de février 2004 |
SAVOIR VENDRE |
La société évolue. Les Français boivent moins de vin au restaurant. L'offre doit être revue et repensée. Une des grosses tendances du moment porte sur le vin au verre.
Par Sylvie Soubes
La
consommation de vin est en chute. Depuis plusieurs décennies, les Français boivent
moins, mais mieux. La politique contre les violences routières engagée par le
gouvernement a accentué d'un coup le phénomène de baisse, en modifiant
considérablement les réflexes de consommation et en particulier au restaurant. Comme
nous le verrons un peu plus loin, le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux parle
d'une diminution de 10 à 15 % directement liée aux mesures gouvernementales. Le vin est
"touché dans sa dimension de plaisir". Le vin reste pourtant un sujet
culturel et de loisirs. Les livres grand public sur le vin se vendent bien. Constituer sa
cave ou trouver la bouteille rare est un bonheur de salon. Pour de nombreux acteurs du
CHR, il est urgent de revoir et de repenser l'offre actuelle. Différents outils existent
déjà et de nouveaux se développent. Parmi eux, le service du vin au verre se détache
de manière significative. Les opérateurs CHR misent fortement dessus. En novembre et
décembre dernier, Elidis Boissons Services a mis en place pour la première fois, et avec
le soutien de l'Association nationale interprofessionnelle des vins de table et des vins
de pays (Anivit), une opération nationale autour du vin au verre. Un dispositif
d'animation a été remis à 1 000 clients du distributeur (dans différentes villes de
France), invitant les consommateurs à la découverte des vins de pays au verre. "Cette
animation moderne et évocatrice de l'univers du vin permet de faire vivre cette offre
dans les établissements et de communiquer au plus près des consommateurs",
commentaient alors les responsables. Pour Elidis, le vin au verre associe "la
recherche du plaisir par le consommateur sans alcoolisation excessive, la découverte et
l'enrichissement sur la culture personnelle du vin, l'ouverture à une consommation
féminine plus large et le développement d'une image moderne et qualitative des
établissements".
On "sort", ajoute le distributeur, de la "consommation
traditionnelle du vin pour le positionner sur un terrain plus moderne et plus en
adéquation avec les consommateurs d'aujourd'hui". Le distributeur Aldis défend
également le principe. "Le vin est un produit très émotif, et le vendre
au verre permet de fidéliser la clientèle en lui proposant un large éventail de
produits." Le distributeur conseille bien sûr de créer et de conseiller des
associations mets/vin. La gamme qu'il retient permet de rentabiliser l'achat de la
bouteille après 2 vendues. Les prix de vente au consommateur conseillés s'étalent de
1,50 e pour un bordeaux rouge ou un coteau du languedoc à 2,40 e pour un bordeaux blanc
de marque. Elle met le côte de provence rosé à 1,60 e. La Maison Richard, en tête du
marché parisien, décline depuis peu son concept 'Autour d'un verre'. Corinne Richard
s'est attaquée au rapport plaisir/prix, prenant en compte la rentabilité pour le
restaurateur comme les goûts du consommateur. "Il faut des vins fruités, des
millésimes jeunes et accessibles, des vins ronds. Le vin servi au verre doit correspondre
aux attentes des consommateurs contemporains, dans le cadre d'une consommation régulière
et modérée. La sélection doit être ciblée et tirée vers le haut. Il ne faut pas
mélanger vin au verre et carafe. Il doit permettre à chacun d'accorder le vin avec le
plat choisi, il doit faciliter certaines découvertes ou encore pouvoir accompagner un
grignotage à tout moment de la journée", assure-t-elle
A tout moment, avec modération
Le vin au verre s'inscrit comme un réel moment de "plaisir", accessible
aussi bien l'après-midi qu'au cours du repas, et dans lequel l'aspect modération joue un
rôle essentiel. "Les gens apprécient le vin, ils veulent en boire. Simplement,
