du 2 septembre 2004 |
Talent |
Après le Spoon Food & Wine
Alain Ducasse confie la cuisine du Plaza Athénée à Christophe Moret
En poste depuis le début de l'année, l'ancien chef du Spoon s'est lancé dans un nouveau challenge au sein du groupe Alain Ducasse. Avec la complicité de la brigade de salle.
Lydie Anastassion
Christophe Moret parle calmement. Grand, plutôt costaud, le nouveau chef du restaurant Alain Ducasse au Plaza Athénée a l'air d'avoir les deux pieds sur terre. Oui, son arrivée au gastro de l'avenue Montaigne est un challenge. Non, ce n'est pas une révolution. Disons une évolution. "C'est un 3 étoiles, donc pas question de tout changer d'un coup. D'ailleurs, il n'en a jamais été question." Pour succéder à Jean-François Piège, parti au Crillon, Alain Ducasse a choisi le chef de l'aventure Spoon Food & Wine. "Au Spoon, la cuisine est ouverte. J'y ai donc appris la tempérance, la patience et la réactivité face aux demandes des clients", poursuit Christophe Moret. "Travailler au Plaza me permet de renouer avec des produits tels que le foie gras, la truffe et le caviar", ajoute-t-il. 20 cuisiniers dont 2 apprentis, 4 pâtissiers et un boulanger forment sa brigade. Sébastien Aminot et Jocelin Herland le secondent, tandis que Christophe Devoile dirige la pâtisserie.
Cuisine
de spontanéité
Entre 'the Big Chief' et son bras droit, les
rôles sont clairement définis : "Alain Ducasse donne les idées et les
orientations, et moi, j'élabore des recettes. Ensuite, il valide. Nous n'allons pas faire
une cuisine super-technique mais privilégier la spontanéité et le goût." Sur
la carte : Araignée de mer décortiquée, caviar d'Iran et émulsion d'anguille fumée de
Touraine ; Bar de ligne étuvé, mousserons, petits pois et jambon jabugo ; Côtes et
selle d'agneau et légumes primeurs au sautoir
Et puis, il y a le plat à commander
un jour à l'avance. Du sur mesure, en quelque sorte. Volaille en demi-deuil, homard de
1,5 kg, la proposition varie tous les mois. "Qu'est-ce que le luxe absolu, sinon
le temps que l'on peut accorder à quelqu'un, en l'occurrence au client ?",
questionne le chef. Et d'ici quelque temps, le client repartira avec un fascicule
expliquant la recette personnalisée avec une photo. Le cuisinier poursuit : "Notre
démarche va dans ce sens, c'est une offre personnalisée." A la brigade de salle
de bien savoir la mettre en valeur. C'est d'ailleurs écrit sur la carte : "Notre
maître d'hôtel se fera un plaisir de vous renseigner."
Un
service millimétré
13 heures. Sous le lustre à enveloppe
métallique de la salle du restaurant Alain Ducasse au Plaza Athénée règne une calme
excitation. Les conversations s'animent autour des tables. Ce jour-là, tous les convives
sont arrivés en même temps. Discrètement, Denis Courtiade, le directeur de la salle,
place un cendrier sur l'une des tables. Un code. C'est pour signaler que la commande des
apéritifs a été prise. "Madame, je suis désolé, je suis obligé de prendre
votre commande", insiste gentiment un maître d'hôtel. Véritable chef
d'orchestre, il manage avec tact les 6 clients attablés ce jour-là tout près de la
cheminée. Et la retardataire, qui a habilement laissé ses amis se décider avant elle,
se laisse guider dans ses choix. Collection printemps, menu Plaisirs de la table, la carte
et tous les plats sont expliqués.
Découpage
en salle
"Nous avons remis deux découpages
en salle. Il faut qu'il s'y passe quelque chose. C'est le prolongement du travail de la
cuisine", commente Christophe Moret. Et dans cette salle, ce sont les chariots
qui ont la vedette. De fromages bien sûr, mais aussi de tisanes et de mignardises. Sauge,
mélisse et verveine fraîches trônent sur le second. Un coup de ciseaux et les tiges
passées à l'eau froide sont ensuite mises à infuser. Au centre du plateau, les
cylindres contiennent les thés. "Nougats, guimauve, qu'est-ce qui vous ferait
plaisir ?", s'enquiert le serveur, un sachet blanc à la main. Régression
bienvenue dans l'enfance. C'est sans connaître la touche finale : une boule de pain qui,
remise au moment du vestiaire, prolonge encore la fête. < zzz18p zzz22v
Au bonheur de Petra
Le moins que l'on puisse dire, c'est que la Tchèque Petra Karausova, 25
ans, a trouvé son bonheur au Plaza Athénée. Bonheur professionnel d'abord :
engagée comme hôtesse d'accueil (en remplacement de Pénélope) en CDI en février 2002,
elle évolue peu à peu vers un poste d'attachée de direction. Privé ensuite : le 3
juillet, elle a épousé un sommelier du restaurant gastronomique. "Son arrivée
correspond au désir du restaurant de mieux répondre aux attentes de la nouvelle
clientèle d'Europe de l'Est. Nous accueillons des gens dont nous ne connaissons pas les
façons de faire et avec lesquels nous ne savons pas communiquer, explique Denis
Courtiade, le directeur de la salle. Petra m'a convaincu de son dynamisme." |
En
dates
1998-2003
Chef du Spoon Food & Wine à Paris
Août 1997
Second de cuisine au restaurant Alain Ducasse, avenue Raymond Poincaré
1993-1997
Quitte le groupe Alain Ducasse
1990
Louis XV à Monaco
1988
Tour de France
1984
Commis de cuisine à l'Hôtel de la Poste à Corps-la-Salette (38)
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L'Hôtellerie Restauration n° 2888 Magazine 2 septembre 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE