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La profession est aujourd'hui confrontée à des problèmes qui, en se superposant, ne font qu'accentuer les difficultés de gestion des entreprises. Alors que, dans le cadre d'un fonctionnement à 43 heures hebdomadaires, il est très difficile de trouver du personnel. Comment demain, résoudre le problème du recrutement ?
Depuis plusieurs années maintenant, les professionnels de l'hôtellerie comme de la restauration, sont confrontés à un durcissement de la réglementation, tant en matière de sécurité que de fiscalité. De nouvelles contraintes, qui alourdissent d'une manière importante leurs charges d'exploitation, fragilisant par là même leur rentabilité. Tradition oblige, pendant longtemps (trop longtemps ?), les métiers de l'hôtellerie-restauration attiraient des gens qui espéraient un jour pouvoir s'installer à leur compte. Autant dire que leur seul objectif n'était alors que de travailler le plus possible pour épargner le plus rapidement. Le temps de travail n'était alors jamais compté, jamais décompté. Une situation qui a perduré jusqu'à l'arrivée des groupes qui, de par leur taille, ont été dans l'obligation de respecter réellement la réglementation et qui, de fait, ont permis l'éclosion des syndicats de salariés dans le secteur. Il aura tout de même fallu 17 années de négociations pour arriver à la signature d'une convention collective qui déterminait le temps de travail hebdomadaire à 43 heures, le droit commun se situant à l'époque à 39 heures, 4 heures d'équivalence avaient été prises en compte. Un accord qui aura été long à obtenir et qui n'est, on le sait, pas encore appliqué dans toutes les entreprises. Concomitamment à la signature de la convention collective, le taux de TVA normal est passé de 18,6 % à 20,6 %. La profession traversait une crise importante des suites de la guerre du Golfe, et elle vécut particulièrement mal cette augmentation de 2 points de la TVA. Elle fit de la baisse de la TVA sur la restauration son cheval de bataille et, depuis septembre 1995, ne cesse d'espérer l'obtention du taux réduit sur la vente des repas dans les restaurants. Les restaurateurs verraient dans cette mesure, la solution à tous les problèmes : ils auraient dès lors les moyens de mieux payer leur personnel, de créer des emplois en recrutant, de faire des investissements tout en baissant leurs tarifs et en reconstituant leurs marges ! Autant dire que tous leurs espoirs sont mis dans cette mesure qui, tant sur le plan national que sur le plan européen, ne connaît aucune avancée malgré ce que certains veulent faire croire. Pire, l'exonération de TVA sur le service vient d'être supprimée depuis le 1er octobre dernier. Alors comment aborder le problème de pénurie du personnel à l'heure de la réduction du temps de travail, de l'alourdissement des charges et des contraintes de gestion ? Peut-on aujourd'hui transformer l'ensemble de ces contraintes en opportunités pour que les entreprises des CHR rénovent leur politique de ressources humaines ? Comment redonner le moral aux chefs d'entreprise, dont certains sont avant tout tournés vers la satisfaction de leur clientèle en matière de service, de produits, de cuisine, de par leur formation que vers la satisfaction des besoins de leurs collaborateurs.
Entre fixe et service
Pour Jacques Raluy du cabinet ARthis, c'est d'une manière très pragmatique qu'il
faut poser le problème : "Ces orientations doivent être mises en uvre à
travers des chantiers techniques très précis : le choix du mode de rémunération entre
salaire fixe ou salaire au service, unité de compte de l'heure travaillée et
l'évolution du management."
Un constat : les horaires proposés sont
dans les entreprises des CHR sans commune mesure avec les horaires de la plupart des
autres secteurs. Les types de contrats, nombreux en CDD, saisonniers, rendent encore plus
difficiles l'embauche et la fidélisation du personnel qualifié. Même la distribution,
si décriée quant à ses pratiques, offre aujourd'hui des statuts, des horaires, des
perspectives et des plans de carrière, des pratiques salariales plus attrayantes (même
si les conditions de travail restent dures).
Les métiers des CHR deviennent trop souvent pour les jeunes, un sas d'attente qu'ils
quitteront à la première opportunité.
Ajoutons, pour les métiers de la restauration, la pratique du droit de service à la fois
intéressante pour l'employeur et le salarié, parce que directement liée au chiffre
d'affaires, mais décalée et risquée parce que ne tenant pas compte du nouvel
environnement économique et social.
Il faut redonner le goût des métiers du secteur, sans pour autant, ignorer les
nouveaux comportements et les attentes des candidats comme des collaborateurs en place.
Au service, peu compatible avec la RTT
La pratique de la rémunération au service est encore aujourd'hui largement répandue et
souvent bien défendue tant par les employeurs que par les salariés concernés. Cette
pratique s'appuie sur le Code du travail (articles L 147-1 et suivants trouvant leur
origine dans la loi Godard du 19 juillet 1933 et son décret d'application du 4 juin
1936). Chacun y trouvant des avantages :
- C'est une rémunération directement liée au chiffre d'affaires.
- Pour le salarié, c'est donc "plus j'encaisse, plus je gagne".
- Pour l'employeur, c'est moindre risque à chiffre d'affaires insuffisant : il n'a que le
Smic à verser. La masse salariale devient donc largement un coût direct.
- Les cotisations sociales peuvent être minorées. Si elles sont uniquement assises sur
le Smic, chacun y gagne, les charges sont diminuées et le net à payer est plus fort.
- Enfin le personnel y trouve son compte, il se fidélise, est disponible et ne calcule
jamais son temps.
Mais la réduction du temps de travail va mettre en évidence les inconvénients au
principe "plus je travaille, plus je touche", qui n'exonère pas
l'employeur de sa responsabilité légale et réglementaire en matière de respect du
temps de travail. Les dépassements fréquents des durées journalières et hebdomadaires,
tout comme la non prise en compte des heures supplémentaires pourraient conduire à des
sanctions (voire pénales). Autant dire que la rémunération au service devient vite
incompatible avec la réduction du temps de travail "moins je travaille, moins je
touche", et "plus on est nombreux et moins je touche".
Plusieurs questions se posent alors :
w Le salarié au service sera-t-il le seul à faire les
frais de la réduction du temps de travail puisqu'il verra, lui, sa rémunération baisser
?
w Si les cotisations sociales restent calculées sur un
salaire minimum et forfaitaire, les droits sociaux du salarié seront à terme minorés
(retraite, indemnité maladie, chômage...).
Comment ne pas évoquer les disparités créées par la cohabitation des deux types de
rémunérations, les injustices, les tensions qui en découlent au sein d'un même
établissement (dont le célèbrissime cuisine/salle), quand les intérêts divergent :
pour certains, priorité est donnée à la qualité, en respectant des horaires légaux et
pour d'autres, ce sera faire du chiffre sans limites de temps, au titre du service à
apporter au client.
Ceci est encore accentué lorsque des règles d'attribution sont détournées en donnant
des qualifications émargeant au service alors que la fonction réelle n'y donne pas droit
:
w Rémunérer des extras en prélevant leur salaire de base
(ou le brut) sur la masse à répartir, sans tenir compte des règles de répartition.
w Payer de temps à autre les heures de délégation des
représentants du personnel sur service, n'est-ce pas remettre en cause tout le système ?
Dans la mesure où la rémunération au service est liée à la présence à son poste
de travail et au chiffre d'affaires, cela devient aussi bien un frein à l'évolution de
carrière (changement de système de rémunération lors d'une prise de responsabilité,
période de formation).
En définitive, le système, souvent perçu comme avantageux, se révèle bien plus
pervers et constitue des obstacles pour l'employeur comme pour le salarié dès lors qu'il
faut faire évoluer l'entreprise dans ses prestations, son économie, son service et dans
l'application de la réduction du temps de travail.
Comment libérer du temps pour chacun en simplifiant certaines activités,
certains processus ?
Savoir dépasser le fixe
C'est aujourd'hui l'alternative à la rémunération au service qui connaît aussi ses
limites. L'augmentation du Smic écrase l'échelle des salaires, et ne prend plus en
compte les qualifications et les responsabilités. D'autant que l'absence de part variable
ne permet pas de rémunérer la valeur de chacun des services ou de l'employé.
Rémunération au fixe comme rémunération au service apparaissent donc aujourd'hui comme
mal adaptées aux besoins de motivation des entreprises. Il faut donc trouver d'autres
systèmes de calcul permettant au chef d'entreprise de se réapproprier la politique de
l'établissement, sa politique de produit, sa politique de service au client, la maîtrise
de sa politique salariale et sociale tout en offrant des niveaux de rémunération plus
motivants.
Un nombre croissant de chefs d'entreprise du secteur prend conscience du besoin de faire
évoluer l'un ou l'autre des systèmes de rémunération et cherche à trouver la solution
la mieux adaptée, sans pour autant disposer des possibilités techniques qui lui sont
offertes : Est-ce faisable ? Est-ce le bon moment ? Quelles sont les conséquences
économiques ? Que va faire la concurrence ?
La rémunération au service va se trouver en porte-à-faux et va être remise en cause
avec la réduction du temps de travail. Aussi est-il essentiel de lier étroitement la
négociation sur la RTT à l'évolution du système de rémunération au service. Tout
chef d'entreprise devra échanger du temps de travail en moins contre un nouveau système
de rémunération. Rappelons en effet que toute modification du système de rémunération
doit faire à la fois l'objet d'un accord collectif et d'une acceptation écrite de chacun
des salariés concernés, autant profiter de cette obligation pour remettre en cause
l'intégralité du système, et privilégier les méthodes les mieux adaptées à la
demande de la clientèle et aux obligations économiques.
Sans préjuger des solutions qui seront trouvées pour chaque cas, il devient possible de
privilégier la mise en place de modes de rémunération mixtes, combinant un salaire fixe
et une rémunération variable à coût global équivalent pour l'entreprise.
Les dispositifs légaux actuels en matière de rémunération variable offrent un
éventail large : les systèmes de prime et de bonus liés à des performances ou des
ratios (systèmes qui sont assimilés à des salaires, mais aussi des systèmes
fiscalement et socialement attractifs comme l'intéressement collectif, l'épargne
salariale, les plans d'épargne entreprise, le compte épargne temps, les régimes de
prévoyance et de compléments retraite...).
Il y a certes des obstacles que l'on peut envisager :
- Crainte pour le chef d'entreprise de voir ses coûts salariaux augmenter sans saisir une
activité permettant d'y faire face et ce, au moment où il convient d'absorber
l'extension de la TVA à la totalité du service.
- La demande de maintenir les rémunérations alors que le temps de travail va baisser.
- Comment faire face, en abandonnant la rémunération au service, à l'évolution des
charges sociales qui ne seront plus calculées forfaitairement sur le Smic ?
- Quelle sera l'incidence sur la trésorerie d'un système de rémunération qui lissera
les salaires indépendamment des variations d'activité ?
- Le salarié ne verra-t-il pas dans cette modification une manuvre pour finalement
diminuer les salaires ou différer le paiement de la rémunération à son désavantage ?
- En changeant, ne prend-on pas le risque de conduire à une dégradation du service au
client... les CHR sont des secteurs à part où il faut travailler beaucoup pour gagner sa
vie.
Procéder à des changements aussi fondamentaux ne va pas de soi, et pourtant ne rien faire aura un impact négatif sur l'avenir des entreprises, des métiers et donc finalement sur l'emploi des salariés. L'image de la profession risque de se détériorer encore si sa capacité à évoluer n'apparaît pas. Le décalage avec d'autres secteurs va s'accroître. Bien des secteurs où des entreprises (petites ou grandes), ont déjà revu et modifié les conditions de travail, ont adapté leurs produits et leurs métiers, se sont ouverts aux innovations techniques et sociales, et s'organisent pour optimiser leur productivité. Or, nous savons qu'à ce jour les besoins qualitatifs et quantitatifs en personnel continuent de croître.
Unité de compte et de compétences
A la différence de tous les secteurs d'activité qui depuis longtemps pratiquent le
calcul des coûts réels du temps de travail, et ce pour maîtriser les coûts de
production et déterminer les prix de vente, le secteur CHR est resté sur un schéma
statique.
Quatre raisons principales peuvent expliquer cette situation :
w Le concept de service à apporter au client qui ne peut
être lié à des horaires prédéterminés et déclarés.
w Le droit de service qui occulte totalement la notion de
durée du travail ou du nombre d'heures dédiées au travail.
w L'absence totale de notion d'heures supplémentaires,
heures pourtant effectuées mais rarement comptabilisées.
w La reconnaissance au travers du régime dit d'équivalence
d'une confusion entre temps de travail effectif engageant une valeur ajoutée connue et
des heures nombreuses mais dédiées à des travaux totalement variés.
Rajoutons à ces raisons principales qu'il existe une culture professionnelle où il
faut être présent pour faire face à une activité éventuelle. Les coûts de
main-d'uvre étant élevés, il convient d'occuper tout le temps de présence par
des activités (principe de Parkinson). Il a été pendant longtemps possible de mobiliser
des extras et des temps partiels servant souvent à combler les errances d'une absence de
pratiques d'anticipation et de planification.
Comment la gestion compétence/coût a-t-elle été menée ? Dans bien des cas en occupant
les salariés à des tâches variées, mais sans se soucier des valeurs ajoutées à
apporter.
On a finalement pris beaucoup de libertés avec la réglementation au prétexte du service
au client, sans mesurer les risques de tous ordres.
