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Le marché du repas livré

Dopé par la réduction du temps de travail

Parce qu'ils doivent souvent faire la même chose en moins de temps, les cadres sont de plus en plus souvent appelés à organiser des séances de travail dans le cadre de déjeuners. Une chute du nombre de couverts pour certains restaurateurs, mais une opportunité nouvelle pour d'autres... Le marché du repas livré est en effervescence.

Pierre Boyer et AMP zzz22v zz

Bien sûr, le phénomène est citadin, mais il est suffisamment fort pour être remarqué. Au-delà de l'accroissement de la demande, on constate l'évolution de son niveau qualitatif. Une tendance qui ne pourra être que renforcée d'ailleurs quand les entreprises auront pris en compte la position du Conseil d'Etat en matière de récupération de 100 % de la TVA sur les repas d'affaires, collaborateurs compris. Parce que souvent ces prestations sont facturées à travers l'entreprise, parce qu'elles permettent de réunir des collaborateurs et des clients, tout aussi soucieux du décompte des heures travaillées de leurs collaborateurs, on constate que le niveau de qualité demandé s'est élevé ces derniers mois. Un marché tiré vers le haut à tous niveaux : qualité, prix et nombre de couverts servis. De quoi susciter l'intérêt de nouveaux opérateurs, mais aussi de permettre à d'autres, déjà implantés, de profiter de l'ouverture de cette nouvelle niche d'une manière dynamique. Quand le produit correspond bien à la demande, on constate que, commercialement, le succès est immédiat. Afficher un haut niveau de qualité, c'est refuser de tomber dans la livraison de la banalité. A ce niveau-là, salades et sandwiches retrouvent leur attractivité aux yeux des clients pour le goût, et auprès des restaurateurs pour les marges. Reste maintenant à affiner investissements et méthodes de travail pour que les coûts restent maîtrisés et que l'activité soit réellement rentable. n

n Repaburo bien au-delà des espérances de Casino

Depuis ses Cafétérias, Casino développe un service de livraison de plateaux-repas pour les entreprises. Lancé en 2001, le service Repaburo de Casino, fixé à 20 plateaux- repas/jour sur le site de Saint-Etienne, a dépassé ses objectifs de 30 % dès le 3e mois de test. "Le service que nous proposons répond à un réel besoin. Avec les 35 heures et la réduction des temps d'arrêt à la mi-journée, les salariés, les cadres surtout, disposent de moins en moins de temps pour sortir déjeuner", affirme Daniel Jambon, directeur général de l'activité Casino Cafétéria. Ce service lancé en février 2001, consiste à proposer aux entreprises des plateaux-repas livrés sur le lieu de travail, du lundi au vendredi de 11 heures à 15 heures. 40 % des commandes sont passées par Internet et le reste par appel (numéro indigo). C'est la Cafétéria Casino la plus proche du client qui prend en charge la livraison. A l'heure actuelle, Repaburo propose 8 menus fixes, froids, allant de 8,99 à 16,77 e TTC.
Ce service s'adressant en priorité aux moyennes et grosses entreprises, le règlement est effectué après l'émission d'une facture mensuelle qui évite ainsi la manipulation de liquidités.


La rentabilité du service est rapidement atteinte (il suffit de 18 repas/jour)

En pleine croissance
Face au succès du site pilote, le développement de Repaburo s'est effectué plus tôt que prévu. "Nous nous étions donnés une année pour tester le service, mais finalement, dès septembre 2001, nous avons lancé 3 autres sites sur Paris, Lyon et Grenoble qui ont tous très rapidement atteint leur point d'équilibre", explique Daniel Jambon. Du coup, Casino Cafétéria a planifié l'ouverture de 30 nouveaux sites sur l'année 2002. "Montpellier, suivi de Lyon, puis de Chartres en février, de Dijon, Toulouse, Bordeaux, d'Annemasse, Arles, Aix-en-Provence, etc." Une nouvelle version du site Internet est également prévue. "Actuellement, il est très figé du fait que nous proposons des menus déjà composés. Mais bientôt, les clients pourront
eux-mêmes composer leur plateau. Par ailleurs, il est question de proposer dans le futur des plats chauds, ce que nous ne faisons pas actuellement."
La rentabilité du service est rapidement atteinte (il suffit de 18 repas/jour), car Casino Cafétéria s'appuie sur ses structures existantes, au nombre de 230 en France (ce qui, d'ailleurs, offre un fort potentiel de développement). Profitant de la logistique existante, le service ne réclame alors que 3 personnes supplémentaires par site, un atelier de préparation (s'il n'existe pas déjà) et un véhicule réfrigéré.
Quant à l'éventuelle baisse de fréquentation des cafétérias liée à ce service, Daniel Jambon répond : "De toute façon, si ce n'est pas nous qui le faisons, quelqu'un d'autre aurait sûrement eu l'idée." Il affirme par ailleurs que les clients qui ont pu essayer ce service y reviennent très régulièrement. Le chiffre d'affaires du site pilote de Saint-Etienne atteint ainsi les 81 000
e sur ses 11 premiers mois, tandis que le prévisionnel 2002 pour l'ensemble des 32 sites s'élève à 2,1 Me.

 

n Sir John haut de gamme et terroir


Lélia Renoux est passée du secrétariat à chef d'entreprise à la tête d'une sandwicherie.

Lélia Renoux a lancé, en janvier dernier à Clermont-Ferrand, une sandwicherie pas comme les autres. Elle propose du haut de gamme avec des produits du terroir. Et elle vise, avec succès, le créneau des repas livrés dans les bureaux.
Après 9 mois de réflexion sur son projet, Lélia Renoux a franchi le pas. Elle a ouvert le Sir John, une sandwicherie pas comme les autres, à La Pardieu à Clermont-Ferrand.

Première originalité : elle s'affiche dans le haut de gamme. Elle propose foie gras, terrine d'escargots, rillettes de truite... Des produits du terroir qu'elle achète exclusivement auprès de petits producteurs locaux.
"Les truites proviennent d'une pisciculture du massif du Sancy. Les escargots d'un éleveur de la Limagne." Les yogourts fermiers sont livrés 2 fois par semaine, les fromages de chèvre sont affinés dans les environs.
Pour l'agencement des locaux et pour sa communication, elle a suivi le même principe : faire travailler des entreprises du cru de taille plutôt modeste. Pour le pain, Lélia Renoux est intraitable. "Sans un bon pain, on ne peut même pas parler de sandwiches."


Sur place, à emporter ou à livrer pour les bureaux

Deuxième idée : elle livre sandwiches et salades dans les bureaux de l'agglomération.
"Les commandes sont prises jusqu'à 10 h 30 par fax, e-mail ou téléphone. La livraison s'effectue entre 11 heures et 12 h 15. Je pensais compléter mon chiffre d'affaires avec cette activité. Mais elle a tellement bien démarré qu'elle représente les trois quarts de notre travail. La livraison est facturée 1
e. Et elle est gratuite au-dessus de 30 e de commande", explique la jeune chef d'entreprise qui a tout juste 30 ans. Mais ce n'est pas tout. Lélia Renoux propose une carte de cafés avec 7 variétés : colombie, costa rica, papouasie, décaféiné, etc. Et 8 sortes de thé.
"Au Sir John, les gens se sentent comme dans un restaurant classique. Sandwiches et salades ne sont jamais préparés d'avance mais réalisés à la demande. Cela permet de satisfaire au mieux les clients et de tenir compte de leurs desiderata, de respecter les régimes alimentaires des uns et des autres", ajoute-t-elle.


La salle du Sir John dispose de 32 places.

Mises en bouche
Et pour éviter la monotonie, Lélia Renoux propose le sandwich du mois.
"Cela anime la carte." Quand elle teste un nouveau produit, comme la terrine d'autruche dernièrement, elle réalise des toasts qu'elle offre à ses clients. Une démarche encore inédite dans les sandwicheries : des mises en bouche. Lélia Renoux a choisi la voie de la restauration par goût et par plaisir. Même si le parcours n'est pas toujours facile. "Nous avions deux possibilités avec mon ami. Soit acheter une maison, soit faire autre chose. Nous avons opté pour la deuxième voie." Elle a alors exploré de nombreuses pistes. "Secrétaire de métier, n'ayant pas de diplôme en cuisine, je ne voulais pas outrepasser mes possibilités. Mais je désirais faire quelque chose de différent."
Elle se renseigne alors sur les franchises existantes en sandwicherie. "Cela revient trop cher. L'apport plus le droit d'entrée s'élève à près de 95 000
e, et il y a aussi les 10 % de prélèvement annuel sur le chiffre d'affaires réalisé", raconte-t-elle. Elle se tourne alors vers la chambre de commerce et d'industrie de Clermont-Ferrand-Issoire pour trouver les appuis et les conseils nécessaires pour se lancer dans l'aventure.
Elle peaufine son projet. Il prend forme peu à peu : faire manger les clients vite et bien ; leur faire découvrir les produits du terroir. Les recettes sont mises au point ; elle recherche et prend contact avec les producteurs locaux.
Le restaurant va s'appeler Sir John, un clin d'œil à sir John Montagu, comte de Sandwich, 'l'inventeur' du... sandwich. Elle trouve des locaux à louer. L'investissement s'élève à 106 500
e. Et les débuts sont prometteurs. "Nous sommes proches de notre prévisionnel : 450 e/jour", sourit Lélia Renoux.

Sir John
La Pardieu
63000 Clermont-Ferrand
Tél./Fax : 04 73 28 97 18
Web : www.sirjohn.fr

Le Sir John propose un sandwich et une salade du mois. "C'est pour animer la carte", explique Lélia Renoux

En chiffres

Le Sir John, ouvert du lundi au vendredi de 8 h 30 à 15 heures et le samedi de 10 heures à 15 heures, emploie 3 personnes à temps partiel, sans compter Lélia Renoux, et connaît un pic d'activité les mercredis, jeudis et vendredis. La salle dispose de 32 places plus une vingtaine en terrasse.

Sur la carte, 12 sandwiches de 4,20 à 5,90 e :
w Le Traditionnel (jambon blanc, cantal, salade)
w L'Auvergnat (saucisson d'Auvergne, murol, salade)
w L'Escargotin (terrine d'escargots, salade)
w Le Raffiné (médaillon de foie gras de canard)

Il y a aussi 8 salades de 4,90 à 6,10 e :
w La Farce et Attrape (jambon cru, tranche de canard au foie gras, tomates, noix, fromage de brebis fumé)
w La Douce (truite fumée, rillettes de truite, tomates, chèvre frais)
w La Juriste (avocat, magret, pomme granny, noix)
w Les Iles (avocat, tomates, crevettes, cœurs de palmier, pamplemousse)

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L'Hôtellerie n° 2776 Magazine 4 Juillet 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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