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	du 4 septembre 2003	MARCHÉ

La restauration en gare

Des opportunités à prendre

Le commerce en gare est à l'aube de son renouveau. A2C, filiale de la SNCF et opérateur exclusif du commerce en gare en France, annonce la création de 60 000 m2 de nouveaux espaces marchands d'ici à 2008. Une opportunité pour la restauration rapide, à thème et pour les nouveaux concepts.

Katia Kulawick

Eddie Bohbot, directeur général de A2C : "Nous essayons d'adapter l'offre à chaque typologie de gare, de rester au plus près de la demande de la clientèle".

Créée en 1999, A2C est née de la volonté de la SNCF de gérer l'espace commercial des gares, qui représente aujourd'hui 180 000 m2, et sera étendu de 60 000 m2 dans les prochaines années. La mission de cette filiale de la SNCF : gérer le parc de 1 400 concessions en créant de véritables lieux de vie qui s'intègrent à la ville et aux besoins des voyageurs. C'est donc un immense chantier de restructuration des gares françaises (la plupart n'ont pas eu de travaux depuis l'arrivée du métro il y a 100 ans, et du RER en 1969) qui est prévu. Après la gare du Nord en novembre 2002, c'est la zone d'embarquement de l'Eurostar qui sera équipée de commerces haut de gamme en 2004. Suivront ensuite Saint-Lazare, Orléans et Marseille en 2005, la gare de l'Est et de Rouen en 2006, et la gare de Lyon en 2008. Autant d'opportunités pour le monde de la restauration. "La restauration est l'activité principale en gare avec la presse. Le CA de la restauration est plus élevé que celui de la presse et représente 35-37 % de notre activité", commente Eddie Bohbot, directeur général de A2C.

Un potentiel de clientèle énorme
L'offre en gare propose une palette très large, à l'image de ses consommateurs. "Ça va du sandwich à la bonne table : du Train Bleu au petit indépendant à Colmar en passant par La Brioche Dorée. Avant, ces commerces étaient tenus par des indépendants de toute taille, souvent de père en fils, avec une gestion locale. Aujourd'hui, A2C tente d'uniformiser et de professionnaliser ce commerce, tout en maintenant les indépendants. Nous essayons d'adapter l'offre à chaque typologie de gare, de rester au plus près de la demande de la clientèle, et de respecter un équilibre en organisant la concurrence intelligemment. On essaie d'élargir l'offre et la gamme. Par exemple, Paul, La Brioche Dorée et La Croissanterie n'existaient pas en gare avant nous."

Si les contraintes d'exploitation sont plus fortes en gare (et donc les prix), la restauration en gare bénéficie également de nombreux avantages : à surface et offre égale, le chiffre d'affaires est deux fois supérieur à celui des commerces de centre-ville, le taux de concrétisation d'achat est de 50 à 70 % contre 30 à 40 % en centre-ville. 900 millions de voyageurs passent chaque année dans les gares françaises, dont 40 % de femmes et 27 % de cadres. Un potentiel d'autant plus important que 39 % des voyageurs ne consomment pas en gare ! C'est donc autant de voyageurs à attraper au vol ! "L'intérêt de l'installation en gare est multiple : la qualité des consommateurs, des jeunes, des csp+, une clientèle rêvée. La quantité des flux, la fidélité de la clientèle, les retours sur investissement exceptionnels." Si le voyage d'affaires représente une majorité de consommateurs, les déplacements plus fréquents sont devenus un mode de vie et un phénomène de société, boostés par la réduction du temps de travail. Ce développement est donc une opportunité formidable pour lancer de nouveaux concepts autour de la consommation nomade, "car c'est la pertinence de l'offre qui génère la demande. Autrement dit, tout est à faire, et si l'offre séduit, le client viendra. Les contrats de concession arrivent à échéance régulièrement (ils durent entre 5 et 10 ans), et en plus des concepts existants, A2C cherche à en intégrer de nouveaux", explique Eddie Bohbot. "En thématique, on n'a pas développé grand-chose. On n'a pas encore répondu à la demande de la pizzeria, par exemple (sauf avec Spizzico à la gare du Nord). Ce que nous allons développer à Nice au printemps 2004. Je pense qu'à long terme, il sera difficile de maintenir de la restauration assise en gare. Il va falloir se renouveler et se spécialiser... C'est ce que nous avons commencé à faire avec la vente à emporter, comme les Starbucks à l'étranger. A terme, il n'y aura plus de rupture entre la gare et la ville. Notre but est de faire de l'accompagnement de voyage, de développer la qualité des concepts et des enseignes. Le client est de plus en plus exigeant et l'ère du sandwich, 20 % plus cher et mauvais, est bel et bien terminée. Et puis la distribution automatique est importante, et il faut désormais compter avec les petites surfaces d'alimentation (Petit Casino, 8 à 8), et demain Monoprix." Alors qu'il y a quelques années les gares avaient une mauvaise image, la gare de demain pourrait bien devenir un véritable lieu de vie, où l'on aurait vraiment envie de s'arrêter ! n

Les enseignes présentes en France :
w Bonne Journée
w Paul
w La Croissanterie
w Segafredo
w Tati Bonbons
w La Brioche Dorée
w McDonald's
w Oh!..Poivrier!
w Chocolate & Compagny
w Spizzico
w Pomme de Pain
w Häagen-Dazs
w Comtesse du Barry
w Monoprix (2e semestre 2003 à gare du Nord)...

Le commerce en gare en Europe

Les autres pays européens ont pris de l'avance sur la France, et ont su capter très tôt le potentiel du lieu de vie en gare.

En Hollande, les gares comptent des espaces TV, jeux et services, et même des salles d'exposition.
En Espagne, la gare de Salamanca (et bientôt à Madrid et Malaga) compte 40 boutiques et restaurants, 1 cinéma et 1 salle de sport.
En Italie, à Rome, Termini compte 14 000 m2 et 170 enseignes pour un CA de 155 Me.
En Allemagne, à Stuttgart, le centre commercial 'shop & rail' ('achetez & voyagez') offre un plan de la gare aux voyageurs. Dortmund est doté d'un centre commercial en forme de soucoupe volante, baptisé UFO.

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L'Hôtellerie Restauration n° 2837 Hebdo 4 Septembre 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE