Pendant qu'il se refait une beauté à 5,5 Me, le Mercure Beauvau à Marseille, fermé pour 1 an, a réussi à trouver des solutions au reclassement de son personnel.
Dominique Fonsèque-Nathan
Frédérique Anselmo, directrice de l'établissement
Mettre le personnel en chômage technique pendant les travaux ? Frédérique Anselmo, directrice de l'établissement marseillais, n'y a pas pensé une seconde. "Ce n'est pas dans la culture Accor, et, d'ailleurs, quand le marché de l'emploi est tendu, il n'est pas question de laisser partir dans la nature un personnel compétent, formé et rare." Dès 1999, l'année où le groupe a initialisé le projet, elle a sensibilisé la vingtaine de salariés permanents. Puis, au fur et à mesure que le jour J se rapprochait, elle a recueilli leurs vux et contraintes, et informé ses collègues directeurs des compétences disponibles. Tout aurait été parfait dans le meilleur des mondes si la date de fermeture, prévue pour le 1er juillet 2002, n'avait pas été repoussée au 1er novembre.
Carine Elie-Dit-Cosaque, chef de réception au Novotel Cap 3000 de Nice, était
chargée, pendant 3 mois, de prendre les réservations et de réorienter les clients vers
le Mercure Centre Bourse.
Mutation, mission ou détachement
Ce retard a provoqué un jeu de chaises musicales imprévu en démunissant Frédérique
Anselmo de son personnel et en l'obligeant, par exemple, à lancer un SOS auprès du
Novotel Nice Cap 3000. Résultat, l'arrivée de Carine Elie-Dit-Cosaque, chef de
réception, chargée, pendant 3 mois, de prendre les réservations et de réorienter les
clients vers le Mercure Centre Bourse.
Mutation, mission ou détachement, les formules ont été adaptées à chaque cas avec le
souci, pour Frédérique Anselmo, de "placer les salariés au fur et à mesure des
opportunités, repérer quelque chose qui leur convienne, même si je devais courir le
risque de les perdre ou de les laisser partir prématurément. Faire carrière chez Accor,
c'est dans l'ordre des choses".
Pour Philippe Van Dorme, chef de réception, muté et promu directeur de l'accueil au
Sofitel Palm Beach, il n'y aura pas de retour. Idem pour Xavier Gorissen, muté dès le
1er avril 2002 au Sofitel Vieux Port. Enthousiaste, ce jeune homme de 26 ans avoue que la
fermeture du Beauvau a donné "un coup de booster à sa carrière".
Grâce à un concours de circonstances, il est devenu, 6 mois après, chef de réception
en titre. Cette promotion lui a demandé un gros travail de mise à niveau, le passage
d'un "petit porteur 3 étoiles" à un établissement 4 étoiles de 130
chambres comme le Sofitel n'étant pas aisé.
Admiratif, Olivier Pauzerat, chef barman, devenu changeur de machines à sous au casino de
Cassis, commente : "Il y a très peu d'entreprises où cela se serait passé de
cette manière. Quand cette opportunité s'est présentée pour moi, fin août, elle n'a
pas hésité. Pour l'instant, je suis détaché au casino et payé par lui. C'est une
période d'observation au bout de laquelle, je peux revenir." Il poursuit : "On
n'est pas lâché dans la nature. On a l'impression de faire partie d'une équipe comme
lors de ce dîner où nous étions tous réunis pour faire le point individuellement et
collectivement. Frédérique est là, quoi qu'il arrive." Pour Yamina
Mostegameni, 39 ans, en mission au Palm Beach depuis le 17 juin 2002, "pas
question de ne pas revenir au Beauvau". Pourtant, entre-temps, l'ex-assistante
gouvernante a gagné, haut la main, ses galons de gouvernante d'étage. Mieux, elle a
effectué l'ouverture du nouveau Sofitel, formant et gérant une équipe d'une trentaine
de personnes, contre 6 ou 7 précédemment.
Quant aux 4 femmes de chambre, en CDD jusque-là, Frédérique Anselmo a réussi à les
faire employer comme extras dans les hôtels voisins "parce qu'il n'était pas
question d'envoyer des femmes qui n'ont pas de voiture à des kilomètres de chez
elles".
Vers un plan d'action
Enfin, pour Laurent Baude, directeur adjoint, Pierre Salaün, responsable technique, et
Frédérique Anselmo, pas de changement de décor. Ils restent basés dans leur ancien
bureau pour surveiller l'avancement des travaux, mais aussi assurer la continuité de
l'hôtel. Ils en profitent aussi pour se former au management (Laurent) ou à la
climatisation (Pierre).
Frédérique Anselmo insiste : "Gérer le personnel, c'est une chose. Il convient,
aussi, de prendre en compte notre clientèle habituelle. L'hôtel ne disparaît pas parce
qu'il est en travaux. Ainsi Christine Amet-Tat, notre réceptionniste, est en poste depuis
le 1er janvier au Mercure Eurocentre (à quelques encablures, N.D.L.R.), pour faire
les réservations vers les autres hôtels du groupe." En ce qui la concerne, elle
prépare l'après-travaux et réfléchit à un plan d'action "pour commercialiser
un établissement qui aura gagné une étoile". n zzz36v
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L'Hôtellerie Restauration n° 2811 Magazine 6 Mars 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE