes permettent de découvrir le set de table signé Vavro à l'origine du choix).

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Les assiettes transparentes permettent de découvrir le set de table signé Vavro.


Dès l'ouverture, et infirmant certaines réticences, le succès était au rendez-vous. Gerland est un quartier qui bouge : confirmation en était donnée (1). La clientèle vint donc tout de suite : très affaires avec les entreprises locales le midi (120 couverts avec un TM de 150 F), plus branchée et du 'Tout Lyon' le soir (180 couverts en deux rotations avec un TM aux alentours de 200 F). Et il n'est pas rare que, le samedi soir, Kim Logassi et son équipe doivent assurer 400 couverts !
"Les premiers jours, sans réelle baisse d'activité d'Assiette et Marée, nous avons enregistré un transfert de clientèle. En phase d'ouverture, nous avions déjà un rythme de croisière. C'est tout à fait au-delà de ce que nous espérions, disent en chœur Patrick Méhu et Jean-Yves Carpentier qui envisagent déjà de dupliquer un modèle qui leur donne toute satisfaction. C'est vraiment le restaurant de l'an 2000 qui a été pensé pour être fonctionnel. Plus nous faisons de couverts et plus c'est rentable. Nous réfléchissons à faire des Jols en solo. Ce type de bâtiment est tout à fait prêt à être installé en périphérie des villes. Jols n'est que l'évolution d'Assiette et Marée qui reste notre vitrine et une affaire toujours rentable." n zzz22t zzz18p

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Kim Logassi, au piano du Jols, entouré des créateurs de l'enseigne, Jean-Yves Carpentier et Patrick Méhu.

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Assiette et Marée

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A l'ouverture de Jols, "les premiers jours, sans réelle baisse d'activité d'Assiette et Marée, nous avons enregistré un transfert de clientèle", disent en chœur Patrick Méhu et Jean-Yves Carpentier.

 

Jols, mode d'emploi

"C'est un restaurant de l'an 2000 pensé pour être fonctionnel", disent Patrick Méhu et Jean-Yves Carpentier à propos de Jols qu'ils ont pu concevoir à partir d'un local totalement vide.

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w Le lieu
Dans l'enceinte des anciennes halles de Gerland, un quartier du VIIe arrondissement de Lyon, à deux pas d'une station de métro et à quelques hectomètres du stade où évolue l'Olympique lyonnais, vice-champion de France et vainqueur de la Coupe de la Ligue de football.
Une salle (150 places) en L, avec cuisine ouverte et écran géant Barco diffusant des clips, et possibilité de salon de 40 places en mezzanine.

w L'investissement
5 MF HT ont été investis dans l'agencement, la décoration et la remise aux normes d'un local sans activité depuis quelques années. Les principaux postes ont été la cuisine (700 000 F), l'électricité (500 000 F), la climatisation (500 000 F), les chambres froides positives et négative (400 000 F), la filtration et l'évacuation des huiles usées (180 000 F) et le système informatique (130 000 F).

w L'équipe
Baudoin Darras est désormais en charge des trois affaires dont Patrick Méhu et Jean-Yves Carpentier sont cogérants (Assiette et Marée I et II, Jols). Kim Logassi (cuisine) et Flavienne Kouessi (salle), tous deux 'transfuges' d'Assiette et Marée Bourse, dirigent l'équipe de 19 personnes (9 en cuisine, 10 en salle) de Jols, ouvert le 6 juillet (fermeture le dimanche) avec des services de 12 heures à 14 h 30 et de 19 h 30 à 23 heures. Pour une meilleure fidélisation, une association avec les 'piliers' est à l'étude.

w La carte
Outre deux menus (morue-frites à 98 F ou friture de seiches à 88 F avec pommes en peau frites, salade verte et 25 cl de Kronenbourg), à tous les services, des fruits de mer (de 25 à 160 F), des crus (carpaccio de thon rouge, tartare de saumon) et salades (de 36 à 72 F), des fritures (de 36 à 84 F), les planchas (mérou, thon, espadon, seiche) et le grill (de 65 à 85 F), des fromages (19 F) et des desserts (38 F) sont proposés à la carte. Hormis les planchas et le grill, les plats sont déclinés en 'small' et 'large' portions.

w La fonctionnalité
Patrick Méhu et Jean-Yves Carpentier détaillent Jols en précisant que, grâce à une réelle fonctionnalité, le prime cost (charges personnel + frais d'achat), se situait sous les 60 % alors qu'il est d'environ 70 % pour Assiette et Marée...
"La fonctionnalité du local permet de faire le minimum d'heures avec un gain d'efficacité : 18 personnes sont nécessaires à Assiette et Marée Bourse pour 200 couverts/jour ; chez Jols, nous en avons 19 pour 300 couverts/jour. Si besoin, le service du déjeuner est possible en 1 heure."
"La cuisine est ouverte dans la salle : un spectacle supplémentaire, certes, mais aussi un gain de pas. Tout le monde travaille en même temps devant le client, ce qui implique une obligation d'efficacité pendant le travail et la responsabilisation de chaque poste."
"Le système informatique est performant : caisses avec écran et logiciel en liaison avec un système de portables utilisés par chaque serveur (Handy Touch) où les plats apparaissent. La validation de la commande est reçue par le poste de travail correspondant avec le nom du serveur et l'heure. On gagne du temps en service et en facturation, ce qui permet une rotation plus importante du nombre de clients par carré."

w L'entretien
"Le linge, les vitres et le sous-sol sont traités tous les matins dès 6 h 30 par une société extérieure, ce qui favorise la réduction du temps de travail : depuis l'ouverture, nous n'avons pas enregistré un seul départ dans l'équipe."
"L'huile usée est évacuée des friteuses vers des citernes en sous-sol. Celles-ci sont vidées directement de la rue par un camion sans aucune manutention. La filtration automatique se fait tous les jours et préserve la qualité. Nous utilisions 140 litres par semaine au départ, nous en sommes aujourd'hui à 70 litres."
"En sous-sol, tout est compartimenté grâce à 3 chambres froides positives et 1 chambre froide négative. Nous avons des caves à vins, à alcool, à soft et un système de bib (plastique jetable souple) pour le vin servi en pot avec une alternance automatique du système d'aspiration sous vide tous les 20 litres."

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L'Hôtellerie n° 2735 Magazine 13 Septembre 2001

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