ils veulent boire autrement." Selon Corinne Richard, le cur de vente se
situe dans une fourchette entre 2 et 4 e le verre. Le concept mis en place porte ainsi sur
une gamme d'appellation, commercialisée en bouteille consignée d'un litre dont les
lignes, bordelaise ou bourguignonne, valorisent l'acte de vente. Entrent ici des notions
de préservation de l'environnement, "la bouteille consignée apporte une solution
au problème d'accumulation des déchets", estime-t-on chez Richard, et des
notions sécuritaires et de traçabilité. Un contenant d'un litre coûte moins cher que
les bag in box. Et pour aller au bout de la démarche, la Maison Richard a fait réaliser
un verre spécifique, alliant esthétisme et praticité. "Ce n'est pas un verre
pour dégustateur professionnel. Sa forme a été retenue pour sa capacité à ouvrir le
vin, à flatter immédiatement le palais, et pour sa capacité à se fondre quel que soit
le style de l'établissement." Dernier élément important du concept : la
possibilité de faire faire et de renouveler des cartes de vins sur chevalet à la
semaine, au mois, en fonction de la politique commerciale de l'établissement. Le coût de
fabrication est inclus dans le concept. 'Autour d'un verre' est parmi les concepts les
plus aboutis dans ce domaine.
Autre outil désormais à disposition : le sachet. Le groupement de grossistes
indépendants (CEB) et le Conseil interprofessionnel des vins d'Alsace ont mis en place en
décembre dernier un kit d'animation donnant au consommateur la possibilité de repartir
avec la bouteille achetée. "On propose des bouchons spéciaux et des étuis
adaptés, explique Marie Tribouillet, distributrice de boissons en Eure-et-Loir. L'opération
a été bien perçue par les restaurateurs et très bien accueillie par leurs clients.
Elle joue notamment sur le second acte d'achat. Sur la deuxième bouteille qu'ils
hésitaient à commander. L'idée lève les freins traditionnels, comme la crainte de
gâcher." 600 kits ont été distribués. "Devant l'intérêt suscité,
le dispositif sera sans doute étendu et renouvelé", ajoute Marie Tribouillet.
D'autres opérations ont été mises en test, notamment à Bordeaux. "Il s'agit
effectivement de lever les freins en jouant sur la convivialité. En mettant à la
disposition du restaurateur un kit complet (pompe vacu-vin, bouchons en liège, sacs,
chevalets de table annonçant l'opération), on laisse la possibilité au consommateur de
repartir avec sa bouteille pour la finir chez lui, entre amis. Ce concept a déjà été
appliqué dans près de 700 restaurants et nous souhaitons le poursuivre en 2004",
indique un responsable du Comité interprofessionnel des vins de Bordeaux. "Pour
que ça marche, termine Marie Tribouillet, il faut une vraie mise en avant du
dispositif dans l'établissement. Il faut le faire savoir au consommateur et valoriser le
geste à ses yeux." <zzz46s
Le vin, parlons-en !
C'est le slogan de la campagne lancée l'an dernier par l'Agence française
d'information sur le vin (Afi Vin), et destinée à "mieux faire connaître la
diversité de l'Europe viticole, le savoir-faire des hommes du vin et l'importance de
cette activité qui représente 6 % de la production agricole de l'Union européenne".
Plusieurs actions ont été mises en place : exposition itinérante, brochures, www.parlonsvin.com
"Cette campagne, qui s'est déroulée à l'échelon européen, avait pour
objectif de permettre au public de constater que le vin est un produit accessible qui
concilie les goûts les plus variés, quels que soient les générations, les sexes ou les
occasions de consommation. Le vin, c'est une culture, un plaisir et même un rôle positif
en matière de santé dans le cadre d'une consommation modérée", a commenté
l'Afi Vin.
Comment dynamiser
les ventes ? Les bordeaux et les bordeaux supérieurs tirent la sonnette d'alarme
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L'Hôtellerie Restauration n° 2858 Magazine 5 Février 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE