Les résidences hôtelières sont-elles de simples concurrentes pour les hôteliers traditionnels, ou bien apportent-elles une offre complémentaire indispensable à l'activité touristique ? A Sanary, la mairie soutient l'implantation d'un hôtel "pour offrir une meilleure qualité d'accueil".
D'après les statistiques du CRT Riviera-Côte d'Azur, sur les 7 premiers mois de 2002, les hébergements en hôtellerie traditionnelle ont marqué un recul de 13 points par rapport à la même période en 2001. Dans le même temps, les hébergements en résidences de vacances sont restés stables... Evidemment, les volumes ne sont pas comparables : les résidences n'accueillent que 5 % des séjours contre 52 % pour l'hôtellerie traditionnelle. Mais cette prépondérance est à relativiser : sur la Côte d'Azur, 76 résidences de tourisme (toutes catégories confondues) offrent 33 954 lits, l'hôtellerie classique en propose 64 544..., mais avec 12 fois plus d'établissements (908 hôtels) ! Et les taux d'occupation sont tout au long de l'année supérieurs dans les résidences (71 contre 64 %). De quoi susciter l'agacement des professionnels de l'hôtellerie qui n'adoptent pas tous la même position. A Nice, les résidences - peu nombreuses - ne font pas partie du syndicat des hôteliers, comme l'indique Michel Tschann, son président : "Nous restons réservés, notamment en matière de sécurité. Les règles sont différentes, alors même que les résidences mettent à disposition de leurs clients des équipements potentiellement plus dangereux, dans les kitchenettes notamment..."
Une offre complémentaire
A Cannes, au contraire, le syndicat les a accueillies depuis une dizaine d'années. Elles
représentent le tiers des chambres disponibles sur la ville. "Les résidences
sont largement complémentaires de l'hôtellerie traditionnelle, explique le
président Michel Chevillon. Elles répondent nettement à un besoin d'une clientèle
plus familiale, plus autonome, qui n'a pas forcément soit les moyens, soit l'envie de
bénéficier de tous les services hôteliers. C'est une forme de concurrence acceptable.
Alors autant les intégrer à notre démarche commerciale volontariste..."
Certaines nationalités sont particulièrement friandes des séjours en résidences :
Italiens, Anglais, Allemands, ressortissants de certains pays de l'Est comme la Pologne,
Canadiens... Les résidences favorisent bien évidemment les longs séjours, puisqu'elles
ne devraient louer qu'à la semaine, même si la règle souffre parfois de certaines
entorses. "Le client a le choix du niveau de service qu'il veut avoir. On obtient
des prix à géométrie variable, en moyenne 15 à 20 % moins chers que dans l'hôtellerie
classique. Il faut donc être conscient que si les résidences n'étaient pas là, la
clientèle ne se reporterait pas pour autant sur les hôtels", remarque Michel
Chevillon.
Recherche hôtel désespérément
A Sanary, dans le Var, Ferdinand Bernhard, le maire (et ancien président du CDT), est un
peu découragé : les hôtels ferment et sont transformés en résidences... Pour 17 000
habitants - et une population au moins doublée l'été -, il reste moins d'une dizaine
d'établissements de petite capacité. "Résultat, les touristes qui pourraient
parfaitement séjourner à Sanary s'en vont dans les communes voisines..."
Pourtant la commune qui souhaite voir s'implanter un 3 étoiles pour compléter son offre
touristique avait investi : "Quand j'étais président du CDT, nous avions fait
voter des crédits pour les collectivités locales désireuses d'acquérir des terrains
pour implanter des hôtels. A Sanary, nous avions acheté un terrain en plein
centre-ville. Mais faute d'investisseurs intéressés, après plusieurs années, nous
avons dû nous résoudre à en faire des habitations HLM !"
Une pénurie d'environ 300 chambres
Mais pourquoi privilégier la solution d'un hôtel par rapport à une résidence ? "Je
ne cherche pas des habitants ou des touristes supplémentaires, mais une activité
génératrice d'emplois, qui permet une meilleure qualité d'accueil dans la ville. Et, on
le constate bien souvent, les résidences de tourisme sont facilement transformées en
appartements après quelques années d'exploitation", répond le maire de Sanary.
La flambée du prix du foncier dans le Var ne facilite pas les choses : "Les
possibilités de créer du neuf sont limitées, sauf pour rénover des bâtiments
existants. Nous avons mis le POS (Plan d'exploitation des sols) en révision, nous
pourrons peut-être récupérer du terrain... Dans l'idéal, il faudrait créer 50 à 60
chambres tous les 2 ans pendant 10 ans ! Avec 300 chambres supplémentaires, nous
pourrions certainement être beaucoup plus attractifs... Nous sommes d'ailleurs prêts à
aider les investisseurs, pour peu qu'ils soient des professionnels désireux de faire de
la qualité !", conclut le premier magistrat. n zzz36v
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L'Hôtellerie Restauration n° 2803 Magazine 9 Janvier 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE