Tout n’est pas encore parfait, mais la formation de l’équipe du Café Joyeux de Tours avance à grands pas depuis son ouverture, en juin dernier, sur une des avenues principales de la ville. L’enseigne, qui se retrouve également à Paris, Bordeaux, Rennes et Lyon, attire de plus en plus d’adeptes de cafés et thés de qualité. Ces cafés-restaurants pas comme les autres emploient et forment des personnes avec handicap mental ou cognitif.
À Tours, ils sont 7 équipiers pour un cuisinier, un manager et une superviseuse de salle, âgés de 20 à 37 ans (il manque encore un assistant manager). Parmi les équipiers, Philippine Bergougnoux, 32 ans, a débuté dès l’ouverture du Café Joyeux, après une première expérience comme vendeuse en boulangerie dans un hypermarché : “Je suis là pour aider et je m’occupe du service, de la caisse aujourd’hui et des chocolats chauds, j’aime beaucoup ça”. “Elle progresse beaucoup, au début elle ne gérait pas tant que ça”, souligne son manager, Sebastian Torres. Les 7 équipiers, qui ont des horaires variables selon leurs contrats et capacités – Philippine Bergougnoux a été embauchée en CDI apprentissage à 35 heures -, suivent tous les jeudis matins une formation avec une éducatrice spécialisée qui se déplace au Café. Au bout de deux ans d’apprentissage, les équipiers peuvent obtenir le titre d’agent de restauration, reconnu par l’État.
“L'objectif est qu'ils deviennent autonomes”
La formation pratique se déroule sur place, au quotidien, d’où le rôle essentiel des encadrants des Cafés Joyeux, moins nombreux que les équipiers car, en règle générale, ils représentent 70 % du personnel. “Les encadrants sont tous des personnes sensibles, ce qui est important pour travailler aux côtés des personnes atteintes d’autisme ou de trisomie, pour comprendre leurs réactions et émotions.” Sebastian Torres veille sur son équipe, en faisant évoluer les fonctions selon les compétences ou la fatigue de ses équipiers, le Café étant ouvert de 9 heures à 19 heures du mardi au samedi. “L’objectif au bout de ces deux ans est qu’ils prennent la main et maîtrisent tous les postes, qu’ils deviennent autonomes. Tous n’arrivent pas à gérer la caisse pour le moment à cause de leur état ou de la maturité.” S’il est trop tôt à Tours pour les initier à la cuisine, les besoins essentiels tournent autour du service. “Dans les Cafés Joyeux, tout est développé de telle façon que les tâches soient accessibles. Le service dans la restauration le permet.”
Du côté du manager, en charge de toute la partie opérationnelle, “c’est un ajout de stress car ils ne sont pas tous autonomes, du temps parce qu’il faut gérer leur hypersensibilité et s’adapter, mais c’est aussi tellement merveilleux de voir comment ils apprennent et ce qu’ils nous rendent.” Le manager doit également composer avec les familles, il est d'ailleurs en lien étroit avec certaines. Philippine Bergougnoux doit d’ailleurs quitter le Café un peu plus tard ce jour-là, alors Sebastian Torres n’oublie pas d’échanger par SMS avec sa mère pour la prévenir de l’heure de débauche.
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Publié par Aurélie DUNOUAU