Risques Economiques :
- Méconnaissance des coûts horaires
- Non comptabilisation des heures supplémentaires
- Quelles tarifications adopter pour les services ?
- Quelles marges viser, quels budgets arrêter ?
Risques réglementaires :
- Les contrôles de l'administration
- Les pénalités éventuelles
- Les condamnations possibles
- Le temps passé
Risques sociaux :
- Un conflit individuel
- Naissance de représentation du personnel (souhaitée ou non)
- Risque d'un conflit collectif
- Répercussions évidentes sur les coûts sociaux alors même que dans votre entreprise
le climat a toujours été serein, et que vous êtes très proches de vos équipes
Risques commerciaux et d'image :
- Vis-à-vis des clients qui peuvent ressentir ces malaises
- Vis-à-vis des collaborateurs dont la motivation peut se réduire
La RTT va mettre en évidence les inconvénients au principe "plus je
travaille, plus je touche" , qui n'exonère pas l'employeur de sa
responsabilité légale et réglementaire en matière de respect du temps de travail.
Remise en cause totale
L'entreprise ne peut ignorer les composantes de sa propre rentabilité, et doit quitter
une vision à court terme pour une meilleure anticipation de l'activité et ce, pour mieux
maîtriser ses ressources humaines.
Il s'agit d'une révolution complète qui nécessite une remise en question dans de
nombreux domaines. Il s'agit de reconstruire une démarche volontaire planifiée qui
combine coûts de fonctionnement, compétences collectives et individuelles, performances,
productivité, ergonomie, réglementation et marché de l'emploi :
- Comment réfléchir à de nouvelles organisations qui vont se substituer à
l'organisation traditionnelle (nouveaux métiers, compétences exigées élargies,
pluricompétence, reconnaissance des acquis, positionnement des diplômés de
l'enseignement) ?
- Comment libérer du temps pour chacun en simplifiant certaines activités, certains
processus ?
- Comment rénover un local, une cuisine, une réception pour limiter les pertes de temps
et d'énergie ?
- Comment fidéliser le personnel, limiter les coûts de recrutement ?
- Comment réduire des temps de manipulation et de transports lors de mises en place... ?
© Photodisc
L'environnement a changé : le secteur a perdu son attrait auprès des jeunes, il
est de plus en plus difficile de recruter et de fiabiliser son personnel alors que les
exigences du client se renforcent.
Quels obstacles peut-on prévoir à ce type de remise en
question :
- Manque de temps
- Le service à donner au client et le client est roi
- La disponibilité au client
- La perte ou la réduction de qualité proportionnelles au temps de travail réduit
- La résistance au changement
- Les divergences d'intérêt entre l'employeur, les salariés et le client
- Le chef de service, seul professionnel restant indispensable
- Les contraintes d'un contrôle à la minute près opposé au service client
- L'élaboration de la paie, les logiciels imparfaits
Quelles sont les dérives à prévoir sur la masse salariale
?
Les effets de ces démarches auront des impacts sur d'autres domaines :
- Les politiques et pratiques au quotidien de la représentation du personnel
- De nouvelles politiques et pratiques du recrutement, de la rémunération
- Un alignement des rémunérations avec les qualifications et compétences réelles
- Développement d'une collaboration plus forte avec l'encadrement dont la performance ne
se mesure pas seulement en termes de durée de présence dans l'établissement mais
surtout en termes de compétence
Que faire ?
La réponse ne peut être que la résultante d'une approche globale de la situation :
- Etude portant sur la rationalisation des tâches à accomplir au regard de l'équation
coût de l'heure travaillée
- Valeur ajoutée par la tâche
- Recherches de meilleures productivité, de rentabilité tout en respectant l'orbite
client
- Se doter de moyens simples de planification liée à l'anticipation, de contrôles de
conformité et de suivi des 'compteurs' horaires
L'évolution du management
Rien ne pourra être mis en place sans une introspection du management et, bien entendu,
de l'encadrement. Les meilleures organisations, les plus beaux messages, ne pourront
jamais passer si des hommes et des femmes ne sont pas les leaders de leur groupe, pour les
mener ensemble vers la réussite. Les échecs, les médiocres performances, ne sont
souvent que le résultat d'un mauvais management ou d'un mauvais encadrement. Il est donc
essentiel de savoir comment on est perçu par ses équipes, comment on peut s'améliorer.
Il est fréquent dans les métiers de l'hôtellerie-restauration de voir des politiques de
management basées sur le paternalisme, construites à l'affectif. A cela, s'ajoutent
l'absence d'évolution, les fausses délégations, la gestion des équipes à court terme
(sans anticipation des besoins qualitatifs et quantitatifs), l'absence d'une vraie
politique de rémunération et enfin, la place de l'encadrement intermédiaire (homme ou
femme à tout faire), amortisseur parfois plus 'bouche-trou' qu'une réelle compétence
affectée aux bons endroits, aux bons moments. Un parfum suranné de XIXe siècle !!!
"Mais finalement, ça marche, et pourquoi faire des efforts devant des
salariés qui, de toute manière, ne restent pas et regardent de plus en plus leur
montre", répondent certains chefs d'entreprise. La réalité est autre part...
ça ne marche plus et ça va se savoir de plus en plus... La pénurie de personnel en est
un signe. L'environnement a changé : le secteur a perdu son attrait auprès des jeunes,
il est de plus en plus difficile de recruter et de fiabiliser son personnel alors que les
exigences du client se renforcent et qu'il faut, avec plus de contraintes, faire face à
des préoccupations de rentabilité.
Que faire aussi devant les comportements des collaborateurs qui acceptent de moins en
moins de travailler le week-end, qui repoussent les coupures, les longues journées de
travail et acceptent mal de percevoir un salaire proche du Smic qu'ils soient équipier,
commis de cuisine, réceptionnistes ?
- Il est temps de réfléchir à un autre mode de fonctionnement et à des pratiques plus
attrayantes qui valorisent ces métiers, qui reconnaissent les compétences, qui
accompagnent le développement du secteur, qui préparent à l'apparition de nouveaux
métiers et à la disparition de certains autres.
- Il convient d'apporter aux collaborateurs une reconnaissance de leur travail et de ses
contraintes, des perspectives de développement des responsabilités et de rester dans le
secteur, d'autant que l'hôtellerie et la restauration sont encore parmi les rares
secteurs d'activité où il est encore possible de faire une carrière, sans diplôme, par
sa valeur personnelle, par son travail et son engagement.
Faisons-nous tout pour que cela soit encore vrai... ?
Pendant combien de temps l'encadrement va-t-il accepter cette situation, alors que dans le
même temps une étude récente montre que de plus en plus de salariés refusent la prise
de responsabilités pour maintenir l'équilibre vie personnelle et vie professionnelle (Liaisons
Sociales mensuel juin 2001) ?
Tout chef d'entreprise doit prendre en compte ces points, et avoir le souci de mettre en
place une gestion plus attentive de ses ressources humaines pour accompagner son
développement.
Nous savons bien qu'il n'y a pas dans ce domaine de solutions toutes faites, la démarche
nécessitant une analyse approfondie de la situation économique et financière de
l'entreprise, une analyse des intérêts des acteurs : client, chef d'entreprise,
encadrement et personnel avant de pouvoir concevoir et mettre en place les solutions les
mieux adaptées.
Travailler autrement, en groupe, en concertation, savoir écouter les autres, sont des
pistes à suivre. Comment vont-elles se réaliser ? A travers la gestion de l'activité de
l'entreprise en équipe, le travail en commun qui réunit chef d'entreprise et son
encadrement autour d'un projet commercial, d'une nouvelle gamme de produits, de la
qualité, de l'organisation.
Définition et évaluation des postes, puis des compétences individuelles débouchant sur
des vraies politiques et pratiques de qualification, de formation, de rémunération, de
transfert de compétences, accompagnement individuel et ou collectif, coaching,
valorisation des collaborateurs par l'appréciation, l'animation, la délégation sont
autant d'étapes essentielles pour favoriser l'évolution d'une équipe et la motiver.
Il faut redonner le goût des métiers du secteur, sans pour autant, ignorer les nouveaux
comportements et les attentes des candidats comme des collaborateurs en place. Il s'agit
là d'un défi majeur pour la profession. Le secteur CHR doit encore intensifier sa mise
en ordre pour faire face aux nouvelles conditions des marchés (qu'il s'agisse de la
clientèle, du marché de l'emploi ou de la concurrence). Les chefs d'entreprise doivent
se mobiliser. Les solutions seront spécifiques à chaque unité et uniques car chaque
entreprise est différente et agit dans un domaine bien défini et délimité. Pour ce
faire, il faut permettre à chaque chef d'entreprise de développer réflexion,
méthodologie, études sans craindre de remettre en question habitudes ou certitudes. n zzz60t
ARthis
6, rue Guénot
75011 - PARIS
Tél : 01 43 48 47 44
Fax : 01 43 48 50 97
E-mail : alain-raluy@wanadoo.fr
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L'Hôtellerie n° 2742 Magazine 1er Novembre 2001