La Mère Lapipe, au Café du coin, c’est l’histoire de Jeannine Brunet, la patronne de bistrot d’un quartier populaire du Mans (Sarthe) ouvert en 1985, racontée par le journaliste Pierrick Bourgault et illustrée par le dessinateur de presse Gab. Dans ce “rade improbable”, recouvert du sol au plafond de portraits de Johnny Hallyday et d’une collection de briquets, qui ouvrait à 16 h 30 et ne servait pas de café, se croisaient retraités, chauffeurs routiers, soignants et patients, cuisiniers et bistrotiers, étudiants et ouvriers… qui apprenaient à se découvrir et à se comprendre malgré leurs différences.
La Mère Lapipe – femme fluette à la vue défaillante - les accueillait avec son vocabulaire haut en couleur et ses propres règles (l’interdiction de fumer, très peu pour elle, car “la fumée, ça conserve les jambons et l’alcool”), écoutait les confidences et consolait les cœurs brisés, mais savait aussi mettre dehors les clients éméchés ou malveillants. À ses côtés, son chien Gamin, rescapé de la SPA, dirigeait les clients vers les toilettes. Et parce que tout était possible dans ce café, elle s’adressait à lui en aboyant : “Quand un chien aboie, faut pas lui dire de se taire, faut aboyer comme lui”, expliquait-elle.
Au fil des pages, Pierrick Bourgault raconte des anecdotes toutes véridiques, illustrées par Gab, pour rendre vie à ce bar populaire, “le plus beau de tous les bistrots, le plus étonnant, le plus attachant”, transformé en logement après le décès de la Mère Lapipe. Le témoignage d’une époque et un hommage sincère à cette femme hors normes et à ces lieux de convivialité, dont beaucoup sont malheureusement menacés de disparition.
La Mère Lapipe au Café du coin, de Pierrick Bourgault et Gab
Editions Ouest France, Collection Écrits, 120 pages, 17,90 €