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Aussi contestée soit-elle, la loi Aubry oblige les entreprises à réduire leur temps de travail. De 43 heures hebdomadaires, il faudra passer à 39 heures rapidement, et à terme, s'organiser pour fonctionner à 35 heures. Certains professionnels ont anticipé la loi, ils ont voulu réduire le temps de travail dans leur entreprise. Avantages, inconvénients, résultats, ils vous livrent leur expérience dans ce dossier.
Dossier réalisé par Jean-François Cahier, Alain Raluy, Alain Simoneau, Fleur Tari et Jean-Jacques Talpi
A
l'heure où les difficultés de recrutement dans les entreprises
d'hôtellerie-restauration se font de plus en plus fortes, nombreux sont les chefs
d'entreprise à remettre en cause les relations sociales et humaines au sein de leur
établissement. Si le temps de travail n'est pas l'élément déterminant de bonnes
conditions de vie au sein d'une entreprise, il en est un élément d'autant plus important
que la loi Aubry a été votée, et en se mettant en place petit à petit au sein des
autres secteurs, elle met l'accent sur le rapport du temps au travail dans la vie des
salariés.
Difficultés de concilier vie familiale et vie professionnelle, fatigue physique
excessive, disparition de la motivation au bout de quelques années, sont autant
d'arguments qui sont mis en avant par les jeunes qui, après avoir choisi ce secteur en
début de carrière, changent de métier après quelques années. Il est de plus en plus
difficile pour les hôteliers et les restaurateurs de trouver et de fidéliser du
personnel de qualité. Recruter devient un chemin de croix, les rendez-vous pour entretien
d'embauche ne sont pas toujours honorés, les gens ne reviennent plus travailler au bout
de quelques jours de travail : la profession s'interroge sur son avenir.
Le temps, c'est de l'argent
Trop longtemps cette profession n'a pas tenu compte de l'élément temps, parce que l'on
était au service de la clientèle, on ne comptait pas le temps et... on ne le facturait
pas ! Parce que le temps c'est de l'argent, le travail a un prix, et il se paye à
l'heure...
Aussi est-il aujourd'hui essentiel de remettre toutes les organisations à plat, de revoir
l'ordonnancement des tâches, et de trouver les réserves de productivité de chaque
entreprise. Une remise en cause indispensable pour limiter le coût de la réduction du
temps de travail. Facile à dire, plus difficile à faire, déclareront certains ; il est
exact que plus l'entreprise est petite et plus la réduction du temps de travail sera
difficile à mettre en place. Parce que l'on ne peut concevoir de nouvelle organisation du
travail sans préserver la rentabilité de l'entreprise, on constate très vite que
certains cas sont limites.
Dans l'obligation de fermer un ou plusieurs services pour respecter ce temps de travail,
certains restaurants, certains bars, ne produiront plus le chiffre d'affaires qui leur
permettra de dégager une marge... leur avenir sera alors très vite compromis. D'autant
que les allégements de charges que certains attendent ne seront pas suffisants pour
compenser la perte de chiffre d'affaires, et qu'ils ne seront effectifs que sur les
premières années. On le voit : la réduction du temps de travail est, pour toute
entreprise, un moment déterminant dans sa vie ; de la manière dont elle est traitée,
elle augurera de son avenir. Plus la réduction imposée par la loi sera importante, plus
le passage sera difficile et périlleux.
Quand on sait que dans de nombreuses entreprises, voici seulement 3 ans, on travaillait en
moyenne 48 heures, on imagine la difficulté que ces dernières rencontreront quand elles
se verront dans l'obligation de respecter les 39 heures, voire les 35 heures.
L'hôtellerie-restauration est à un tournant décisif de son histoire. n zzz60t
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L'Hôtellerie n° 2742 Magazine 1er Novembre 2001